Antoine Magalhaes est un rider pro de trottinette, un youtubeur et un influenceur plus connu sous le nom « Scoot 2 Street ». Il compte plus d’un million d’abonnés sur sa chaîne YouTube et plus de 400 000 abonnés sur Instagram. Sa devise : « Jamais rien lâcher, toujours persévérer« , nous allons donc découvrir comment en est-il arrivé ici.
Tu pratiques la trottinette depuis tes 11 ans, comment en es-tu venu à pratiquer cette discipline ? Et pourquoi la trottinette ?
C’était il y a très longtemps, j’ai commencé en 2010 ou 2011. J’avais un vélo, des rollers… je faisais un peu de tous les sports. Je n’avais pas de trottinette, je voyais les gens dans la rue avec des trottinettes et ça m’a vraiment donné envie d’en avoir une ! Un jour j’étais dans un skatepark et j’ai vu qu’on pouvait faire des figures avec les trottinettes. C’est vraiment à ce moment où je me suis dit qu’il m’en fallait une et j’en ai donc demandé une à ma grand-mère à Noël. J’ai commencé tout doucement, ensuite je me suis mis à faire des petites figures que j’apprenais moi-même car à l’époque il n’y avait pas énormément de figures et je connaissais personnes qui pratiquait cette discipline. Depuis ce jour j’ai toujours cette passion de la trottinette.
Tu apprenais seul les figures mais maintenant peut-on retrouver des clubs sportifs pour apprendre la trottinette freestyle ?
C’est en train de se démocratiser en ce moment, le sport évolue énormément chaque année mais on n’a pas encore de fédération officielle de trottinette. Il y a une école qui a été créée en Suisse par un pote à moi qui est Benjamin Friant mais pour l’instant il faut plus se rendre dans des skateparks et demander à des pros car ils sont souvent motivés pour expliquer comment faire les figures et donner des conseils.
En skatepark, il y a toujours une certaine rivalité entre ceux qui pratiquent le skate et ceux qui pratiquent la trottinette ?
Humm, il n’y a pas vraiment de rivalité ! (Rires). C’est vrai qu’il y a une petite rivalité mais elle commence à diminuer car on travaille dessus depuis des années. Ça fait à peu près une vingtaine d’années que nous sommes dans les skateparks et d’année en année c’est vrai que cette rivalité diminue. Je vois une différence entre aujourd’hui et il y a cinq ans, j’ai des potes qui font du skate et on rigole tous ensemble au skatepark. Après il y a toujours quelques personnes qui sont attachées à leurs pratiques et qui vont essayer de maintenir cette rivalité… mais la guerre est en train de partir doucement.
Dans certaines de tes vidéos Youtube on te voit en train d’essayer le BMX, le skate… ça vous arrive d’échanger vos sports au skatepark ?
Oui carrément, je le faisais au skatepark et je me suis dit que ça pouvait être sympa en vidéo de montrer que j’essaye d’autres sports, que je kiffe tous les sports. Je sais que pour mes potes c’est pareil, ça nous arrive à tous d’échanger de sport lorsqu’on est skatepark. Lorsque tu vas au skatepark pendant quatre ou cinq heures, ça arrive très souvent d’emprunter le BXM ou le skate d’un pote.
Après la trottinette, dans quel sport es-tu le plus à l’aise ?
Je dirai le BMX !
Tu as une chaîne Youtube de 1,2 millions d’abonnés, pourquoi t’es-tu lancé sur cette plateforme ?
