Kirk Douglas fête son centième anniversaire ce 9 décembre 2016. L’occasion de revenir sur six films phares de l’un des derniers géants d’Hollywood.
Films noirs, westerns, péplums, drames, films fantastique, comédies, romances… Kirk Douglas, acteur touche à tout, charismatique, fougueux, excessif, adoré du public, souvent nommés aux oscars mais jamais récompensé, il aura marqué l’histoire du cinéma avec des œuvres fortes et engagées. Il a fallu en choisir 6, ce qui ne fut pas facile tant la filmographie du papa de Michael est impressionnante.
Le péplum : Spartacus 1960
De Stanley Kubrick
Avec Kirk Douglas, Jean Simmons, Laurence Oliver, Tony Curtis, John Gavin, Charles Laughton
Mais c’est quoi déjà Spartacus ? Ils l’ont entraîné à tuer pour leur plaisir, mais ils l’ont trop bien entraîné… L’Empire Romain en 69 avant Jésus-Christ. Une révolte de gladiateurs a lieu dans l’école de Capoue dirigée par Batiatus. Un esclave de Thrace, Spartacus, en a pris la tête. Aimé par Varinia, entouré d’amis fidèles comme Antoninus, Spartacus et son armée se replient sur les flancs du Vésuve. Envoyée pour les attaquer, la garnison de Rome commandée par Glabrus, est décimée par l’armée des esclaves…
Produit par Kirk Douglas lui-même, et réalisé par Stanley Kubrick après le refus de David Lean, Laurence Oliver et le limogeage d’Anthony Mann, Spartacus est sans aucun doute un chef d’œuvre du genre, malgré un certain classicisme. Il s’agit d’ailleurs du film le moins personnel de Stanley Kubrick qui n’avait que peu de liberté sur le tournage face au producteur/acteur Kirk Douglas et au scénario de Dalton Trumbo. Il n’empêche qu’il s’en sort plutôt brillamment avec une œuvre majestueuse, dense et puissante, insufflant au récit une pointe de modernité, montrant une violence plutôt inhabituelle pour l’époque et abordant des thèmes chers au réalisateur comme la déshumanisation. Un grand film porté par un Kirk Douglas flamboyant.
Le western : Règlements de comptes à OK Corral 1957
De John Sturges
Avec Kirk Douglas, Burt Lancaster, Rhonda Fleming
Mais c’est quoi déjà Règlements de comptes à OK Corral ? Afin de mettre fin aux agissements de la bande d’Ike Clanton qui terrorise la région, le shérif Wyatt Earp demande de l’aide à son ami Doc Holliday, un joueur professionnel…
La Captive aux yeux clairs, Le Dernier train de Gun Hill, Le Reptile, Une Corde pour te pendre… La filmographie de Kirk Douglas compte de nombreux et de formidables westerns. S’il n’est pas forcément le meilleur, Règlements de comptes à OK Corral est certainement le plus connu. Un western classique, certes, mais avec un duo de légende, Burt Lancaster et Kirk Douglas, qui vampirise l’écran et donne au film ce petit plus qui le rend éternel. Car si John Sturges le réalisateur n’est pas John Ford, il sait tirer le meilleur parti de ses acteurs, et maintient tout au long du film une tension allant crescendo jusqu’à la fusillade finale. La réalisation est soignée, la photographie très belle et la musique de Dimitri Tiomkin inoubliable. Kirk Douglas tournera à nouveau devant la caméra de John Sturges dans Le Dernier train de Gun Hill pour une nouvelle confrontation de légendes cette fois-ci face à Anthony Quinn.
