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Le Journal de Célestine, une âme à nue sur les planches

Je n’avais pas vu de pièce de théâtre depuis un bon bout de temps. Il m’a fallu passer la porte d’un théâtre qui ne dit pas son nom, qu’une dame ouvre sur la rue de la Procession une vingtaine de minutes avant la représentation. J’aurais pu passer devant sans le voir. Je m’acquittais des 5 euros du tarif étudiant, et m’asseyais dans cette petite salle et ses bancs de velours, face à la petite scène qui, rideau ouvert, laisse à voir dans la pénombre le décor de Célestine.

Une adaptation réussie

Un crucifix, deux lits de camp, un bidet, une table, un journal, une plume, un encrier. Mille petits détails se trouvent aussi là, mais ces éléments principaux suffisent à ce que Célestine soit déjà présente.

Pendant un peu moins d’une heure et demie, la troupe Les Filles de Gaïa revisite Le Journal d’une Femme de Chambre d’Octave Mirbeau. Célestine et sa vie de domestique d’un XIXe sale et finissant, soumise à des maîtres hauts en couleurs mais néanmoins méprisables, clamant ses petites joies, ses misères, la nostalgie de sa natale Bretagne, les angoisses et les peurs d’une femme lâchée dans le bain de la vie, Célestine et la tragédie d’une femme toujours entourée et pourtant si seule.

Trois interprètes de qualité

Patricia Piazza-Georget offre une interprétation remarquable de son personnage. La pièce est en réalité un quasi-monologue, porté par cette comédienne qui se donne en scène d’une façon tout à fait saisissante. Elle incarne Célestine jusque dans ses recoins les plus sombres, et la fait singer tous les personnages qu’elle rencontre : maîtres et maîtresses, curé et bonne sœur, amis et amants…

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Patricia Piazza-Georget est une Célestine émouvante et complètement investie dans son rôle.

A ses côtés, sa fille Charlotte Piazza-Georget apporte un grain d’humour et de douceur bienvenu dans cette pièce difficile. Elle donne également de la voix pour interpréter des chants traditionnels bretons. Cécile Carton, ou la sœur muette de Célestine (mais aussi sa bonne conscience), se lance alors dans des chorégraphies sensibles et poétiques, servies par une technique au rendez-vous et un regard d’une particulière pureté.

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Cécile Carton danse avec sensibilité et intelligence durant la pièce.

Théâtre, musique, chant et danse : c’est un spectacle multi-sensoriel qui nous est présenté. Au noir final, il faudra attendre que le régisseur lance les applaudissements pour se réveiller de la belle claque que les trois artistes nous envoient, et applaudir en conséquence dans ce petit théâtre Falguière dont vous ne ressortirez pas indemne.

Le Journal de Célestine de Patricia Piazza-Georget, interprétée par Les Filles de Gaïa tous les samedis à 21h00 et dimanches à 15h30 au Théâtre Falguière, 55 rue de la Procession (XVe). Réservation sur BilletReduc.fr.

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