200 voix contre 12 : une écrasante majorité des députés a adopté la nouvelle Constitution tunisienne, 3 ans après la révolution. Quelques heures plus tard ce lundi après-midi, le texte a été officiellement signé par Moncef Marzouki, le chef de l’Etat, Ali Larayedh, le premier ministre sortant, ainsi que par Mustafa Ben Jaafar, le président de la Constituante (ANC).
La nouvelle Constitution tunisienne présente à elle-seule un certain paradoxe : elle est un mélange entre laïcité et islamité. Si le texte assure la souveraineté du peuple et reconnaît la liberté de conscience et de croyance, ainsi que « la complémentarité de la femme envers l’homme », la religion musulmane y est toutefois très présente. Le début du texte en témoigne : «Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux», de même que sa fin : «Et Dieu est garant de la réussite». En revanche, la charia (loi islamique) n’est pas inscrite dans la Constitution. L’article 20 évoque quant à lui l’égalité «citoyens et citoyennes devant la loi».
Une constitution imparfaite
On peut se réjouir de ce pas en avant qu’a fait la Tunisie trois ans après la révolution. Mais pour certains, comme Amira Yahyaoui (la présidente de l’ONG Bawsala), cette nouvelle Constitution est loin d’être parfaite en ce qu’elle « représente très bien la schizophrénie des Tunisiens » a-t-elle déclaré au Figaro. « On y trouve une chose et son contraire. Un même article dit que la liberté de conscience est garantie mais que l’État protège le sacré. Comment peut-on garantir la liberté de conscience si on ne peut discuter le sacré ?» s’est-elle interrogée.
Reste à savoir si cette nouvelle Constitution, malgré ses imperfections, suffira à apaiser les mœurs dans ce pays qui a connu de nombreux troubles depuis l’essor des djihadistes…
Elisa Gorins