Marine Le Pen a proposé l’appellation « Rassemblement National » pour remplacer le Front National, ce dimanche à Lille. Un « cri de ralliement » qui pose déjà problème à la dirigeante d’extrême droite.
Et si l’histoire du parti cofondé par Jean-Marie Le Pen n’était pas terminée ? Lors du 16e congrès du parti, sa présidente a appelé les militants à se prononcer sur le nouveau nom de la formation politique. Un mélange du Rassemblement Bleu Marine et du Front National a été proposé : le « Rassemblement national ». Des complications sont vite survenues, alors que le résultat du vote ne sera pas connu avant deux semaines.
Du déjà vu pour Twitter
Rien de mieux qu’un réseau social lorsqu’il s’agit de dénoncer, ou de chercher la vérité. Et dire que l’Oiseau bleu a été efficace relève de l’évidence. Sur le fond de cette nouvelle appellation, il est légitime de se demander si le terme « refondation » est politiquement juste. La maire d’Hénin-Beaumont souhaite justement changer l’image du parti afin de pouvoir construire des alliances avec ceux qui refusent l’identité du Front National. Quid du Rassemblement National, déjà utilisé par son père en 1986. Les parlementaires frontières siégeant à l’Assemblée Nationale trônaient sous l’étiquette « Front national- Rassemblement national ». Jean-Marie Le Pen, il en est toujours question en 1965. Cette année-là, la campagne du Rassemblement national français est dirigée par l’homme au bandeau noir. Les internautes remontent vite la ligne temporelle jusqu’aux heures sombres de la République, 1941. Marcel Déat fonde le Rassemblement National Populaire, parti collaborateur ayant pour principale ambition de « protéger la race ». L’emblème de la formation est d’ailleurs équivoque.
Un nom déjà déposé à l’INPI
Si le Rassemblement National ne vous disait rien avant ce week-end, il faut savoir que ce parti existe déjà. C’est en tout cas ce qui est apparu dès que la présidente du Front a dévoilé sa proposition. Le problème du Front national est que le nom a déjà été déposé auprès de l’Institut national de la propriété intellectuelle.
« La réalité : c’est que le Rassemblement national existe déjà… Et continuera d’exister en présentant notamment des listes aux municipales de 2020 », a fait savoir le mouvement par communiqué, en ajoutant : « Le RN est de droite gaulliste et républicaine, le FN est d’extrême droite. Le FN ne sera jamais le RN et le RN ne sera jamais le FN. »
Son leader, Igor Kurek, ancien proche de Charles Pasqua, se présente comme un gaulliste, il a d’ailleurs réfuté l’idée de céder la marque, déposée en 2013, au Front National.
Dédiaboliser l’image du FN, déjà un échec ?
Après cette annonce les opposants politiques du Front National n’ont pas tardé à s’engouffrer dans la brèche laissé béante. L’Insoumis Alexis Corbière se questionne sur la volonté d’imposer la référence : « Qui sait ? Roland Gaucher fondateur du FN en 1972 était au Rassemblement National Populaire. ». À ses côtés, Adrien Quatennens, député de la 1e circonscription du Nord, constate l’adage « Faire du neuf avec du vieux ». Marine Le Pen a pourtant assuré avoir beaucoup réfléchi et consulté, ce virage politique se ferait donc en pleine connaissance de cause.
Après cette mauvaise publicité, il faut se poser la question de l’utilité du changement. En effet, seulement 52% des sympathisants frontistes y étaient favorables. À défaut de conquérir, la vague bleue marine devra désormais s’attacher ne pas perdre un électorat. Bien au-delà de son père, désabusé par cette « trahison », ou même de Gilbert Collard qui « se fout complètement du nom », ce sont les électeurs qui faudra convaincre. Un panel qui ne peut toujours pas se prononcer, l’application de vote du FN est pour l’heure indisponible.