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L’écosocialisme : illusion ou réalité ?

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Hier mardi 5 juillet a eu lieu au Palais du Luxembourg le colloque « éco-socialisme », organisé par le collectif Émergence avec la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation de l’Ecologie Politique. Invités par Gaëtan Gorce (sénateur PS auteur de L’Ecosocialisme) et ses comparses, des intervenants issus de champs différents se sont relayés autour de trois tables rondes. Le centre de la discussion ? La manière de conceptualiser l’éco-socialisme, et surtout comment passer de la théorie à la pratique. L’animateur de la première table ronde, Géraud Guibert (président de La Fabrique écologique) a d’ailleurs prévenu que les risques de ce genre de colloques était de fournir un « discours hors-sol » et « des propositions non ancrées dans le réel« .

Qu’est-ce que l’éco-socialisme ?

Bien que le livre de Gaëtan Gorce ait apparemment conquis certains coeurs, d’autres penseurs semblent vouloir un petit peu plus nuancer le propos. Il est encore trop tôt pour faire des affirmations puiqu’il s’agit d’une pensée émergente. L’humilité doit donc être maître des pensées à son égard, et seules des suppositions sont légitimes. 3 notions peuvent tout de même qualifier les concepts et défis entrant en jeu de cette définition selon Gilles Finchelstein (directeur général de la Fondation Jean-Jaurès) : « la démocratie, (…) l’augmentation des conditions de vie (…) et l’anti-production« .

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Gaëtan Gorce © CHAMUSSY/SIPA

Il s’agit de refuser la logique économique dominante qui mène à l’exploitation (celle des hommes ou de la planète). Ainsi, le mot d’ordre de l’écosocialisme est la « transition« , afin de passer du système capitalisme et productiviste actuel vers un nouveau système plus pérenne pour l’Homme et la Nature. Et pour réaliser cette transition il faut selon le sénateur définir des limites afin de réguler un système qui nous échappe.

S’inscrire hors parti mais pleinement dans le domaine politique :

Parler d’une convergence naturelle entre l’écologie et le socialisme me paraît un peu dérisoire. En effet l’idée que les deux concepts puissent se retrouver dans les attentes du monde contemporain est juste au regard de la crise climatique ainsi que de la crise humaine apparente, mais ils sont tous les deux bien différents, notamment de part leurs origines. Le socialisme, qui a commencé à émerger avec la philosophie des Lumières est à présent étouffée par un parti portant son nom, bien que Gaëtan Gorce rappelle que « modestie et humilité devraient être inhérents au Parti Socialiste« . L’écologie, elle, apparaît d’abord comme étant scientifique au 19ème siècle, et semble avoir du mal à faire présence dans la sphère politique quand bien même il est l’heure de prendre de vraies mesures en sa faveur.

Alors, même si on ne peut pas forcément faire confiance dans un nouveau souffle du socialisme à travers le livre d’un Sénateur PS, d’autres intervenants, comme Blaise Gonda (responsable de projets à la Fondation Jean-Jaurès) a bien spécifié qu’il ne s’agissait pas dans cette nouvelle doctrine de vouloir redorer le blason d’un PS en perdition, mais bien de créer un projet politique certes ancré à gauche mais pouvant brasser plus large, plus socialement, plus démocratiquement et écologiquement à gauche. Il s’agit en effet de l’intérêt commun, celui de remettre les citoyens au cœur du système politique local, national et international, afin que ce soient eux qui prennent les décisions et les impliquer de nouveau dans l’engagement.

Des mesures pour le bien être social et environnemental :

La démocratie est revenue à de multiples reprises dans les débats et on pourra retenir une phrase : « écologiser la démocratiser et démocratiser l’écologie » (Lucile Shmid, vice-présidente de la Fondation de l’Ecologie Politique). L’éco-socialisme invite à prendre des mesures qui repensent les besoins des humains et de la planète dans une idée d’harmonie et de bien-être, un peu comme le voulaient le socialisme utopique. Certaines d’entre elles ont déjà été prises sur certains territoires, d’autres sont encore à l’état de proposition. Baptiste Mylondo, présent lors de la première table ronde ayant pour thème « Quelle prospérité, quel partage des richesses sans croissance ? » a évoqué sa spécialité dans son domaine de recherche qu’est l’économie : le salaire de base. C’est une initiative positive pour l’égalité, le travail bien fait et éthique (puisque personne n’est obligé d’accepter un emploi sous payé et aliénant), et de fait aussi pour la planète puisque cela permet de faire baisser la surproduction et la surconsommation, repenser les modèles d’emploi et « civiliser la compétition » qui mène à l’abus d’exploitation des ressources terrestres. Cela permet d’atteindre une croissance soutenable.

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Une ville en transition © alambic.info

Des alternatives déjà concrètes :

Plusieurs représentants de projet déjà réalisé et ayant fait leurs preuves étaient aussi là (comme un des créateurs du mouvement « villes en transition »). Entre autres étaient présents Cyril Lage et Debora Fischkandl. Le premier a fondé une plateforme sur internet afin de créer l’interaction entre les parlementaires et les citoyens : sur 47 propositions soumises par certaines députés venant de tous les horizons politiques de l’habitacle, 45 ont été votées à la majorité par les citoyens qui ont pu échanger avec eux, proposer des modifications. L’objectif est de créer un lobby citoyen. Le deuxième a créé Boutique sans Argent : tout un chacun, peut importante sa classe sociale est libre de venir et de donner des objets dont il n’a plus l’utilité et / ou en prendre au sein de leur local du 12ème arrondissement afin de faire fonctionner l’économie du don. Ainsi, des initiatives citoyennes peuvent faire place aux vieux fonctionnements polluants et rouillés du capitalisme.

 

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