La série La Garçonne n’est pas tirée d’une histoire vraie, mais elle évoque des personnalités réelles et rappelle même une vieille affaire criminelle.
C’est quoi La Garçonne ? Dans le Paris des Années folles, Louise Kerlac (Laura Smet) est témoin du meurtre d’un proche, commis par des agents de l’État. Pour échapper au pire, elle doit disparaître. Convaincue que c’est au sein de la police qu’elle va trouver la meilleure planque et le moyen de se disculper, elle se travestit et prend l’identité de son frère jumeau, brisé par la guerre. Elle entre alors à la « Criminelle » à sa place ! Un monde interdit aux femmes et son rêve de toujours… La disparition d’une série de jeunes modèles qui posaient pour les peintres de Montparnasse va l’entraîner dans le monde de la fête et de la nuit, mais aussi la confronter à la part d’ombre de son jumeau tant aimé. La guerre a-t-elle pu en faire le monstre pervers que les preuves semblent désigner ? Et peut-elle se rapprocher de Roman Ketoff (Grégory Fitoussi), un séduisant journaliste franc-tireur, sans mettre en danger le secret de sa double identité ?
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La Garçonne, dont la diffusion s’est achevée récemment, était un pari pour France 2. Mais un pari qui s’est révélé payant puisque le polar historique mettant en scène Laura Smet dans le double rôle de Louise / Antoine a réalisé de bonnes audiences. Se déroulant dans l’entre deux guerres, c’est une fiction et son héroïne n’a pas existé ; mais dans ce Paris des années folles, on croise quelques noms connus et plusieurs éléments rappellent une vieille affaire criminelle qui fit sensation en son temps.
Dans les bars et cabarets parisiens qu’elle fréquente la nuit, Louise va en effet côtoyer des personnages tels que la styliste Coco Chanel, le sculpteur Amedeo Modigliani, ou encore le peintre Man Ray et sa muse Kiki de Montparnasse (qui fut elle-même artiste, et gérante de cabaret). Des personnalités emblématiques du Paris des années 1920 dont les noms nous sont familiers.
Un autre personnage semble inspiré d’une personnalité historique ; du moins lui emprunte-t-il de nombreuses caractéristiques. Interprété par Jérôme Deschamps, le docteur Paul est en effet l’homonyme du Dr Charles Paul, considéré comme l’un des grands artisans de la médecine légale. Surnommé « L’homme qui parle avec les morts », il a pratiqué près de 160 000 autopsies au cours de sa carrière (dont celles de Jules Bonnot ou de Paul Doumer) et est intervenu dans des procès aussi célèbres que ceux de Landru et du docteur Petiot. Réputé pour son éloquence et ses talents de vulgarisateur, le médecin a aussi eu l’occasion de s’exprimer sur une affaire marquante de la fin des années 1920, qui a la particularité de résonner avec l’histoire de La garçonne.
Cette affaire, c’est celle du couple formé par Louise Landy et Paul Grappe. En 1915, Paul déserte le front et décide, avec la complicité de son épouse, de dissimuler son identité en se faisant passer pour une femme. Il porte des robes, s’épile, se laisse pousser les cheveux, se maquille et modifie sa voix ; sous le nom de Suzanne Langdard, il va vivre avec Louise sous cette fausse identité pendant 10 ans. Après l’amnistie de 1925, il révèle la vérité et son histoire fait les choux gras de la presse. Mais vivant mal cette soudaine notoriété et atteint de troubles de la personnalité, Paul bascule dans l’alcoolisme et devient violent. En 1928, Louise l’abat d’un coup de revolver lors d’une dispute ; elle sera acquittée au terme d’un procès retentissant.
Ce fait divers sensationnel a fait l’objet d’un livre (La garçonne et l’assassin) , adapté par André Téchiné dans son film Nos Années folles. Bien que sans lien avec La Garçonne, l’histoire de Louise et Paul démontre au moins une chose : l’idée de départ de la série, cette improbable dissimulation de son héroïne sous les traits d’un homme, n’est finalement pas si improbable que ça…
La garçonne (France 2)
6 épisodes de 50′ environ.