La Cour de justice européenne encourage la France à revoir sa réglementation concernant le don du sang des hommes gays, ces derniers l’accusent d’homophobe. Cette question avait déjà été relevée fin mars dernier mais n’avait aboutit à aucune solution.
« La législation française est susceptible de comporter à l’égard des personnes homosexuelles masculines une discrimination fondée sur l’orientation sexuelle » a estimé la Cour de justice européenne ce mardi 29 avril. En supposant que « l’exclusion prévue par la réglementation française contribue à réduire au minimum le risque de transmission d’une maladie infectieuse », le « principe de proportionnalité » avec cet objectif pourrait toutefois « ne pas être respecté », a-t-elle ajouté. Lorsque le Comité Consultatif national d’éthique (CCNE) et le ministère de la santé se sont rassemblés fin mars, ils ont conclu que l’exclusion de la communauté homosexuelle au don du sang devait être maintenue. Comme raisons : les risques de VIH sont plus importants chez les hommes homosexuels et les virus ne sont pas détectables dans le sang durant les dix premiers jours. Le verdict n’est pas encore rendu mais un assouplissement de la réglementation en vigueur devrait voir le jour. Un expert du droit de l’Union a expliqué « La Cour estime que même si la situation épidémiologique pourrait justifier l’exclusion totale de la population homosexuelle masculine, il faut vérifier qu’il n’existe pas d’autres moyens, moins contraignants, qui permettraient à certains homosexuels et bisexuels de donner leur sang. »
La Cour de justice propose deux alternatives qui permettraient à certains hommes homosexuels de donner leur sang. La mise en place de quarantaine sur les dons et revoir le questionnaire à remplir avant de donner son sang. « Les questionnaires remis aux donneurs peuvent donner le sentiment d’une discrimination sur la base de la seule orientation sexuelle, ce qui n’est pas acceptable : ce qu’il faut regarder, ce sont les comportements sexuels, a-t-elle affirmé. Le questionnaire va évoluer. » a signalé Marisol Touraine, ministre de la santé. Une évolution qu’attend la communauté homosexuelle depuis 1983. Avant son passage à la présidentielle, la gauche avait promis d’enlever cette interdiction. Promesse qui n’a pas été tenue. La caricature d’Aurel, ci-dessus, parue dans Le Monde, illustre parfaitement ce que l’Europe reproche à la France : garder ses œillères.
Pour les associations homosexuelles c’est de la discrimination. L’annonce du Comité d’éthique était « une occasion manquée, un gâchis. On interdit à une partie de la population le don du sang alors qu’il y a de vrais besoins. » Sylvain est homosexuel, à 28 ans, il a quand même déjà donné son sang. Pour le faire illégalement c’est simple, il suffit de mentir lors du questionnaire de l’Etablissement Français du Sang (ESF). C’est un acte « dangereux » à en croire le ministère de la santé mais quand une maladie atteint un proche c’est humain et naturel de vouloir aider. C’est le cas de Jérôme. Le trentenaire a un ami atteint d’une leucémie. Mais la moitié du risque actuel de transmission du VIH par transfusion, estimée à 1 sur 2 900 000 dons, est due à des hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes qui ont donné leur sang malgré l’interdiction.
Des modélisations précises sont en cours de réalisation. C’est le choix fait en Grande-Bretagne, aux États-Unis, en Australie. Le Canada requiert une abstinence de 5 ans. Ne pas perdre de vue « il y a 3 000 nouvelles infections par an chez les homosexuels en France, rappelle Josiane Pillonel, épidémiologiste et démographe à l’Institut national de veille sanitaire (InVS). La prévalence, c’est-à-dire la proportion de personnes porteuses, est estimée entre 8 et 20 % dans cette population. »