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Tim Dup : « Notre génération se fout des cases »

INTERVIEW. A 22 ans, Tim Dup sort son premier album Mélancolie heureuse. Une ode à notre génération aussi paradoxale que déterminée à donner du sens à sa vie. Ce pianiste de base plus tard devenu auteur-compositeur-interprète nous livre des textes sincères et mélancoliques. A croire que ses trajets dans le TER Centre qu’il chantait dans son premier EP, lui ont donné beaucoup d’inspiration !  

Sortir un album à seulement 22 ans ça doit être très excitant !

J’ai de la chance que ça arrive maintenant, j’ai moins de choses à gérer. A mon page, c’est plus facile de donner du temps et de l’énergie. Si ça t’arrive à la trentaine et que tu as une vie de famille, des enfants… c’est plus compliqué de s’investir. Après rien n’est jamais acquis, c’est le principe d’une perspective artistique. En tout cas, ce qui est chouette, c’est que ça veut dire que, même si je suis jeune, il y a quelque chose dans ce que je raconte qui touche les gens.

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Difficile de définir ton style qui s’affranchit des genres musicaux. Quelles sont tes références ?

J’ai écouté et joué énormément de choses. J’ai commencé par la pratique du piano classique en cours particulier. Ma prof était super cool et a vite compris que j’étais hyper flemmard mais que j’avais un vrai feeling avec la musique. Du coup, elle prenait le temps de me faire travailler des morceaux contemporains entre quelques morceaux classiques. Avec elle, j’ai compris que l’essentiel, c’était de se faire plaisir et non pas de voir l’apprentissage comme une contrainte comme on peut le ressentir au conservatoire. Ce n’est pas fun pour des enfants ! Ensuite, via mes parents, j’ai écouté beaucoup de pop anglo-saxonne type Beatles, Supertramp puis plus tard, de la chanson française. Et j’ai fini par me faire ma propre culture. Au collège, j’ai monté un boys band, c’était misérable ce qu’on faisait mais hyper drôle ! (rires) Après, j’ai été dans un groupe de reggae en tant que claviériste avec que des mecs de trente piges qui fumaient des pet’ aux répétitions. Je pense que ce sont les artistes pop comme Jason Mraz, Jack Johnson ou Yaël Naim qui m’ont le plus donné envie de chanter. Et puis, j’ai découvert l’électro par les Daft Punk et plus récemment le hip hop. C’est un genre qui m’a beaucoup influencé alors que bizarrement, c’est la référence la plus récente.

Le hip hop influence de plus en plus d’artistes.

Aujourd’hui, c’est LE style populaire. Je trouve que c’est un genre un peu symptomatique de notre génération, parce qu’il est hyper métissé. Nous, on s’en fout des cases, on écoute de tout.

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La mélancolie c’est un peu le fil rouge de ton album. C’est dans cet état que tu puises ton inspiration ?

Je compose plus facilement dans des états de mélancolie que d’excitation. Si j’ai une part de mélancolie en moi, extérieurement, je ne suis pas du tout mélancolique. J’aime faire la fête, m’amuser… D’ailleurs, mes copains me disent souvent « Tu mens aux gens. Tu fais genre t’es sage ! » (rires). Dans mon album, j’en parle aussi de ce paradoxe, de cette dualité. Je pense que ça aussi, c’est symptomatique de notre génération. J’ai l’impression qu’on doute beaucoup : on a des idéaux, des espoirs et en même temps on nous dit qu’il ne faut pas en avoir. Le marché du travail a beau être dur, notre génération ne conçoit pas de travailler dans quelque chose qui ne lui plait pas.

Dans ta chanson « Bon vivant », tu parles d’une jeunesse éternelle qui ne veut pas grandir. C’est ce que t’inspire notre génération ?

« Bon vivant », c’est un morceau hyper cynique. Dans les couplets, j’ai un point de vue assez dur sur ma jeunesse, une génération qui « se la fout » beaucoup, qui boit, qui fume, qui se drogue. Ca cache forcement des choses, il n’y a pas de raison de se faire mal comme ça. Moi, j’ai des potes qui vont à La Concrete le week-end et qui ont besoin de se droguer pour profiter. Je ne juge pas mais j’ai du mal à analyser cette manière de fonctionner. Après, je pense qu’on a grandi avec une idée de ce que c’est de faire la fête, notamment en écoutant de la techno et des musiques électroniques festives. On est aussi une génération iPod qui écoute plein de choses différentes.

Avec Internet, la concurrence est de plus en plus rude, beaucoup de projets sortent dans tous les sens. Est-ce que ce n’est pas plus difficile de se démarquer dans ce contexte ?

Quand tu signes des contrats avec des pros, il y a des attentes. On investit sur toi donc forcement, t’as envie que ça marche. Moi, j’ai envie que ma musique soit écoutée par le maximum de personnes mais je n’ai pas ce rêve de célébrité. En revanche, j’ai envie qu’il y ait des gens à mes concerts. Je veux du concret, faire des rencontres. Si pour être populaire, il faut contraindre sa création, moi ça ne m’intéresse pas.

 

 « Mélancolie heureuse », le premier album de Tim Dup à écouter ici :

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