J’ai déjà, ici même, pointé du doigt les effets trompeurs (sinon dévastateurs des sondages). Je me réjouis de voir qu’ils ont été en partie démentis dimanche dernier .
Certes François Hollande est arrivé en tête du premier tour, cependant avec un score moins important qu’attendu ; Martine Aubry a fait légèrement mieux qu’escompté, et n’en déplaise à Pierre Moscovici les jeux sont loin d’être faits.
Car finalement affirmer cela, c’est méconnaître les surprises que la science politique nous offre. Qui aurait osé affirmer que Jacques Chirac gagnerait contre Balladur ? Personne, où peut-être une certaine Mme Irma’ ? peut-être même qu’une boule de cristal semble aussi appropriée que les statistiques pour prévoir les résultats d’un scrutin inconnu . L’inconnu véritable d’ailleurs, la formidable surprise c’est la percée d’Arnaud Montebourg.
Voici un homme, souvent accusé d’impertinence, sinon d’arrogance, un avocat à la langue bien pendue qui se retrouve transformé par ce processus nouveau de primaire . Lui , qui avait été si souvent seul, marginal, le voilà courtisé par deux éléphants. Deux éléphants qui devaient terrassés, et qui ont été arrêté en pleine course par un « jeune freluquet » .
Pour expliquer cette poussée importante des idées de M. Montebourg, certains avec humour avanceraient son physique avantageux (qui selon ces mêmes personnes contrasterait avec le physique des deux autres mastodontes ), d’autres sûrement plus fins auront vu le tremplin formidable qu’a constitué cette primaire. Avec un rare brillo d’éloquence et de patience Arnaud Montebourg a su imposer à l’ensemble de la Gauche mais aussi à la droite des thèmes auparavant inaudibles car peu vendeurs. Ici réside probablement la plus grande réussite de cette primaire : le combat des idées .
Beaucoup de bien pensants estimeront qu’Arnaud le rouge exagère, qu’il se trompe, allez même qu’il est communiste ! Pourtant la réussite de Montebourg c’est l’exploit de concilier révolte, indignation avec un certain pragmatisme politique. Montebourg dit « démondialiser « , il dit refusez la fatalité, osez imaginer une réalité différente ! hier encore j’entendais : « son programme n’est pas réalisable, c’est une folie . »
Une folie ? Folie peut être mais folie calculée : la volonté de changement, mais plus encore le sentiment d’injustice est tel, qu’il n’est probablement pas imbécile de prôner de pareilles idées. Mieux encore, ce grain de provocation , d’extrémisme limité et convenable dans une gauche somme toute très respectable à le mérite de bousculer les petites habitudes sociales-démocrates.Aussi, il oblige François Hollande, et Martine Aubry à non pas se radicaliser mais plutôt effectuer la synthèse et donc proposer malgré eux une nouvelle alternative.
La primaire a donc eu une grande réussite faire avancer le débat des idées, désacraliser des notions prises comme acquis (mondialisation ), et briser des tabous (protectionnisme). Mais elle comporte aussi un réel danger ; celui non pas de synthétiser tant bien que mal les différentes sensibilités, de leur donner une réalisation probable, mais plutôt celui d’effectuer un horrible amas de déclarations vides de sens, et une politique vide d’idées.
Il faudra alors pour la Gauche, porter la responsabilité d’un échec probable , en oubliant jamais que chaque échec de n’importe quel côté de l’échiquier politique, c’est laisser l’extrême monter et se crédibiliser.
Alors les ingénieux, les audacieux, s’il faut amasser des voix n’oubliez pas de prendre l’enjeux et ses conséquences très au sérieux…
Quant à pronostiquer un quelconque résultat ? J’attends vos suggestions, même si le hasard sera probablement un bien meilleur conseiller tant la bataille semble serrée..