La victoire d’une novice. Avec 58% des voix, Zuzana Caputova a remporté ce samedi 30 mars les présidentielles face au candidat du Parti au pouvoir, Maros Sefcovic. Lassé de la corruption, un mouvement de contestation général a porté la femme de 45 ans jusque au poste de cheffe de l’Etat. Pro-européenne, c’est un vrai renouveau pour le pays et une rupture avec la tendance populiste actuelle.
Après les élections, l’avocate spécialiste de l’environnement a appelé à l’union sacrée. L’actuel Premier ministre Peter Pellegrini espère quant à lui que cela marque le début d' »une coopération constructive« . Elle prend la suite d’Andrej Kiska, qui avait annoncé sa volonté ne pas reconduire son mandat (5ans).
Comme Emmanuel Macron, sa posture et son « innocence » dans le métier semblent avoir porté leur fruit. D’abord elle est nouvelle, divorcée et surtout non affiliée à un parti traditionnel. « Une histoire similaire s’est déroulée à la dernière élection présidentielle en France, où le représentant d’une nouvelle tendance politique et un nouveau mouvement politique ont triomphé« , a déclaré à l’AFP Aneta Vilagi.
Je corromps, tu corromps, nous corrompons, ils sont corrompus
Cette tendance de contestation s’est nourri d’un fait majeur datant de février 2018. Jan Kuciak, journaliste d’investigation travaille alors sur un rapport mettant en évidence les liens entre le pouvoir et la mafia italienne. La veille de leur mariage, sa fiancée et lui sont assassinés. Un événement qui rappelle le meurtre de Daphne Caruana Galizia, journaliste maltaise tuée à la voiture piégée en octobre 2017.
Cette élection est un avertissement de plus pour le Smer-SD, après les manifestations d’avril dernier rassemblant plus de 25.000 personnes à Bratislava. Après cela, le Premier ministre et fondateur du parti centre gauche Robert Fico a démissionné. Depuis, cinq personnes ont été interpellées, dont le commanditaire présumé du meurtre, un multimillionnaire qui entretiendrait des liens étroit avec le Smer-SD
Un symbole pour les femmes, pas encore une victoire pour le pays
Récemment les députés européens ont déclaré » être préoccupés par les présomptions de corruption, de conflits d’intérêts, d’impunité (…) dans les cercles du pouvoir slovaque« .
Toutefois, il faudra beaucoup de courage et surement plus d’un mandat pour blanchir le pays. Si Zuzana Caputova applique les grandes lignes de son programme, et n’est pas vite décriée comme Aung San Suu Kyi, le prix Nobel de la paix birmane. Pour en savoir plus rendez-vous l’année prochaine, les élections législatives seront révélatrices du parcours réalisé.