A une semaine des élections générales au Guatemala, le président Otto Pérez doit-il démissionner ? Il est accusé de tremper dans l’affaire de corruption « La Ligne » révélée par l’ONU en avril. Alors que des milliers de manifestants se pressent dans les rues munis du slogan « Moi je n’ai pas de président », une commission parlementaire recommande de lever son immunité présidentielle.
La commission de l’ONU contre l’impunité a mis au jour en avril une énorme affaire de corruption au Guatemala. Le président Otto Pérez en charge depuis 2012 et son ancienne vice-présidente Roxana Baldetti en seraient les principaux responsables. Tous deux auraient autorisé des exonérations de taxes sur certains produits d’importation en échange de pots-de-vin.
Le réseau fonctionnait par l’intermédiaire d’un numéro de téléphone nommé « La ligne » qui mettait en contact les fonctionnaires des douanes et les importateurs. Ceux-ci se voyaient proposer des remises de taxes en échange de dessous-de-table. A partir de près de 90 000 écoutes, l’enquête de l’ONU a révélé que ces fonctionnaires des douanes avaient été choisis par le président et sa vice-présidente.
La Justice a placé Roxana Baldetti en détention. Cependant, Otto Pérez dispose, à ce jour, de l’immunité présidentielle. Une commission d’enquête a statué et « recommande au Parlement, en assemblée plénière, de retirer l’immunité à Otto Pérez Molina pour qu’il soit présenté devant les tribunaux de justice ». L’étape suivante sera un vote au Parlement qui devra réunir l’approbation d’au moins 105 des 158 députés.
Pour le moment, le président a exclu toute possibilité de démission. Même s’il ne peut pas se présenter une seconde fois aux élections générales puisqu’un seul mandat est autorisé au Guatemala, il peut néanmoins conserver son poste jusqu’en janvier 2016.
Mais quelle stratégie compte-t-il adopter durant les mois qui lui restent à gouverner ? Pour le moment, il fait l’autruche. Mais les manifestants qui se réunissent régulièrement pour demander sa démission ont remarqué sa disparition de la scène publique. #NoApareceOtto et #NoTengoPresidente se sont popularisés cette dernière semaine sur Twitter dénonçant un manque criant de répondant du président face au mécontentement général.
Le Guatemala traverse une crise politique sans précédent. Alors que les élections générales sont prévues pour le 6 septembre, la défiance vis à vis du président Otto Pérez se transforme en une crise institutionnelle. Une bonne partie des manifestants demande désormais le report des élections.