Le pamphlet : Les Sentiers de la gloire 1957
De Stanley Kubrick
Avec Kirk Douglas, Ralph Meeker, Adolphe Menjou
Mais c’est quoi déjà Les Sentiers de la gloire ? Au cours de la Première Guerre mondiale, le haut commandement de l’armée française oblige ses troupes à se lancer à l’assaut d’une place forte allemande réputée imprenable. Le jeune colonel Dax (Kirk Douglas), qui mène l’offensive, voit ainsi mourir un par un la plupart de ses hommes. Terrorisés et épuisés, les survivants refusent d’avancer. Rendus furieux par ce qu’ils considèrent comme une mutinerie, les généraux décident de faire exécuter, pour l’exemple, trois jeunes militaires pris au hasard…
Tout d’abord mettons fin à une légende… non Les Sentiers de la gloire n’a pas été censuré officiellement lors de sa sortie en France. Mais c’est le distributeur, sous la pression de la diplomatie Française qui a préféré ne pas sortir le film… Ceci dit le résultat est le même, puisqu’il faudra attendre 1975 pour voir le film en salle. Cette fiction documentaire puissante, authentique et bouleversante dénonce avec intelligence l’absurdité de la guerre et la bêtise humaine. Un film glaçant sur l’inhumanité de ceux qui mènent les hommes à la mort. Adapté d’un roman lui-même inspiré de faits réels, Les Sentiers de la gloire a pu voir le jour grâce à l’arrivée dans le projet de Kirk Douglas en tant qu’acteur et producteur. Premier chef d’œuvre de Stanley Kubrick, Les Sentiers de la gloire est définitivement un très grand film de guerre, qui nous parle, sans aucune démagogie, de paix et de justice tout en dénonçant les rouages de la justice militaire. Indispensable
Le biopic : La vie passionnée de Vincent Van Gogh 1956
De Vincente Minnelli
Avec Kirk Douglas, Anthony Quinn, James Donald
Mais c’est quoi déjà La vie passionnée de Vincent Van Gogh ? « Les images viennent à moi comme dans un rêve », disait Vincent Van Gogh. Un rêve qui tourna très vite au cauchemar. L’obsession de Van Gogh pour la peinture l’amènera à s’éloigner peu à peu de sa famille et de ses amis, dont l’artiste Paul Gauguin…
Un peu trop académique ? Sans doute… mais La Vie passionnée de Vincent Van Gogh est une très belle photographie du personnage. Réalisé par Vincente Minnelli, adapté du livre Lust for Life de Irving Stone , avec Kirk Douglas en Vincent Van Gogh habité et Anthony Quinn formidable dans le rôle de Paul Gauguin, le film visuellement inspiré des tableaux du peintre, est une merveille picturale qui rend hommage au travail de l’artiste. Minnelli, particulièrement inspiré retranscrit parfaitement l’atmosphère de l’époque, et nous propose une œuvre dramatique pleine de couleurs et de poésie. Si l’on fait l’impasse sur quelques longueurs et une BO un peu raté, on obtient un biopic plus que convaincant.
Le film d’aventure : Les Vikings 1958
De Richard Fleischer
Avec Kirk Douglas, Tony Curtis, Janet Leigh
Mais c’est quoi déjà Les Vikings ? Le Prince Einar est l’unique fils et héritier de Dragnar, chef Viking sanguinaire. Prince Eric est son frère secret, le fruit de l’union illégitime de Dragnar et d’une reine anglaise. Les deux hommes vont se déchirer et s’affronter pour le coeur d’une princesse…
Un grand film d’aventure tourné dans des décors sublimes, dans les Fjords Norvégiens (et en Bretagne), loin du folklore qui entoure habituellement les Vikings, grâce à des images et un traitement visuel au plus près de la réalité historique (en résumé ce n’est pas Gods Of Egypt). Les Vikings doit beaucoup à la réalisation musclée, imaginative et souvent impressionnante de Richard Fleischer qui a fait de son film un classique violent et audacieux techniquement. Le réalisateur retrouve ici Kirk Douglas en Viking charismatique, quatre ans après 20000 lieues sous les mers, et Tony Curtis qu’il retrouvera en 1968 dans un autre grand film, L’Etrangleur de Boston. Les Vikings reste aujourd’hui encore, un grand film épique à redécouvrir absolument.
Le drame : Les ensorcelés 1952
De Vincente Minnelli
Avec Kirk Douglas, Lana Turner, Walter Pidgeon, Dick Powell
Mais c’est quoi déjà Les ensorcelés ? Mensonges et trahisons entre acteurs, producteurs et réalisateurs dans le Hollywood des années 50…
Sans doute le meilleur film de Vincente Minnelli. Flamboyante peinture d’Hollywood construit en flash-backs qui dynamite la vision idéalisée de l’âge d’or d’Hollywood. L’un des meilleurs rôles de Kirk Douglas face à la sublime Lana Turner dans un fascinant jeu de miroirs. Loin des comédies musicales qui ont fait le succès du réalisateur (An Américain à Paris, Brigadoon, Tous en scène…), il nous offre un grand film machiavélique, mis en scène avec finesse et intelligence, regard lucide et cruel sur le 7ème art, un film étonnant de modernité, un chef d’œuvre de l’histoire du cinéma.