Les populistes du Mouvement 5 Etoiles gagnent à Rome et à Turin. La gauche de Renzi n’arrive pas à s’imposer. Est-ce la fin du bipartisme traditionnel ?
Au lendemain du second tour des municipales italiennes, le parti du Président du Conseil Matteo Renzi doit faire face à une sévère défaite. Les scores du Parti Démocrate ont été partout très décevants et la gauche modérée a réussi à s’imposer seulement dans deux grandes villes.
Les militants du Mouvement 5 Etoiles peuvent, quant à eux, fêter leur succès : le mouvement « anti-système » a gagné les villes de Rome et Turin, avec des scores très satisfaisants.
A Rome et Turin, grand succès du Mouvement 5 Etoiles
L’indéniable succès du mouvement fondé par l’humoriste Beppe Grillo passe notamment par les villes de Turin et Rome.
Dans la capitale, les sondages indiquaient depuis plusieurs semaines l’avance de la jeune Virginia Raggi sur le candidat du centre-gauche. Cependant, l’ampleur de la victoire (67%) a étonné plusieurs représentants du Parti Démocrate, qui après le premier tour espéraient pouvoir rassembler une majorité des voix. La campagne de Virginia Raggi, première femme à être élue maire de Rome, était axée sur le respect de l’environnement et la transparence de l’administration, deux thèmes favoris du Mouvement 5 Etoiles.
Les représentants du Mouvement sont souvent critiqués à cause de leurs programmes, définis comme « flous » et « incohérents » les uns envers les autres, notamment pour ce qui concerne les thématiques de l’immigration et des relations avec l’Union Européenne. De plus, il est vrai que les candidats de ce mouvement relativement nouveau sur la scène politique n’ont pas d’expérience de gestion de grandes villes. L’exercice du pouvoir, notamment dans des situations particulièrement difficiles comme celle qui existe à Rome, n’est pas facile pour les mouvements de contestation. La percée du Mouvement 5 Etoiles pourrait donc ne pas être aussi durable que ses partisans l’espèrent.
La fin du bipartisme ?
Si le Mouvement 5 Etoiles peut se réjouir de son énorme succès électoral, les partis de droite ne peuvent pas faire de même. Le centre droit, très affaibli après la sortie de la vie politique de son leader historique Silvio Berlusconi, arrive difficilement à s’imposer sur la gauche ou sur les mouvements populistes. Dans la plupart des communes, les modérés étaient rassemblés derrière la Ligue du Nord, parti europhobe d’extrême droite, dont les propos sont sans doute trop extrêmes pour convaincre l’électorat de la droite traditionnelle. Ainsi, la coalition de droite a récolté des scores largement en dessous de ses possibilités dans beaucoup de communes.
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La droite n’a donc pas brillé, mais c’est la gauche qui doit essuyer une défaite totale. Le Parti Démocrate a conservé seulement Bologne, ville traditionnellement à gauche, et Milan, où le candidat de la coalition de centre-gauche a récolté 51,7% des voix. Des victoires de justesse, donc, et dans des villes historiquement plutôt favorables à la gauche.
Matteo Renzi a admis la « victoire nette et indéniable » du Mouvement 5 Etoiles, signe d’une « volonté de changement dans le peuple ». Le résultat décevant de ces élections municipales a mis en avant des problèmes politiques à l’intérieur du parti, qu’il sera nécessaire de résoudre avant les législatives.
Il est vrai que ces élections ne sont que locales, et que le résultat n’aura pas d’influence directe sur l’action du gouvernement. Cependant, Renzi en sort incontestablement affaibli et il pourrait avoir des difficultés à s’imposer devant le Parlement.
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Un horizon politique incertain
Pour le centre-gauche, le seul espoir de regagner rapidement la confiance de la population serait une démonstration d’incompétence du Mouvement 5 Etoiles : si les maires élus s’avéraient incapables d’assumer de vraies responsabilités, le Parti Démocrate pourrait plus facilement se maintenir au pouvoir.
Mais le résultat des élections municipales préoccupe également le Parti Démocrate dans la perspective du référendum qui aura lieu cet automne. En effet, une coalition anti-gauche très hétérogène commence à se dessiner, et elle pourrait représenter une menace pour le gouvernement lors du vote sur le référendum constitutionnel que proposera le Président du Conseil au mois d’octobre.
Crédit photo à la Une : lineadiretta24.it