Alors que le Venezuela est en pleine crise humanitaire depuis 2014, Juan Guaido, opposant au gouvernement de Maduro, s’est auto-proclamé président du Venezuela. Pourtant, le 20 mai dernier, Nicolas Maduro remportait les élections avec près de 68% des suffrages. Il entamait alors un second mandat de six ans. Les Etats-Unis, le Canada, le Pérou ou encore la Colombie ont immédiatement reconnu Juan Guaido comme président en exercice. Emmanuel Macron a déclaré soutenir les manifestants contre « l’élection illégitime » de Nicolas Maduro. La Russie, quant à elle, juge Nicolas Maduro comme seul président légitime et menace Washington de riposter contre toute intervention militaire de sa part.
Comment en est-on arrivés là ?
Pour comprendre la situation de crise que connaît le Venezuela, il faut remonter au prédécesseur de Nicolas Maduro, Hugo Chavez, au pouvoir entre 1999 et 2013. Celui-ci a instauré le chavisme qui s’inspire d’un grand nombre de courants politiques tels que le communisme, le marxisme et l’antilibéralisme. Le Venezuela est à ce moment-là le pays avec la réserve de pétrole la plus importante au monde et le pays le plus riche d’Amérique du Sud. Avec l’argent des ventes, Hugo Chavez investit largement dans des programmes sociaux. Mais en 2013, il décède et il est remplacé par son conseiller, Nicolas Maduro.
L’économie du Venezuela repose très majoritairement sur le pétrole. La rente pétrolière représente 90% de ses exportations et 50% du budget de l’Etat. Ainsi, lorsque le cours du pétrole baisse drastiquement en 2013, le gouvernement subit la crise économique de plein fouet. Le gouvernement supprime certaines aides sociales et, en conséquence, Nicolas Maduro perd en grande partie le soutien des classes populaires.
Ainsi, l’inflation est à son plus haut niveau : Le Fonds monétaire international (FMI) l’estime à 2300%. Un chiffre qui signifie que les prix augmentent largement et que le pouvoir d’achat baisse tandis que les salaires n’augmentent pas. Le prix de la nourriture, essentiellement importée, explose.
Une autre conséquence désastreuse de cette crise réside dans la contraception : Alors que le pays prohibe l’IVG, une boîte de préservatifs coûte désormais 660 euros. En 2013, l’ONU avait classé le Venezuela le troisième pays d’Amérique Latine le plus touché par le virus du SIDA.
Le Venezuela est donc face à une crise sociale et sanitaire depuis 2014.
Juan Guaido et Nicolas Maduro comptent leurs soutiens internationaux : https://t.co/tphjKg3mVv
— WikiScene Infos (@WikiScene_Infos) 25 janvier 2019
Des élections largement contestées sur la scène internationale
Le résultat des élections présidentielles de 2018 a été largement contesté par l’opposition politique. En effet, les citoyens qui possèdent un « carnet de la patrie » et qui votent pour le « bon » président reçoivent de la nourriture en échange. Il devient alors impossible d’envisager que le processus ait pu être démocratique dans un pays qui connaît une crise alimentaire.
De plus, certains opposants politiques se sont vu refusés le droit de participer au scrutin. Ils ont alors appelé au boycott des élections. A peine 48% des électeurs se sont déplacés pour voter. Dans l’histoire du Venezuela, c’est la première fois qu’un président est élu avec si peu de votes. Nicolas Maduro est alors de plus en plus vu comme un dictateur.
Ainsi, lorsqu’un illustre inconnu se proclame président, la situation n’a rien de surprenante. Il fallait s’attendre, après le boycott des élections, à ce qu’une figure politique tente de prendre le pouvoir en lieu et place de Nicolas Maduro. C’est ce qu’a fait Juan Guaido, 35 ans, devenu le plus jeune président du Parlement le 5 janvier. Si son arrivée au pouvoir a immédiatement été saluée par de nombreux pays comme les Etats-Unis, la Bolivie, le Canada ou encore le Pérou, il faut craindre l’intervention de la Russie qui ne voit pas d’un bon œil le renversement du président Maduro. Celle-ci a d’ailleurs mis immédiatement en garde Washington contre toute intervention militaire. La Chine n’a pas non plus reconnu Juan Guaido en tant que nouveau président. Il existe donc un risque d’internationalisation de la situation de crise au Venezuela, une affaire à suivre de près.