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L’ascenseur social est-il réellement en panne ?

L’ascenseur social est en panne. Voilà la phrase que je vois apparaitre maintenant dès que je m’intéresse aux possibilités de mobilité sociale dans la société, c’est-à-dire à la possibilité de changer de statut social au cours de sa vie et de son parcours professionnel. L’ascenseur social représenterait alors tous les moyens permettant à des personnes issues d’un certain milieu social d’accéder à un milieu social plus élevé. L’outil par excellence est ainsi l’école. Mais pourquoi dire que cet ascenseur est en panne ? L’école est-elle l’instrument unique de cette ascension sociale ? Pouvons-nous encore aujourd’hui prétendre à un statut social qui n’est pas celui de notre naissance ?

Un ascenseur en panne ?

Pour beaucoup, l’ascenseur social aujourd’hui n’est plus efficace et ne permet plus aucune mobilité. Pour appuyer ces affirmations, on peut trouver des statistiques. Ainsi, à la fin des années 70, 57% des hommes de 40 à 59 ans n’appartenaient pas à la même catégorie sociale que leur père contre 65% au milieu des années 2000. Et la mobilité restante serait plus à attribuée à une mobilité structurelle soit des changements de forme de la société qu’à de réelles ascensions sociales. Cédric Hugrée, sociologue chargé de recherches au CNRS a travaillée sur la période de 2000 à 2014. Il en tire les conclusions suivantes : les plus favorisés s’en sortent le mieux et pour preuve, 41% des enfants de cadres sont cadres contre 8% des enfants d’ouvriers.

Une affirmation à nuancer

Cependant, le terme « en panne » peut sembler un peu fort et devrait être nuancé. L’ascenseur social est peut-être au ralenti ou alors bloqué. La société est en mutation constante et s’est moyennisé après 1945 selon le terme utilisé par Mendras. Cela signifie qu’une large partie de la société a formé une classe moyenne réduisant les positions les plus extrêmes dans la stratification sociale et rapprochant les modes et les niveaux de vie. En parallèle, la société s’est tertiarisée. Ainsi, il y a de moins en moins d’agriculteurs et de moins en mins d’ouvrier pendant que les catégories des services prennent de plus en plus de place. C’est pourquoi, après 1945, de plus en plus de fils d’ouvriers et d’agriculteurs vont se tourner vers de métiers du tertiaire ce qui va être considéré comme une ascension sociale. Cette ascension est en réalité seulement dû aux transformations de la société. Mais aujourd’hui, cette moyennisation est terminée et ces changements sociaux ralentissent donc. C’est de ce phénomène que vient le sentiment de panne de l’ascenseur social.

L’école, outil de promotion sociale …

Alors comment promouvoir l’ascenseur social et permettre une mobilité à tous ?

Le rôle de l’école est bien entendu primordial. Elle est l’outil républicain par excellence censée promouvoir la méritocratie et permettre à tous une ascension sociale. Cependant, les statistiques ont démontré depuis longtemps que le taux de réussite scolaire, le choix de poursuite des études et de filière des études sont à relier avec l’origine sociale.

Dans les années 80, le gouvernement français décide de rendre l’école plus accessible à tous, de démocratiser le système scolaire. On assiste alors à la diffusion croissante de diplôme universitaires, de différenciation de l’enseignement supérieur … Le but est de permettre à tous de trouver la filière qui lui convient le mieux et d’avoir un diplôme. Mais certains auteurs à l’image de T. Poullaouec, maître de conférences en sociologie, se demandent si le problème n’a pas seulement été reporté en rendant moins visible l’élimination scolaire des jeunes d’origine populaire. Ainsi, les jeunes du milieu ouvrier représentent 11% des étudiants soit 3 fois moins que leur part parmi les 18-23 ans.

… Ou de reproduction sociale ?

L’école est-elle alors l’outil par excellence de la reproduction sociale ? il est vrai que certaines filières restent élitistes notamment par le prix de scolarité. Ajouté à cela, il nous faut prendre en compte le rapport PISA 2016 qui rappelle que la France est championne dans les inégalités à l’école.

En résulte ainsi des lois et des réformes toujours plus nombreuses pour essayer d’enrayer le phénomène. Les gouvernements successif veulent redonner à l’école son rôle de porte vers le milieu professionnel dans un cadre équitable. L’école doit redevenir l’outil privilégié de l’ascenseur social.

Un autre facteur pourrait expliquer le fait que l’ascension sociale soit de plus en plus compliqué : la baisse des rendements des diplômes. De plus en plus de jeunes ont des diplômes. Ainsi, le baccalauréat ne vaut plus autant que dans les années 50 ou il était beaucoup plus dur à obtenir. Les bacs +5 remplacent alors les bacs+3 qui remplacent les bacs+1 … C’est aussi une des raisons qui cristallise un sentiment d’injustice.

D’autres facteurs de la mobilité sociale

Finalement, le rapport de France Stratégie qui s’est intéressé à ce phénomène de l’ascenseur social met en lumière que la géographie joue aussi un rôle très important. En effet, l’ascension sociale varie du simple au double pour un ouvrier ou un agriculteur vivant en Ile de France ou dans le reste de la France. Il existe aussi de fortes disparités entre les régions. Si la Bretagne, l’Aquitaine, les Midi-Pyrénées et le Rhône-Alpes obtiennent de bon résultat dans la promotion de la mobilité sociale, il n’en est pas de même pour le Nord-pas de calais et la région Poitou Charentes

Alors quelle solution pour relancer cet ascenseur ?

Politiques de tout les bords sont d’accord pour affirmer que l’ascenseur social doit être relancé. Alors quelles sont les solutions possibles ?

Nos Quartiers ont du Talent est une association française créée en 2006 œuvrant en faveur de l’égalité des chances. Dans un rapport remis à F. Hollande elle propose 5 solutions pour relancer l’ascenseur social que je vous propose de découvrir.

Tout d’abord développer et généraliser le parrainage, mieux accompagner les jeunes diplômés vers l’emploi en développant des dispositifs ciblés. Ensuite, mettre en relais les jeunes avec les organismes d’accompagnement vers l’emploi dés leur parcours universitaires. Là encore le but est de faciliter leur intégration sur le marché du travail. La troisième proposition consiste à informer les jeunes sur les perspectives de recrutement des entreprises pour les aider à s’orienter. On pourrait aussi développer des partenariats université / entreprises pour adapter les cursus de formation aux besoins de compétences. Finalement, il devient de plus en plus nécessaire de valoriser davantage les parcours les plus professionnalisants.

 

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