Un expert des droits de l’homme en Corée du Nord demande aux Nations Unies d’officiellement communiquer au dictateur Kim Jong-Un qu’il est menacé d’un procès pour crimes contre l’humanité.
Le rapporteur spécial du Haut-Commissariat de l’ONU, Marzuki Darusman, vient de rendre public un nouveau compte-rendu. Dans ce document, qu’il doit présenter le 14 mars à Genève, il recommande une mise en observation du régime de Pyongyang par les autorités des droits de l’homme. Il demande également au Conseil des droits de l’homme de prévenir Kim Jong-Un des suspicions pesant sur son régime. Pyongyang a toujours rejeté ces accusations et refuse toute responsabilité, déclarant avoir signé toutes les conventions internationales — sans pour le moins les respecter.
Des crimes contre l’humanité
Pourtant, en 2014, un rapport s’alarmait déjà des violations commises par le régime. Depuis, la situation ne s’est pas améliorée dans le pays le plus fermé du monde. Marzuki Darusman cite par exemple « le maintien de camps de prisonniers politiques », des « témoignages de torture et d’autres violations contre des prisonniers », ou des « persécutions à l’égard de croyants religieux ». Les violences sont parfois même comparées à celles commises par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, avec des exécutions sommaires, des systèmes concentrationnaire avec des chambres à gaz, ainsi que l’internement d’opposants politiques.
Ainsi, Marzuki Darusman propose la création d’un groupe d’experts indépendants, qui proposeront une « approche juridique appropriée » à la suite de leurs observations. Si les accusations sont véridiques, Kim Jong-Un et les différents dirigeants nord-coréens accusés se verront jugés par la Cour pénale internationale, qui définit les crimes contre l’humanité comme :
« des actes commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de cette attaque. »
On y inclut le meurtre, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation ou transfert forcé de population, l’emprisonnement, la torture, la persécution d’un groupe identifiable pour des motifs d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste…
Une situation qui ne semble pas avancer
Le document des enquêteurs de la Commission de l’ONU, publié en 2014, ne semble pas avoir eu de conséquence. Il faisait déjà lumière sur les atrocités du régime, confirmées par plus de 80 personnes interrogées en audiences publiques et 240 entretiens confidentiels avec des victimes et témoins.
Seulement, le régime de Corée du Nord préoccupe actuellement plus par son nouvel essai nucléaire souterrain et son tir réussi d’une fusée — condamnés par les capitales étrangères — que pour son respect des droits de l’hommes. Par ailleurs, Washington, Séoul et Tokyo usent de tous les efforts diplomatiques pour obtenir du Conseil de sécurité un durcissement des sanctions contre Pyongyang.
© Source image à la Une : ABC News.