Le musée le plus visité au monde a ses secrets comme tout le monde! Surtout en ce qui concerne son économie. La réussite a un coût, sinon Mona Lisa aurait cessé de sourire à la capitale française depuis belle lurette! Le Louvre, c’est en moyenne 10 millions de visiteurs par an. Visité à 70% par des touristes étrangers, la rue de Rivoli n’est pas prête de voir s’arrêter les mouvements de foules se dirigeant tous vers le Carrousel du Louvre. Comment expliquer ce succès international qui n’a de cesse d’attirer amateurs d’art comme touristes curieux ?
D’où vient cet argent?
Tout d’abord, il faut savoir que l’argent ne sort pas de nulle part, même pour le musée réunissant une des plus grandes parties des chef- d’œuvres mondiaux. Cette année, le chiffre du budget du leader mondial des musées s’élève à 199 millions d’euros, rien que ça! Celui-ci se divise en deux composantes: le financement public, comptabilisant pratiquement la moitié du budget total, et les fonds privés. Car pour boucler ses comptes, Le Louvre doit acquérir la maudite somme de 101 millions d’euros, soit 51% du budget total. D’où cet argent sort-il?
En effet, Le Louvre n’aurait pas la gloire qu’il connait aujourd’hui sans des aides publiques et privées. La première source de financement est composée principalement de la vente des billets, achetés par plusieurs types de visiteurs: 60% d’entres eux payent leur ticket, alors que le reste – les artistes et les jeunes de moins de 18 ans – ont la possibilité d’avoir accès aux collections permanentes gratuitement. Au total, les visites rapportent au musée 61 millions d’euros par an.
La seconde source de financement recouvre tout ce qu’on appelle le mécénat, à savoir tous les fonds qui peuvent aider ou promouvoir des arts par des commandes ou aides financières privées. En ce qui concerne Le Louvre, les aides financières données par des entreprises et particuliers représentent 16 millions d’euros par an. Aussi, depuis 2010, le musée a organisé l’opération de communication intitulée « Tous mécènes » afin d’élargir le champ des donateurs habituels et de dire à chacun d’entre nous qu’il peut participer au financement du musée le plus visité au monde, à son échelle.
La troisième source de financement regroupe les privatisations, comme par exemple, celle de visiteurs privés dans un cadre professionnel. En moyenne, chaque année, les entreprises contribuent à 15% du budget total du Louvre. Sachant que l’institution est aussi basée à Lens, dans le département du Pas-de-Calais, les organisateurs de ces privatisations n’ont pas de quoi s’inquiéter niveau place!
Où va cet argent?
L’argent récolté permet en grande parti l’acquisition de nouvelles œuvres. Par exemple, cette année, deux chef d’œuvres ont franchit les murs du Louvre: la Table de Teschen de Johann Christian Neuber, dite « Table de Breteuil » (offerte en 1780 à l’ambassadeur de France à Vienne, le baron de Breteuil, par Frédéric III de Saxe afin de le remercier de son action pacifiste lors de la guerre de succession de trône de Bavière); le tableau Vue d’Avignon, depuis la rive droite du Rhône près de Villeneuve, peint par Claude-Joseph Vernet en 1757 (chef d’oeuvre de la peinture du XVIIIe siècle).
Aussi, la restauration des œuvres déjà exposées nécessite un budget non négligeable afin que les visiteurs redécouvrent les chef d’œuvres en meilleur état. Ainsi, l’année dernière, le musée a restauré la célèbre Victoire de Samothrace. Mais l’argent offre également la possibilité de faire plusieurs types de travaux au sein du musée, comme par exemple, le récent agrandissement de la billetterie qui demandait que l’on casse des murs.
Tous ces types de rénovations doivent être visibles dans chaque espace du musée, que ça soit pour les collections permanentes ou les expositions temporaires. En effet, ces deux types de parcours attirent chacun un nombre considérable de visiteurs par an, pourtant le public n’est pas le même. 70% des visiteurs du Louvre sont des touristes étrangers, venus à Paris afin de découvrir, voir redécouvrir des chef d’œuvres incontournables faisant la gloire du musée à l’échelle internationale. Les billets donnant accès aux collections permanentes sont donc plutôt le lot des touristes, désireux d’admirer la Vénus de Milo ou La Joconde. En revanche, les expositions temporaires sont davantage parcourues par les Français, souvent en quête de nouveauté et modernité.
Des nouveautés tarifaires
Alors qu’habituellement, un visiteur doit débourser 16 euros pour un billet jumelé (collections et expositions), 13 pour les expositions et 12 pour les collections, une nouvelle formule voit le jour au Louvre. Dès le 1er juillet prochain, le musée instaurera l' »entrée unique » au prix de 15 euros afin de créer une « meilleure synergie » entre collections et expositions. Le musée souligne d’ailleurs que « le tarif unique est similaire à ceux pratiqués par des institutions culturelles équivalentes en France (musée d’Orsay : 11 euros ; Centre Pompidou : 14 euros ; Château de Versailles : 15 euros) et il reste inférieur aux prix pratiqués à l’étranger (musées du Vatican : 16 euros ; Rijksmuseum : 17,5 euros ; musée des Offices : 18,5 euros ; MoMa : 25 dollars) ».
Les visiteurs pourront ainsi bénéficier d’un parcours plus libre, sans se soucier des inconvénients tarifaires habituels. Les tickets gratuits pour les artistes et visiteurs de moins de 18 ans, réservés habituellement aux collections permanentes, s’élargiront aux expositions temporaires, et les jeunes âgés entre 18 et 25 ans faisant partis de l’Union européenne auront accès gratuitement aux expositions. Quant à la médiation, elle sera également plus aisée tout au long du parcours des visiteurs: les accrochages seront redéfinis dans les salles, les panneaux et plaquettes d’explications des œuvres seront traduits en trois langues.
Si l’année 2014 était également sous le signe de la gratuité (40% des visiteurs, soit 3,4 millions, ont eu accès gratuitement à des expositions permanentes), en 2015, le musée le plus visité au monde promet d’être encore plus ouvert et de laisser une plus grande liberté à ses 10 millions de visiteurs. Cette fois-ci, vous n’aurez pas d’excuse pour ne pas aller au Louvre! Courrez tous au musée (fermé uniquement le mardi)!