Alors que la guerre en Ukraine s’éternise, le Président Biden s’est montré inquiet hier soir lors d’une allocution : « Nous n’avons pas été confrontés à la perspective d’une apocalypse depuis Kennedy et la crise des missiles cubains. Il existe, pour la première fois depuis la crise des missiles cubains, une menace directe d’utilisation d’armes nucléaires« , faisant ainsi référence à la crise que le monde a connu en 1962. Cette année-là, Cuba a été plongé au cœur de la Guerre Froide avec la crise des missiles et la menace nucléaire.
Avant 1962
Après la Seconde Guerre Mondiale, deux pays sortent du lot et sont considérés comme des « superpuissances» : les États-Unis et l’URSS. Si soviétiques et américains étaient alliés pendant le plus grand conflit que l’humanité ait connu, les choses vont drastiquement changer.
Après avoir libéré de nombreux pays, l’URSS place des gouvernements communistes à leur tête. Les États-Unis craignent cette démarche et vont donc répliquer avec la « Doctrine Truman » qui a pour but de freiner l’expansion communiste en Europe en proposant des aides militaires et financières. Cette dernière va être prolongée par le Plan Marshall, une aide économique pour reconstruire les pays européens dévastés par la guerre. L’image est forte et symbolique : le capitalisme et les États-Unis sont là pour vous aider.
Si le pays de l’oncle Sam a sa doctrine, l’URSS aussi, car quelques mois plus tard émerge la Doctrine Jdanov. Ce secrétaire du parti communiste déclare en septembre 1947 que le monde est divisé en deux camps. D’un côté ce qu’il appelle le « camp impérialiste », mené par les États-Unis et de nombreux autres pays (France, Royaume Uni etc), et de l’autre le « camp anti-impérialiste » composé de l’URSS et de ses alliés.
Le monde se divise alors, avec d’un côté le Bloc Ouest, incarné par les États-Unis, opposé au Bloc Est, mené par l’URSS. Si ces deux puissances ne s’affronteront jamais directement, de nombreux conflits périphériques vont avoir lieux comme avec le blocus de Berlin, la guerre de Corée ou la construction du mur de Berlin
Mais alors que vient faire Cuba dans cette histoire ?
Colonisé pendant plusieurs siècles par l’Espagne, puis sous influence des États-Unis, Cuba vit une révolution en 1959 menée par Fidèle Castro qui renverse la dictature de Battista, soutenu par les États-Unis. Les relations entre les deux pays se dégradent peu à peu suite à des décisions de Castro à l’encontre des États-Unis, jusqu’à se rompre totalement.
Voyant cette situation d’un mauvais œil, John Fitzgerald Kennedy alors président des États-Unis lance en 1961 une opération pour renverser le gouvernement, c’est ce qu’on appelle le débarquement de la baie des cochons. A leur arrivée, les soldats sont accueillis par les forces cubaines et l’opération est un échec cuisant, faisant grandir les tensions entre les deux pays.
C’est alors que l’URSS intervient. Nikita Khrouchtchev, alors dirigeant de l’URSS, promet à l’île des Caraïbes une protection. Cuba se tourne donc vers le côté soviétique, ce qui inquiète fortement les États-Unis, car l’île ne se trouve qu’à 150 kilomètres des côtes de la Floride.
Octobre 1962 : la crise des missiles
Le 14 octobre 1962, un avion d’espionnage américain découvre des rampes de lancement de missiles sur l’île. De grandes villes américaines sont alors menacées d’une destruction. Les États-Unis tremblent. Ils décident alors de mettre en place un embargo maritime. C’est une réelle armada qui se dirige vers l’île afin d’empêcher tout navire soviétique d’y importer des missiles. Durant plusieurs jours, l’URSS ne recule pas. Le monde est alors dans une attente insoutenable, craignant le pire : le passage à l’action et le début peut être, d’une troisième guerre mondiale, qui cette fois ci, se ferait sous la menace nucléaire. Les dirigeants négocient secrètement et le 28 octobre le verdict tombe : l’URSS promet de retirer les rampes de lancement de missiles et de partir de l’île. Le monde peut enfin respirer.
Si les États-Unis semblent sortir grands vainqueurs de cette crise en ayant écarté la menace soviétique, ils ont tout de même promis de ne pas envahir l’île de Cuba, grande victoire pour le gouvernement communiste de Fidel Castro. De plus, une autre condition, elle secrète, a été signée par les États-Unis : les rampes de lancement de missiles américains présents en Turquie doivent être démantelées.
Conséquences
Le monde vient d’échapper à une potentielle troisième guerre mondiale, qui aurait plongé la planète sous le feu nucléaire. Après cela, afin d’éviter toute nouvelle tension d’une telle ampleur, un téléphone rouge a été installé entre la Maison-Blanche et le Kremlin en 1963. Ce qui n’empêchera pas la Guerre Froide de continuer, puisque celle ci prendra fin en 1991 avec la chute de l’URSS.