Israël, depuis l’arrivée de Netanyahou au pouvoir, semble faire preuve d’un racisme institutionnel. Ainsi, environ 1000 israéliens d’origine éthiopienne se sont rassemblés durant la nuit du lundi 18 mai 2015 pour protester contre le racisme institutionnel de la société israélienne mais aussi pour réclamer plus de justice sociale. Ce rassemblement de ceux de l’on appelle « falashas », « Beta Israël » ou encore « juifs éthiopiens » est le dernier d’une longue liste de manifestations visant à dénoncer mais aussi à améliorer la situation de cette minorité au sein de la société israélienne.
Contraceptifs obligatoires faisant baisser de 50 % le taux de fécondité des juifs éthiopiens d’Israël depuis 2000, violences policières sur fond de racisme, revenus moyens par personne inférieur de 40 % à la moyenne nationale, plus d’un tiers des familles (38,5 %) vivant sous le seuil de pauvreté (contre 14,3 % dans l’ensemble de la population juive) et un très faible accès à l’éducation (seulement 50% ont un diplôme d’études secondaires). Telle est la situation alarmante des 135 000 juifs éthiopiens au sein de la société israélienne.
LA POSSIBILITÉ D’UNE « INTIFADA NOIRE »
La situation des juifs éthiopiens est revenue sur le devant de la scène récemment, après les grandes manifestations du 3 mai 2015 qui avaient regroupé plus de 10 000 personnes selon les organisateurs et 3000 selon la police. La vague de colère des juifs éthiopiens avait été déclenchée par une vidéo montrant deux policiers frappant un soldat d’origine éthiopienne en uniforme près de Tel-Aviv, sans raison apparente (vidéo ci-dessous). Cette violence, teintée de racisme, avait mis en évidence le statut de « citoyen de seconde zone » des juifs éthiopiens au sein de la société israélienne.
En effet, il existe de nombreux exemples explicites du racisme institutionnel en Israël. Tout d’abord, en 1997, il avait été découvert que les autorités sanitaires se débarrassaient, sans l’utiliser, du sang donné par les membres de la communauté éthiopienne et depuis, rien n’a changé. En effet, en 2013, La Magen David Adom, l’équivalent de la Croix-Rouge israélienne, a refusé le don du sang de la députée juive d’origine éthiopienne Pnina Tamato-Shata sous prétexte qu’il serait susceptible de propager des maladies, notamment le sida.
Tout cela a légitimement poussé les juifs éthiopiens à manifester pour la défense de leurs droits au sein d’une société qui les considère clairement comme des « citoyens de seconde zone » et comme des boucs-émissaires. Comme le soulignait le journaliste Dani Adino Abeba, Israël n’est pas à l’abris d’une « Intifada noire » si la situation des juifs éthiopiens ne s’améliore pas.
L’INACTION DU GOUVERNEMENT DE NETANYAHOU
Après les violentes manifestations du 3 mai, Benyamin Netanyahou avait promis « de dénoncer et d’éradiquer le phénomène du racisme ». Toutefois, celui qui se sentait menacé par « les électeurs arabes [qui] se rendent en masse aux scrutins » au moment de l’élection de cette année ne semble pas faire grand chose pour tenter d’améliorer la situation des juifs éthiopiens. En effet, sous l’impulsion de son gouvernent, il est même devenu plus difficile pour les juifs éthiopiens d’émigrer vers Israël. En 2013, Israël a effectivement déclaré la fin de son programme de rapatriement de juifs éthiopiens qui avait permis à des milliers d’entre-eux de rejoindre l’Etat hébreu.
Il est triste de voir les relations entre Israël et l’Afrique se déliter après les liens très forts qu’Israël avait tissé avec le continent noir dans les années 1960. En effet, des étudiants africains étaient accueillis dans les kibboutz et nombreux étaient les Israéliens qui allaient en Afrique pour soutenir le développement des Etats nouvellement indépendants. Tout au long de son histoire, le peuple juif a fait preuve de tolérance, de justice et de paix mais c’est depuis le l’avènement de Netanyahou, qui s’appuie sur des religieux et des laïcs racistes, que le gouvernement sioniste a montré ce visage terrifiant et regrettable du rejet de l’autre