Ce dimanche 24 mai 2015 ont eu lieu les élections municipales et régionales en Espagne. Ces dernières ont été marquées par la montée en puissance du parti radical de gauche Podemos, mais aussi par l’émergence des centristes de Ciudadanos. Les principales victimes de cette élection sont le Partido Popular (PP) et le Partido Socialista Obrero Español (PSOE) qui rassemblaient encore 84% des voix aux élections législatives de 2008 et qui pèsent moins de la moitié des voix aujourd’hui.
L’Espagne a donc connu un véritable bouleversement politique au soir des élections régionales et municipales. Le bipartisme historique, qui prévalait depuis la fin de la dictature de Franco, a été fragilisé par la montée en puissance de deux nouvelles forces politiques nées d’initiatives citoyennes, Ciudadanos et Podemos. Le PP reste toutefois le premier parti du pays mais son score a chuté de 32% à 27% des voix en 4 ans.
PRISE DE CONSCIENCE POLITIQUE ET FRUSTRATION
En votant massivement pour ces deux partis d’opposition, les espagnols semblent avoir envoyé un message clair aux deux principaux partis politiques du pays. Effectivement, les citoyens ont manifesté leur frustration à l’égard d’une élite politique déjà trop confortablement installée. Le peuple espagnol ne supporte plus la corruption de cette élite que Podemos a baptisé « la caste ». En effet, près de deux mille affaires de corruption, concernant au moins cinq cents hauts fonctionnaires font actuellement l’objet d’enquêtes judiciaires. Le coût de la corruption pour l’Etat est estimé à 40 milliards d’euros par an.
En outre, selon la european social survey, de 2006 à 2012, le pourcentage d’Espagnols intéressés par la politique a doublé, ce qui explique la force du mouvement des Indignados du 15 mai 2011, à l’origine de Podemos. Cela s’est également vu hier avec le taux de participation, en hausse, contrastant avec l’évolution dans les autres pays européens.
LE RÔLE PRIMORDIAL DE LA JEUNESSE
Cet avènement de Podemos et de Ciudadanos illustre à merveille l’émergence d’une nouvelle génération d’électeurs qui fait suite à la crise économique de 2008 et à l’explosion du taux de chômage chez les jeunes. En effet, Podemos connait un grand succès parmi les jeunes diplômés qui se trouvent confrontés à une politique d’austérité qui ne créer pas d’emplois.
Ainsi, la jeunesse espagnole, mais aussi grecque et portugaise, remet en cause les politiques d’austérité mises en place par leur gouvernement respectif mais imposées par l’Union européenne, qui n’est pas épargnée par les critiques non plus. Cette jeunesse n’a peut-être pas d’emploi, mais elle vote.
En définitive, ce succès électoral d’une nouvelle classe politique espagnole nous prouve que la démocratie espagnole peut encore s’exprimer d’une manière bien rafraîchissante, bien au-delà du traditionnel bipartisme, mais aussi que le désintérêt de la jeunesse pour la politique est à nuancer.