Profanations de stèles, pancartes et sites web anti-juifs refont surface. Plusieurs actes antisémites dans le viseur des autorités.
Samedi 7 aout, en marge d’une manifestation contre l’obligation du pass sanitaire, une femme tient une pancarte. Sur celle-ci on peut y lire « Mais qui ? » ainsi qu’une énumération de noms de responsables politiques et personnalités médiatiques. La photo de cette personne suscite immédiatement indignation et polémique sur les réseaux sociaux en raison du caractère jugé antisémite de cette affiche. La manifestante est interpellée trois jours plus tard.
Slogan indigne
« Mais qui ? », le slogan brandit par cette enseignante fait référence à une interview sur Cnews du général à la retraite Dominique Delawarde. Sur le plateau de la chaîne d’information en continu, Claude Posternak membre du bureau politique de LREM demande au général « qui » selon lui contrôle la « meute médiatique ». Le général répond « c’est la communauté que vous connaissez bien », comprenez : la communauté juive. À cette déclaration la Licra et SOS Racisme ont dénoncé l’antisémitisme de l’ex militaire qui aurait montré «son visage, raciste et antisémite ».
Les réseaux sociaux, Twitter en tête se sont enflammés suite à cette polémique. Un hashtag « #qui » est repris par de très nombreux comptes radicaux. Des fausses infographies du paysage médiatique sont publiés dans la foulée. Ces derniers mettent en scène les responsables « juifs » ou supposés « juifs ». Le ministre de l’Intérieur indique sur Twitter saisir la justice pour que ces faits puissent être condamnés.
Simone Veil profanée
Une stèle érigée en l’honneur de l’ancienne ministre Simone Veil a été recouverte de croix Gammées à Perros-Guirec dans les Côtés-d’Armor en Bretagne. Les faits se sont déroulés dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 août d’après la gendarmerie locale. Lundi 9 aout, la stèle avait déjà été profanée et souillée par de la moutarde et des excréments. En une semaine, trois dégradations lourdes de sens sont donc à déplorer. « La stèle a été bâchée et complètement nettoyée », a indiqué la mairie de Perros-Guirec. « Elle est toute propre », précise également la commune.
Des croix gammées sur le nom de Simone Veil, l’image et le sens ne sont pas anodins. Déportée au camp d’extermination d’Auschwitz en Pologne durant son enfance, Simone Veil est l’une des rares survivantes. En 1975, elle porte une loi visant la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse. Dans les six dernières années de sa vie, Simone Veil était présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. A sa mort, son nom est évoqué pour entrer au Panthéon où elle repose depuis 2018.
#SimoneVeil est une figure française et mondiale des droits des femmes, de l’Europe et de la lutte contre l’antisémitisme. Dégrader sa stèle c’est dégrader la France ! Ces actes abjects ne doivent pas rester impunis », déclare la ministre déléguée auprès du ministère de l’Intérieur Marlène Schiappa sur Twitter.
Site antisémite
Dernier en date et non des moindres. Un site nommé « Ils sont partout », mis en ligne en 2020 s’est attiré les foudres du ministère de l’Intérieur. Ce site web recense et répertorie des personnalités de confession juive ou présentées comme telles. Chacune est associée à une photo et une courte biographie. Le nom fait une fois encore référence à des publications anti-juifs. Sous l’occupation nazie, l’hebdomadaire « Je suis partout » était le principal titre de presse collaborationniste et antisémite en France.
À l’Agence France Presse, le parquet de Paris dit avoir été saisi de ce dossier suite à un signalement de la plateforme Pharos. Le pôle haine en ligne du parquet enquête donc du chef d’accusation de provocation à la haine, à la discrimination, à la violence en raison de la religion et de diffamation publique à raison de la religion. Toutes les investigations sont par ailleurs confiées à la Brigade de répression de la délinquance à la personne.