Ce n’est pas du tout avec la trottinette que j’ai commencé YouTube. Mon rêve c’était d’être acteur ou de devenir militaire puis un jour j’ai vu des gens faire des vidéos chez eux pour les poster sur Internet et ça m’a fait marrer. Je me suis donc rappelé que je voulais être acteur, j’ai réalisé que je pouvais faire des vidéos depuis chez moi donc je me suis mis à créer une chaîne Youtube, ça me faisait plaisir et c’était un passe-temps. Dès que j’avais du temps le week-end ou après les cours je créais des vidéos. J’avais une autre passion qui était la trottinette, avec un pote on s’est dit que ça ne serait pas bête d’assembler les deux passions et mettre ma trottinette et mes vidéos ensemble. J’ai commencé par faire des tutos et ensuite les vlogs sont arrivés en France. J’adorais le style de vidéo « Vlog », je me suis donc mis à faire des vidéos où je montrais mes journées au skatepark et je suis passé de 10 000 vues maximums à 150 000 vues ! J’avais tout juste 5000 abonnés et après avoir posté les vlogs ce nombre a explosé. J’adorais faire ce format car je jouais un rôle d’acteur en parlant devant la caméra, les abonnés adoraient aussi, j’ai donc continué et tout ça m’a mené là où j’en suis aujourd’hui.
Être acteur fait toujours partie de tes projets ?
Oui pourquoi pas ! C’est un rêve que j’ai depuis tout petit donc il est encore dans ma tête.
Tu fais des vidéos principalement liées à la trottinette. On t’a également vu faire une vidéo où tu te rasais les cheveux pendant le confinement. Aimerais-tu faire plus de vidéos qui n’ont pas vraiment de rapport avec la trottinette ?
Justement, c’est un travail que je suis en train de faire sur ma chaîne YouTube en ce moment. Je suis en train de me diversifier un maximum mais ce n’est pas parce que je veux arrêter mon sport, loin de là car c’est la trottinette qui m’a amené là où j’en suis aujourd’hui donc jamais je n’arrêterai les vidéos en trottinette. J’aimerais pouvoir me diversifier et faire des choses qui me plaisent également énormément. Dans une de mes vidéos où je fais 100 km en trottinette, j’ai proposé de faire 24 heures de survie dans une forêt, les gens ont adoré et c’est ce style de vidéo que j’aimerais un peu plus faire sur ma chaîne. J’aime bien faire des gros challenges… faire des choses que tout le monde n’aimerait pas forcément faire, les gens ne se diraient pas « tiens demain je vais passer 24 heures à survivre dans une forêt ». Ça me plairait de poster ce genre de contenu divertissant qui change de la trottinette.
On t’a également vu aux côtés de HugoPOSAY et FastGoodCuisine. Comment s’est faite cette rencontre ?
Hugo et Charles ! (rires). Ce sont deux super-potes ! On s’est rencontré dans un événement YouTube, on échangeait ensemble par pur hasard et à un moment donné Hugo m’a dit « Antoine continue tes vidéos j’adore ce que tu fais… », à cette époque-là j’avais beaucoup moins d’abonnés et je suivais énormément Hugo et Charles qui étaient de très gros youtubeurs que je regardais sur Internet. Donc ça m’a fait plaisir de les rencontrer à cet événement et j’étais fière que Hugo vienne me dire qu’il adorait mes vidéos. On s’est donc échangé nos contacts avec Hugo et le soir il m’a appelé car il était chaud pour tourner une vidéo. Ça a commencé comme ça et après on faisait des soirées, on se voyait en dehors… on est devenu super pote. Maintenant on fait pas mal de vidéos ensemble et ça se passe super bien.
Quel est ton meilleur souvenir lié à YouTube ?
J’ai beaucoup de meilleurs souvenirs mais je vais quand même en choisir un, c’est un rêve que j’ai réalisé, c’est lorsque je suis partie faire un petit tour du monde. Je venais d’avoir 18 ans, je suis partie pendant six mois et j’ai visité la Chine, l’Argentine, l’Australie, le Canada, Hawaï, les États-Unis, l’Angleterre et l’Espagne. Je suis parti pour apprendre l’anglais, découvrir de nouveaux pays et également pour mon sport car il y avait d’énormes skateparks ! Je m’étais renseigné avant pour aller dans les grands skateparks, c’est également pour ça que je suis partie en Australie et aux États-Unis. Pour les pays comme la Chine ou l’Argentine c’était pour le kiff et j’avais quelques compétitions de prévu en Chine. Ces six mois ont sûrement été les meilleurs mois de ma vie.
