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Irlande : accouchement difficile d’une loi autorisant en partie l’avortement

Les parlementaires irlandais ont adopté dans la nuit de jeudi à vendredi une loi autorisant l’avortement, dans l’unique cas où la vie de la mère est en danger « réel et substantiel », selon la chaîne de télévision RTE. Un grand pas vers les femmes pour ce pays profondément catholique…qui reste à relativiser.

Approuvé par 127 députés contre 31, le texte s’est tout de même heurté à une vive résistance dans un pays où le catholicisme fait loi. 35 000 personnes s’étaient rassemblées samedi à Dublin pour dénoncer ce qu’ils assimilent à des « meurtres ». Mais même s’il doit désormais être validé par la chambre haute du Parlement – ce qui s’annonce comme une simple formalité – ce texte devrait permettre de lever encore un peu plus le tabou qui entoure l’avortement en Irlande, seul pays de l’Union européenne à interdire cet acte.

L’IVG avait été interdite, quelles que soient les circonstances, par un amendement constitutionnel daté de 1983. Une disposition contestée neuf ans plus tard lors d’une affaire de viol, sur une jeune fille de 14 ans. L’interruption volontaire de grossesse devenant possible quand la vie de la mère était en danger. Mais d’un gouvernement à l’autre, cette notion de « danger » n’a jamais été clarifiée.

La controverse de Savita

C’est finalement un drame survenu en octobre dernier dans un hôpital de Galway qui a relancé le débat et permis de mieux définir les subtilités de la loi. Une jeune femme d’origine indienne, Savita Halappanavar, alors en train de faire une fausse couche, réclame l’interruption volontaire de grossesse (IVG). A partir de ce moment, la trentenaire, enceinte de dix-sept semaines, a dû attendre trois jours pour que le rythme cardiaque fœtal cesse et que sa demande soit acceptée. Malheureusement, trop tard pour la patiente qui est décédée d’une septicémie le weekend suivant. Son mari rapportera plus tard au Irish Times que « le médecin a dit que c’était la loi, qu’elle était dans un pays catholique ». Un fait divers qui a ému tout le pays et qui permet enfin à l’Eglise d’être rattrapée par la réalité. Il aura fallu attendre la mort d’une femme dont le bébé était pourtant voué à mourir pour revoir les termes de la loi sur l’avortement.

Et si la loi aura enfin une réponse pour les futures mamans en danger (cas de fausse couche, tendances suicidaires, etc), les victimes de viol ou d’inceste, les femmes porteuses d’un fœtus anormal, elles, n’auront pas le droit à l’avortement. Pour celles qui passent outre la légalité, la peine est de quatorze ans de prison.

La France en exemple

En France, l’avortement a été légalisé en 1975 sous l’ère Valéry Giscard d’Estaing/Jacques Chirac, par la proposition de Simone Weil, ministre de la Santé, et grâce à l’appui de la gauche, à l’époque en majorité au Parlement. Depuis la France fait office de bonne élève dans le respect du droit à l’avortement. En 1982, l’IVG peut être remboursée par la Sécurité sociale, en 1999 la pilule abortive dite du lendemain est en vente libre dans les pharmacies, puis en 2004, c’est l’IVG médicamenteuse (sans intervention chirurgicale) qui est autorisée. Plus récemment, le 1er avril 2013, une nouvelle loi est entrée en vigueur donnant un accès gratuit à la contraception aux jeunes Françaises âgées de 15 à 18 ans. Une mesure prise par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui vise à réduire le nombre d’IVG chez les mineurs, environ 12 000 par an. La prise en charge à 100 % de l’interruption médicale de grossesse entre également en vigueur. Elle était jusqu’à présent remboursée à 100 % pour les mineures mais seulement entre 70 % et 80 % pour les femmes adultes. Le droit des femmes au contrôle des naissances ne cesse donc de s’améliorer. A noter que chaque année, environ 225 000 Françaises mettent un terme à leur grossesse quand 800 000 autres donnent naissance à un enfant (plus d’infos ici).

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