Libéralisation du marché du travail, licenciements plus faciles, meilleure flexibilité dans l’organisation interne de l’entreprise… les points en commun entre « Jobs Act » et loi El Khomri sont nombreux. Les deux mesures suivent la philosophie de la « flexisécurité » : rendre plus flexible le marché du travail pour qu’il soit plus facile d’accès et moins précaire.
Un an après son entrée en vigueur, le « Jobs Act » commence à avoir des effets remarquables sur le marché du travail italien. Mais s’agit-il d’un modèle valable également en France ou d’une expérience qui doit rester au delà des Alpes ?
Une « loi travail » durement critiquée
Avec un taux de chômage qui atteignait 35% chez les moins de 25 ans, l’Italie voyait son marché du travail se dégrader rapidement. La situation critique de l’emploi avait encouragé Renzi à élaborer le « Jobs Act », entré en vigueur en mars 2015 après plusieurs mois de débats.
En effet, avant son approbation, la réforme avait fait l’objet de dures oppositions d’une partie de la population, notamment de l’électorat de gauche qui considérait le « Jobs Act » comme une réforme favorisant la précarisation des emplois. Des millions de citoyens, mobilisés par les syndicats et les associations étudiantes, avaient manifesté contre le projet de loi.
Renzi avait dû faire face également à des oppositions internes à son gouvernement. Malgré les violentes critiques de l’aile plus radicale de son parti, le Président du Conseil avait décidé d’imposer la réforme, considérée comme une mission fondamentale de son mandat.
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Le « Jobs Act » : un bilan nuancé
A l’examen de chiffres, le bilan du « Jobs Act » est plutôt favorable. Renzi a récemment déclaré que 354 mille emplois ont été créés depuis l’installation de son gouvernement en février 2014. Le taux de chômage, qui dépassait 12%, est descendu à 11,3%. Les entreprises, rassurées par un plus faible encadrement des licenciements, ont inversé la tendance et recommencent à embaucher.
Le Président du Conseil a également déclaré : « le taux de chômage continue à baisser, c’est la démonstration que le ‘Jobs Act’ fonctionne ».
Cependant, les jeunes, qui auraient dû être les plus favorisés par la loi travail, n’ont pas vraiment bénéficié de la réforme de Renzi. En effet, si le chômage baisse globalement, il continue d’augmenter pour les 18-24 ans. De plus, le « Jobs Act » a créé principalement des CDD : selon l’Institut National de Statistique, seulement 50 mille CDI ont été créés dans le premier trimestre 2016. Un chiffre certainement loin des prévisions optimistes de Renzi.
Pas de recette miracle, donc. Mais, dans une situation extrêmement critique, le « Jobs Act » a engendré plusieurs changements positifs sur le marché du travail italien. Les signes sont encourageants pour l’Italie, mais les effets seront-ils les mêmes en France ?
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Crédit photo à la Une : eunews.it