Le journal Charlie Hebdo a annoncé aujourd’hui son souhait de lancer un prix littéraire. Ce prix s’adresse aux jeunes, du collège aux études supérieures, et récompensera les travaux inédits et humoristiques portant sur un thème donné.
« Aider des jeunes à se décoincer, à un âge où tout est encore possible. » déclarait Riss, le patron et dessinateur de l’hebdomadaire satirique dans une interview accordée au Parisien. Transmettre des valeurs et « continuer le dialogue », c’est la mission de ce « prix littéraire Charlie Hebdo » qui sera ouvert à tous les jeunes francophones âgés de 12 à 22 ans. Chacun est libre d’y participer, quel que soit son pays de résidence ou ses origines, seule la langue française accompagnée d’une touche d’humour sera de mise.
Tous les participants auront entre le 24 février et le 20 avril pour transmettre leurs compositions sur le site internet du Prix Charlie. Leurs textes seront ensuite soumis à un jury composé de collaborateurs, de dessinateurs et de journalistes de Charlie Hebdo, dont Riss et la dessinatrice Coco feront partie.
« Et si on remplaçait le bac par… ».
« Et si on remplaçait le bac par… » ; tel est le thème pour la première année de ce prix littéraire. Ce prix est une ode à la jeunesse, mettant en perspective les ambitions et les pensées de chacun. Tous les jeunes sont invités à se réunir sous une même bannière, celle d’un journal qui se bat pour faire reconnaitre sa liberté d’expression au risque de s’attirer les foudres du public. Prendre la plume pour s’exprimer, c’est le pouvoir confié à ces jeunes, pour dire tout haut ce qu’ils pensent tout bas.
Ce thème n’est pas choisi par hasard. Le bac est un passage obligé pour chaque jeune d’aujourd’hui, un tremplin pour la vie active qui reste une épreuve, parfois insurmontable pour certains. Chacun se sent concerné, chacun peut donc choisir de s’exprimer. Ce prix, c’est l’occasion de donner à la jeunesse le moyen de faire valoir ses opinions. Un prix au travers du quel chacun peur dire et admettre sans peurs ses différences et ses doutes sur l’avenir.
Un thème universel pour toucher chacun dans sa singularité
Il ne s’agit pas de philosopher, mais plutôt de se confier avec humour et franchise à un lectorat averti et ouvert. Sous ses airs de Hashtag qui agite la toile, ce thème du bac est universel et a pour vocation de toucher chacun au cœur de sa propre singularité humaine.
Mais pour avoir le privilège de voir un jour apparaître ses écrits dans les pages du journal, reste encore aux jeunes de conquérir le coeur du jury. C’est ensuite le public qui sera chargé de départager les dix finalistes, lors d’un vote ouvert du 12 au 26 mai. Les noms des trois lauréats seront publiés dans le Charlie Hebdo du 1er juin prochain. Chacun des trois vainqueur recevra une bourse de 1.000 euros.
Ce prix est une façon de continuer le dialogue entre cette génération et Charlie
Lors de son entretien au Parisien paru ce lundi, le dessinateur Riss évoquait l’après attentat il y a un an, « En janvier-février 2015 nous avions reçu beaucoup de dessins de jeunes souvent spontanés, avec un ton très libre. Ce prix est une façon de continuer le dialogue entre cette génération et Charlie, un journal que beaucoup ont découvert au moment des attentats ». « Charlie est un journal qui ose. Nous avons envie de transmettre ce goût, d’aider des jeunes à se décoincer, à un âge où tout est encore possible », ajoute-t-il.
Riss, directeur de Charlie Hebdo : « Ce prix est une manière de rendre la pareille à cette génération »https://t.co/8xAnKYmhZL
— France Info (@franceinfo) 22 Février 2016
Si le prix ne récompense au final que trois jeunes écrivains amateurs, la rédaction de Charlie Hebdo dit attendre « surtout des textes surprenants », de l’humour noir à l’absurde « toutes les formes d’humour sont bienvenues ». « On veut de la folie, de l’originalité, de l’irrévérence !… Car il est indispensable de prouver que l’esprit de Rabelais et de Desproges est vivant et il n’est pas question de laisser le monopole des lettres françaises aux sinistres », a expliqué Iégor Gran à l’antenne de France Info. Le collaborateur de Charlie Hebdo et initiateur du projet était venu présenter ce nouveau prix littéraire auprès des auditeurs de la radio partenaire du prix.
Douze personnes ont été tuées le 7 janvier 2015, des employés du journal ainsi que plusieurs dessinateurs et rédacteurs de Charlie Hebdo. Ils ont perdu la vie sous les balles de deux djihadistes français qui agissaient au prétexte de « venger » le prophète Mahomet, après que des caricatures avaient été publiées par Charlie Hebdo.
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