Il y a en ce moment même des affrontements meurtriers à Kiev, capitale de l’Ukraine. Les manifestants contestent le président en exercice Viktor Ianoukovitch et son gouvernement. Ils se sont regroupés sur la place centrale de la ville et ont créé une république autonome au nom de celle-ci : la République autonome de Maïdan. Le conflit a déjà fait 28 morts et les pneus, érigés en barricades brûlent toujours. Mais ici en France, on préfère le chiffre 19. C’est le nombre en milliards de dollars que Facebook est prêt à payer pour racheter l’application mobile Whatsapp.
Les journalistes sont pourtant nombreux à Kiev, ils risquent leur vie au milieu d’affrontements à balles réelles dans le but de nous informer de la situation comme en témoigne la une du site internet du monde :
Cependant, quand on regarde quels sont les articles les plus partagés (donc généralement les plus lus), on constate malheureusement que l’intérêt porté à Kiev est limité. « La carte des rats de New York » par exemple a plus de succès auprès des internautes que l’article intitulé « Chacun ici sait qu’il peut prendre une balle ».
Pourtant le titre de l’article sur Kiev est volontairement racoleur. Comme d’ailleurs tous les titres d’articles consacrés au sujet, qui font appel à la fascination-répulsion des lecteurs pour la violence. Florilège de ce qu’on peut trouver comme titre d’articles : « Le chaos à Kiev en 15 images », « Des dizaines de morts, Maïdan transformée en champ de bataille » ou encore « Sur une place de l’Indépendance dévastée, Kiev compte ses victimes ».
Mais malgré cette astuce toute marketing, que je ne suis pas le dernier à utiliser comme vous avez pu le constater plus haut, peu de gens s’intéressent à la situation. On ne retrouve pas l’engouement qu’il y avait eu lors des révolutions du printemps arabe. Même les grands hebdomadaires semblent avoir compris le peu d’intérêt porté à l’Ukraine et réservent leurs unes à des sujets supposés plus vendeurs (voir la une du Point). Pourquoi la situation Ukrainienne intéresse-t-elle si peu de monde ? Et surtout quelles en sont les conséquences ?
Lors du printemps arabe, les dirigeants Européens avaient réagi, ils avaient apporté un soutient, parfois même militaire, aux manifestants. Mais là, à Kiev où des gens meurent et où le mouvement risque de s’essouffler, tout ce que fait l’UE c’est menacer l’Ukraine de sanctions. Peut-être est-ce une décision politique … Mais dans un monde où l’influence de l’opinion est de plus en plus visible (et donc importante) via les réseaux sociaux, peut-être que le silence de nos dirigeants reflète notre propre silence sur le sujet. Je vous invite donc à cesser de vous questionner sur les villes les plus vertes de France, pour commencer à vous intéresser à la République autonome de Maïdan qui combat la dictature Ukrainienne dans une indifférence presque choquante.