En plus d’être Youtubeur, tu es compétiteur du FISE World Series et des Jeux Olympiques de la Jeunesse ?
Effectivement, après je ne suis pas dans les meilleurs en trottinette, j’ai mon niveau. J’ai été sponsorisé par des magasins, quelques marques et c’est vrai que j’ai fait quelques compétitions mais plus pour le plaisir. J’ai déjà eu quelques médailles, mais je n’ai jamais été dans les meilleurs, je n’ai jamais fait de très gros classement car ce n’était pas un objectif pour moi. Avant la trottinette je faisais beaucoup de sports, je faisais que des compétitions dans pratiquement tous les sports avant la trottinette et j’avais un très bon niveau dans chaque sport. Je faisais des compétitions de ping-pong, de natation, de taekwondo, tennis… mais je n’ai pas eu envie de faire des compétitions et d’être le meilleur en trottinette. Ça m’a surpris venant de moi, je suis très compétitif, j’ai horreur de perdre et je n’aime pas être moins bon que les autres. En skatepark je me donne à fond, quand je vois quelqu’un plaquer des nouveaux tricks je suis content pour lui mais j’ai aussi envie de le mettre, je ne lâche rien et je pense que c’est ça qui me permet d’avoir un bon niveau. Après ça m’arrive d’être appelé sur de grosses compétitions dont un très grand accomplissement lorsque j’ai été invité par les jeux olympiques en Argentine pour les jeux olympiques de la jeunesse. Bien évidemment la trottinette n’est pas aux jeux olympiques mais ça va sûrement venir ! C’est un objectif et on l’espère un jour. J’étais invité en Argentine dans le but de faire des démonstrations pour faire un petit peu évoluer le sport.
À quel moment est-on considéré comme professionnel dans le milieu de la trottinette ?
Pour moi, un professionnel c’est quelqu’un qui se donne à fond, qui est super motivé, qui ne lâche rien et qui va souvent au skatepark pour s’entraîner. Il n’y a pas de figures particulières à plaquer pour être professionnel mais il faut bien sûr avoir un bon niveau. Le plus important c’est de se faire plaisir, après on peut devenir professionnel si on veut aller très loin mais le principal c’est de se faire kiffer.
Te considères-tu comme un rider professionnel ?
J’étais professionnel car j’étais sponsorisé par le magasin « Nomadeshop » qui est le plus grand magasin de trottinette freestyle en France. J’étais considéré comme un pro, mais moi je ne suis jamais considéré comme un professionnel comme je le disais avant car les compétitions n’étaient pas mon truc. Pour moi, un professionnel c’est quelqu’un qui fait beaucoup de compétitions.
Comment gères-tu le stress pendant une compétition ?
C’est vrai qu’il y a du stress et justement c’est ça que j’avais kiffé dans les quelques compétitions auxquelles j’ai participé. Il y a beaucoup d’adrénaline, au FISE il y a des milliers, voire des centaines de milliers de personnes qui te regardent quand tu passes et franchement ça fait trop kiffer. J’ai du stress comme tout le monde mais je n’ai pas forcément de techniques ou de solutions.
As-tu déjà tenté des tricks que tu n’avais jamais rentrés grâce au stress ou à l’adrénaline ?
Pas forcément, après c’est vrai qu’avec l’adrénaline des compétitions je plaque plus facilement mes figures parce qu’il y a du monde qui me regarde. J’ai des potes où c’est le contraire, quand il y a de l’adrénaline ils n’arrivent pas à rentrer leurs figures. Pendant le FISE de Montpellier j’avais fait une vidéo où je relevais les défis des abonnés, un des défis était que je devais tomber pendant la compétition et c’était assez marrant.
As-tu un tricks préféré ?
Le Front-bri.
Dernièrement il y a un trick qui t’a impressionné ?
Je dirais Ryan Williams qui nous choque tous les jours avec des premières mondiales.
Il y a des personnes qui t’inspirent ?
