Le président français a défendu sa politique médiane sur la question de l’accueil des migrants lors d’un déplacement à Quimper ce jeudi.
En Bretagne ce jeudi, Emmanuel Macron a défendu une politique migratoire « dont nous n’avons pas à rougir », « un chemin qui est toujours plus difficultueux, car personne n’est jamais content, mais plus responsable que celui qui joue avec les peurs ». Une politique qui consiste à mieux intégrer ceux qui obtiennent l’asile et à reconduire les autres dans leur pays.
Emmanuel Macron alerte contre la « lèpre » anti-européenne et les « donneurs de leçons »
Le président français a manié l’art du « en même temps », dénonçant la « lèpre » nationaliste qui monte en Europe tout en condamnant les « donneurs de leçons » qui lui « expliquent qu’il faut accueillir tout le monde » sans tenir compte des « fractures de la société française ».
« Je vous demande de ne rien céder, dans ces temps troublés que nous vivons, de votre amour pour l’Europe. (…) Je vous le dis avec beaucoup de gravité. Beaucoup la détestent, mais ils la détestent depuis longtemps, et vous les voyez monter, comme une lèpre, un peu partout en Europe, dans des pays où nous pensions que c’était impossible de la voir réapparaître. Et des amis voisins, ils disent le pire et nous nous y habituons. »
« Je le dis à tous les donneurs de leçons. Allez m’expliquer qu’il faut accueillir tout le monde. Mais regardez la société française et ses fractures ! Regardez ce que nous faisons aussi, et nous n’avons pas en rougir. Je veux que la France et la cohésion nationale se tiennent, que nos classes moyennes trouvent leur place ! Et en même temps être à la hauteur de notre tradition d’accueil, et en particulier de l’asile, ce qui ne veut pas dire tout et n’importe quoi. »
Et le chef de l’Etat, un an avant les élections européennes, de conclure : « J’ai besoin de ces terres qui croient dans l’Europe, des Françaises et Français qui croient dans ce projet parce qu’il savent le prix du nationalisme, le coût de la bêtise. »
Les relations restent tendues entre Paris et Rome
Le ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini, interrogé sur les tensions avec la France, a réagi lors d’une visite à Terni ce jeudi. « Si Macron cessait d’insulter et pratiquait concrètement la générosité qui emplit sa bouche, en accueillant les milliers d’immigrants que l’Italie a accueillis ces dernières années, ce serait mieux pour tout le monde », a-t-il déclaré. Et le leader de la Ligue (extrême droite) d’ajouter : « Nous sommes peut-être des lépreux populistes, mais je tire les leçons de ceux qui ouvrent leurs propres ports. Accueillez des milliers de migrants et ensuite on pourra parler. »
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Macron suscite l’indignation au sein de la classe politique française
Les réactions ne se sont pas fait attendre au sein de la classe politique française, notamment de la part des souverainistes. « Comment le président de la République française peut-il traiter des gouvernements de nations européennes de ‘lèpre’?! », s’est interrogée Marine Le Pen sur Twitter.
Comment le Président de la République française peut-il traiter des gouvernements de nations européennes de « lèpre » ?!
USA ??, Russie ??, Grande-Bretagne ??, Italie ??, groupe de Visegrad… Va-t-il nous fâcher avec le monde entier ? MLPhttps://t.co/v2XoIQC3pt
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 21 juin 2018
Le président de Debout La France Nicolas Dupont-Aignan s’est également indigné : « Après les fainéants, les illettrés, ceux qui ne sont rien : « bienvenue chez les lépreux » ! Quiconque s’oppose à la subversion migratoire se voit diagnostiquer malade par la bien-bien-pensance… »
Après les fainéants, les illettrés, ceux qui ne sont rien : « bienvenue chez les lépreux » !
Quiconque s’oppose à la subversion migratoire se voit diagnostiquer malade par la bien-pensance… #Lepreuxhttps://t.co/UFwnMkFIOO
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 22 juin 2018
De même, le président des Patriotes, Florian Philippot, est monté au créneau.
Qu’est donc cette « #lèpre » qu’évoque Macron ? L’amour de son pays ? L’aspiration à la démocratie et au respect des peuples ? Le désir de protection ?…
— Florian Philippot (@f_philippot) 21 juin 2018
« Qui sont les lépreux? Les citoyens inquiets par l’immigration massive? » a pour sa part réagi Laurence Sailliet, la porte-parole des Républicains.
Qui sont les lépreux ? Les citoyens français inquiets par l’immigration massive ? https://t.co/fCPGkcri1G
— Laurence Sailliet (@lsailliet) 21 juin 2018
A noter également la réaction de Benoît Hamon à gauche de l’échiquier politique.
Bien sûr, la lèpre populiste n’a absolument rien à voir avec la peste néo-libérale qui a consciencieusement abattu les défenses des citoyens européens en matière de services publics, droit du travail et protection sociale. Bien sûr. #hypocrite #incendiaire https://t.co/QKvBcbk57S
— Benoît Hamon (@benoithamon) 21 juin 2018