Une loi de mai 2020, considérée comme liberticide par les pro-démocratie, a ravivé les tensions sur le territoire Hongkongais. Celles-ci sont dues au statut spécial de Hong Kong qui jonglent entre communisme et démocratie capitaliste. VL média revient pour vous sur l’origine de ce statut et les conséquences que cela entraîne.
Quel est le statut de Hong Kong ?
La situation de Hong Kong est très complexe. Ce territoire de 1 100 km2 situé au Nord-Est de la Chine dispose du statut de Région Administrative Spéciale, plus communément appelé territoire « semi-autonome ». Concrètement, cette « semi-autonomie » lui permet d’avoir sa propre Constitution, sa propre monnaie (indexé sur le dollar américain) mais également son propre système judiciaire. Cependant, Hong Kong dépend toujours de la Chine sur le plan diplomatique et de défense. Ce territoire est donc le lieu d’affrontements idéologiques et politiques entre Chine communiste et Hong Kong capitaliste.
Pourquoi Hong Kong possède ce statut ?
Occupé par les Anglais au XIXe siècle, car point stratégique d’accès vers la grande Chine (via la mer), Hong Kong va longtemps être une raison de conflits entre britanniques et chinois. Dans les années 1980, les territoires frontaliers à Hong Kong, arrivent à l’expiration d’un bail de 99 ans et doivent donc être rendus à la Chine. La puissance asiatique va en profiter pour ouvrir des négociations quant au retour de Hong Kong dans le pays. Le Royaume Uni, alors dirigé par Margaret Thatcher, accepte de se retirer de la colonie seulement si la Chine s’engage à respecter, durant une durée déterminée, le système économique capitaliste Hongkongais qui devra durer jusqu’en 2047. Le 1erjuillet 1997, l’accord est donc signé et la colonie est rétrocédé à la Chine communiste. On parlera dès lors, du principe d’ «un pays, deux systèmes ».
Comme évoqué plus tôt, Hong Kong prévoit, en théorie, dans sa Constitution une élection au suffrage universel. Dans les faits, ce n’est pas le cas, puisque la dirigeante Carrie Lam a été désignée par un comité de grands électeurs, pour la plupart acquis à la cause chinoise. Ce non-respect de la loi fondamentale est une des premières causes de mécontentement du peuple Hongkongais. Depuis maintenant plusieurs années de nombreux manifestants se retrouvent dans la rue pour protester contre le gouvernement chinois, qu’ils accusent d’enfreindre les règles initialement prévues jusqu’en 2047. On peut mettre en avant 4 grands moments de la lutte capitaliste contre la Chine continentale communiste.
1er juillet 2003 : première crise politique depuis la rétrocession.
La première date importante fut le 1er juillet 2003, en effet à la suite du SRAS (pandémie), le territoire connaît une passe très délicate pour son économie et Pékin décide de voter une loi sur la trahison, la sédition, la subversion et le vol de secrets d’État que permettait alors l’article 23 de la loi fondamentale Hongkongaise.
Plus de 500 000 personnes vont alors se réunir pour protester contre cette loi mais ils exigent également la démission de Tung Chee-hwa, chef de l’exécutif hongkongais, et l’élection du prochain chef de l’exécutif et de tous les députés du Parlement local au suffrage universel direct. Depuis la rétrocession, 6 ans auparavant, Hong Kong a donc déjà perdu une partie de son autonomie, et l’exécutif hongkongais doit suivre à la lettre les consignes du gouvernement chinois.
2014 : le mouvement des parapluies.
En 2014, le territoire va connaître le plus important mouvement contestataire depuis la rétrocession.
De septembre à décembre de cette même année, les étudiants s’opposent au dernier projet pékinois. Celui-ci donne le pouvoir à Pékin de choisir les candidats à l’élection du chef de l’exécutif en 2017.
Après un mois de manifestations, le mouvement Occupy Central décide de bloquer le quartier d’affaires de Hong Kong et de grandes manifestations telle que celle du 1eroctobre, très symbolique puisque jour anniversaire de la proclamation de la République populaire de Chine. Cette manifestation n’entrainera aucune réponse de la part du gouvernement chinois. Bien au contraire, celui-ci va même prendre de plus en plus de pouvoir sur le territoire.
9 juin 2019 : la plus forte mobilisation.
Le 9 juin 2019, plus d’un million de personnes défilent dans les rues afin de contester un projet de loi autorisant des extraditions vers la Chine.
Suite à cette manifestation, la loi va être suspendue mais malgré cela, une semaine plus tard, plus du double de manifestants se retrouvent dans les rues soit près de 30 % de la population hongkongaise. La violence sera également de plus en plus importante et les forces de l’ordre chinois n’hésiteront plus à tirer à balles réelles.
Le gouvernement finira par retirer cette loi mais les protestations vont tout de même continuer. Le Parlement, l’aéroport et d’autres lieux vont être occupés et les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre vont se multiplier. Suite à ces évènements, les pro-démocrates vont tripler le nombre de leurs sièges lors des élections locales.
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22 mai 2020 : l’arrêt de mort de Hong Kong.
Le 22 mai 2020, le mouvement contestataire va se réveiller à l’occasion d’un projet de loi déposé à l’Assemblée nationale populaire à Pékin. Celui-ci prévoit la possibilité, pour les renseignements chinois, d’établir des antennes à Hong Kong et ainsi de ne plus passer par le parlement hongkongais. Le régime communiste signe ici l’arrêt de mort du territoire semi-autonome. À noter que le gouvernement chinois profite encore une fois d’une pandémie pour intervenir sur la politique de Hong Kong.
« C’est la fin de Hong Kong, la fin du principe ‘Un pays, deux systèmes’, ne vous y trompez pas »
Il n’en faut pas plus aux pro-démocrates pour regagner les rues, armés parfois d’arcs, d’épées et de catapultes. Le député pro-démocrate Dennis Kwok déclara que cette loi était « La fin de Hong Kong, la fin du principe ‘Un pays, deux systèmes’ « .
Plus les années passent, plus Hong Kong perd en autonomie et en liberté. De plus, Hong Kong, jusqu’ici territoire économique influent fait face à des difficultés financières. Pour preuve, le 22 mai 2020 la Bourse locale a chuté de 5,2 %. Cela risque de continuer, notamment avec la possible révision du statut économique spécial qu’accordent les États-Unis à Hong Kong, si Pékin va au bout de cette loi. Elle pourrait subir la guerre commerciale entre les deux puissances et pourrait voir son eldorado démocratique et capitaliste s’effondrer.