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La transparence sur la santé, une promesse difficile à tenir

Un communiqué de l’Elysée a fait savoir hier que François Hollande a été hospitalisé il y a deux ans et demi pour une intervention à la prostate. Une révélation qui relance le débat sur la publication de l’état de santé du président de la République.

La « transparence totale ». C’est ce à quoi s’était engagé François Hollande au moment de son élection. Y compris sur son état de santé. La publication hier d’un communiqué de l’Elysée révélant une opération de la prostate subie par l’actuel chef de l’état en février 2011, a fait couler beaucoup d’encre. Le communiqué, qui fait suite à une information dévoilée par France Info, remet sur le devant de la scène le douloureux problème de  l’état de santé des présidents. Les médias ont pointé du doigt le fait que le sujet n’ait été divulgué par l’entourage du président que deux ans et demi plus tard. Pourtant, François Hollande apparait comme le plus avancé sur ce point. Car deux bulletins avaient déjà été publiés depuis son accession à la présidence, l’un le 5 juin 2012, trois semaines après sa prise de fonction, l’autre le 6 mars 2013. Tous deux faisaient état d’un « examen médical et biologique au service médical de la présidence de la République » et indiquaient que cet « examen clinique et paraclinique [s’était] révélé normal».

De Pompidou à Sarkozy, en passant par Mitterrand, entre omerta et falsification

Georges_Pompidou_-_Bundesarchiv_B_145_Bild-F020538-0006La santé du chef de l’Etat a toujours été une question fâcheuse dans l’histoire de la Vème République. Les prédécesseurs de François Hollande ont bien souvent caché  leurs différentes maladies. Georges Pompidou était atteint de la maladie de Waldenström, un cancer très grave et très rare. Il l’avait dissimulé aux Français pendant tout son mandat avant de mourir en fonction le 2 avril 1974. La polémique entourant ce décès avait alerté l’opinion publique, forçant la classe politique à agir face à la transparence. Son successeur, Valéry Giscard d’Estaing, s’engagea donc à rendre publiques les informations sur sa santé. Ce qu’il ne fit jamais. François Mitterrand, lui, est allé beaucoup plus loin. Atteint d’un cancer de la prostate dès les premiers mois de sa présidence, il avait falsifié ses bulletins de santé pour pouvoir se représenter en 1988. Jacques Chirac, lui, avait mis en avant le  respect de la vie privée pour justifier son refus de communiquer sur son état sanitaire. La palme du bon élève, dans ce domaine, revient finalement à Nicolas Sarkozy. De 2007 à 2012, l’Elysée publiait régulièrement des bulletins sur la santé du sixième président de la Vème République. Avec, à chaque fois, rien de grave à signaler, hormis un léger malaise en 2009. DA-SC-86-10717

 « C’est comme si on disait que François Hollande s’est fait opérer de l’appendicite à l’âge de 7 ans”

Il apparaît donc que la santé est l’un des domaines pour lequel les chefs d’Etat font le moins preuve de transparence. Mais est-ce condamnable ? La classe politique, à gauche comme à droite, est unanime sur le sujet. Les réactions ont été nombreuses pour appeler au respect de l’intimité et du secret médical. «On doit en permanence rendre compte de tout », a déploré Jean-Marc Ayrault, qui estime qu’il n’a «pas à donner des informations qui relèvent de la vie privée». « Le principe du secret médical s’applique à tous », a rappelé la ministre de la santé Marisol Touraine. « C’est comme si on disait : “vous savez, François Hollande s’est fait opérer de l’appendicite à l’âge de 7 ans”, s’est indigné Bernard Debré, député UMP et chef du service d’urologie de l’hôpital Cochin.  La transparence oui, la décence aussi!» tweete François Fillon. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a dénoncé la « malveillance voyeuriste du système médiatique ».

 

 

Transparence ou respect de la vie privée ?

Respect de la vie privée et médiatisation à outrance sont donc pointées du doigt à travers ces réactions. Autant d’arguments qui alimentent un débat. Peut-on faire une exception pour le domaine de la santé ? Faut-il distinguer  transparence et respect de la vie privée lorsque, de par notre fonction, on est le premier personnage d’importance publique ? Sur ce dernier point, comme l’a rappelé Marisol Touraine, François Hollande n’était même pas candidat à la primaire socialiste, et encore moins donc à la présidence de la république, au moment des événements. De quoi contrecarrer donc les arguments de ceux qui pensent que le président n’est pas un malade comme les autres. Comme l’a déclaré Jean-Marc Ayrault, «le nombre de Français hommes qui sont confrontés à des problèmes de prostate à partir de la cinquantaine, c’est assez banal ». D’autant que le cas de François Hollande apparaît, du moins pour l’instant, minime par rapport à celui de ses prédécesseurs. Du moins si l’on en croit le communiqué de l’Elysée, qui a qualifié l’hypertrophie de  « bénigne ». De plus, si les deux rapports publiés  par l’Elysée ne précisaient pas la nature de l’opération médicale, ils mentionnaient en tout cas son existence.  On peut aussi dénoncer la volonté de certains médias de créer le buzz autour de cette « affaire », deux ans et demi après les faits. Le mal semble passé pour François Hollande, qui n’apparaît pas bouffi ou affaibli physiquement comme pouvaient l’être Pompidou ou Mitterrand. Ce n’est visiblement pas cette opération de la prostate qui pourrait expliquer son mauvais bilan et son impopularité.

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