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« J’ai 17 ans, je ne veux pas aller en prison »

Le tribunal correctionnel de Paris refuse la remise en liberté d’un jeune homme sourd et muet. Hicham G. est accusé de vol mais aucune preuve n’est avancée lors de l’audience. 

Tribunal correctionnel de Paris, 13h30. 

Lorsque les membres du Tribunal pénètrent dans la salle d’audience, cinq prévenus se tiennent debout dans le box des accusés. Tous comparaissent sous le régime de la comparution immédiate sauf un, Hicham G. Ce jeune marocain est venu demander une remise en liberté en attendant son procès prévu le 5 aout. Hicham G. avait déjà tenté d’obtenir cette faveur, en vain. Mardi 29 juin, lors d’une première audience rocambolesque, il n’était pas parvenu à s’expliquer et à motiver sa demande au juge. La raison ? Il est sourd et muet et ce jour-là le Tribunal n’a pas pu lui fournir l’aide d’un interprète en langue des signes. Son avocate commise d’office s’était alors indignée. « Ses droits ne sont pas respectés. (…), il n’a pas à être victime de sa situation de handicap. Il n’a jamais été incarcéré de sa vie ». Pourtant, ce soir-là Hicham est emmené en prison. On lui reproche un vol de téléphone dans un train Paris-Bruxelles en juin dernier.

« Sa dignité est mise en cause« 

Avocate d’Hicham G.

Nouvelle audience

Pour sa seconde demande de remise en liberté, le Tribunal a rectifié le tir et une interprète est présente pour l’assister. L’avocate d’Hicham G. ne décolère pourtant pas. « J’ai fait mon enquête. Les deux interprètes langue des signes assermentées par le Tribunal n’ont jamais été contactées. Pire elles étaient disponibles pour se rendre à la première audience. ». Après ce tacle, l’avocate plaide en la faveur d’une remise en liberté de son client. « Hicham a 17 ans. Il est incarcéré depuis trois semaines et c’est la première fois qu’il rencontre un interprète. Lorsque son premier mandat de dépôt à été prononcé, personne n’a été capable de lui dire. Sa dignité est mise en cause ». 

Où sont les preuves ? 

Outre les conditions de détention, l’avocate a rappelé les circonstances de l’arrestation qui ont conduit son client à se retrouver dans une pareille situation. « On accuse monsieur G de vol sans violence. Le téléphone n’a pourtant pas été retrouvé sur lui mais sur une tierce personne ». Pour la défense, la surdité d’Hicham G, le manque de preuves et l’absence de mention à son casier judiciaire suffit à lui accorder une remise en liberté. Pour clore son argumentation, l’avocate attire l’attention du Président sur l’état de santé psychologique de son client, « La première fois, quand il a compris qu’il allait en prison, il a mimé devant le Tribunal une pendaison »

« Monsieur, on ne change pas de nom comme on change de chemise ! »

Président du Tribunal

Hicham G. retourne en prison 

Le procureur et le Président ont questionné l’accusé sur son identité. Celui-ci n’aurait pas présenté de papiers justificatifs de son nom et de son prénom. Un doute s’installe lorsque le Président constate que le prévenu à donné diverses identités durant la procédure. « Monsieur, on ne change pas de nom comme on change de chemise ». L’accusé répond à cette invective par l’intermédiaire de son interprète « Je suis muet, je n’ai pas pu m’exprimer avant aujourd’hui. Je m’appelle Hicham G, j’ai 17 ans ». L’accusé est le dernier à prendre la parole. Hicham G se lève et clame son innocence «  J’ai 17 ans, je ne sais pas pourquoi je suis ici, je ne comprends pas, j’ai pas volé ». L’affaire est mise en délibéré. A son retour, le Tribunal rejette la demande de remise en liberté. Hicham G retourne en prison jusqu’à son prochain procès, le 5 aout. 

Photo couverture : Jean-Baptiste Gurliat / Mairie de Paris
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