Il y en a pas mal qui m’inspire ! Ryan Williams qui est devenu un pote d’ailleurs. On a ridé ensemble en Australie et à Paris. Il y a également Dakota qui m’inspire, il a été plusieurs fois champion du monde et ça reste une idole pour moi-même si maintenant je le connais. C’est grâce à lui que j’ai commencé la trottinette, je voyais ses figures sur Internet et c’est ça aussi qui continuait à me motiver. Il y a aussi le champion du monde actuel JonMarco Gaydos, j’adore son style, comment il roule… donc voilà mes trois plus grosses inspirations.
Tu préfères t’entraîner seul ou avec des potes ?
Avec des potes ! Avec plein de potes, sinon la motivation n’est pas là. Pendant mon tour du monde j’ai pu voir que mes potes étaient hyper importants pour me permettre de rester motivé. Quand tu rides seul la motivation est moins présente, je mets moins de tricks lorsque je suis seul. Après ça m’arrive d’avoir des moments où je tente des figures et il ne faut pas me déranger car je suis concentré. (rires)
Tu rides tous les jours ?
Lorsque la météo ne le permet pas je ne ride pas, mais j’essaie vraiment de rider tous les jours.
Quel est l’endroit où tu aimerais le plus rider ?
Je t’aurais répondu Woodward qui est le plus grand camp des trottinettes au monde, mais j’y suis déjà allé donc je t’avoue que je n’ai plus forcément de skatepark où je rêverais d’aller. J’aimerais essayer l’airbag qui est dans le jardin de Ryan Williams.
Quel est le plus gros objectif de ta carrière dans la trottinette ?
Continuer à prendre du niveau, à me faire plaisir. Ce que j’aime dans ce sport c’est qu’on peut sans arrêt inventer de nouvelles figures, même un champion du monde peut encore rentrer de nouvelles figures. Je ne me considère pas comme un pro et j’ai encore pleins de figures à apprendre. Je dois également continuer mes vidéos YouTube.
Tu as également ouvert ta propre boutique en ligne où tu vends des t-shirts, sweats, supports de trottinettes ou également des stickers. C’était un objectif pour toi d’ouvrir cette boutique en ligne ?
Pas du tout ! Je n’y avais pas pensé, ce n’était pas un objectif pour moi. Au début je ne savais pas qu’on pouvait gagner de l’argent avec internet et c’est six ans après avoir commencé les vidéos que j’ai remarqué qu’on pouvait être rémunéré grâce aux vidéos. Je n’avais pas besoin d’un site car j’arrivais à me faire plaisir avec mes vidéos. Un jour j’ai un abonné qui a créé un logo Scoot 2 Street que j’ai mis par la suite sur un sweat blanc pour le kiff. Je l’ai porté lors de ma vidéo au Havre et j’ai reçu énormément de commentaires, de messages privés sur les réseaux sociaux où les gens me demandaient de pouvoir acheter mon sweat. Ça m’a choqué, je n’étais pas prêt, j’avais fait ce sweat pour le kiff et je me suis donc dit que ça pouvait être sympa de proposer ça aux abonnés. Ça a commencé comme ça, j’ai fait un premier T-shirt, un deuxième, un sweat… en ce moment je travaille sur des plus grosses collections avec de nouveaux vêtements qui vont bientôt arriver. En ce moment je me concentre plus sur le site, ça soutient la chaîne, ça fait plaisir aux abonnés et je me fais plaisir sur cette aventure que j’adore. https://www.scoot2street.com
Tu aimerais ouvrir un magasin ?
Ce serait un accomplissement ! Pas tout de suite car je ne me sens pas prêt mais dans quelques années pourquoi pas.
Quels sont tes projets pour la suite ?
Il y a plein de trucs que je ne peux pas trop dire… mais continuer sur le site internet, continuer à me faire plaisir dans mon sport et dans mes vidéos.
Pour finir, que peut-on te souhaiter ?
Que du bien, que du bonheur ! Je dis 1000 mercis et tous ceux qui me suivent car c’est grâce à eux que j’en suis là ! Je les remercie énormément et je souhaite du bonheur à tout le monde !