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L’embargo de Cuba est terminé mais rien n’est oublié

Le 17 décembre 2014, Les États-Unis et Cuba annonçaient la reprise de leurs relations diplomatiques. Si tous les médias se sont félicités de ce dégel relationnel, peu ont rappelé la réalité désastreuse d’un embargo qui étrangle l’économie cubaine depuis plus de 50 ans. Focus historique sur l’embargo le plus long de l’histoire.

Les premières décisions de resserrement économique ont été prises dès 1960  par le Républicain Dwight D. Eisenhower, officiellement en raison de nationalisations entreprises par le gouvernement révolutionnaire de Fidel Castro. En 1962, John F. Kennedy élargit les mesures et impose un embargo.

Effondrement économique cubain

Cet embargo a des effets extrêmement négatifs et rapides. Washington a en effet toujours représenté le partenaire majeure de Cuba par leur proximité géographique : en 1959, 73 % des exportations de l’île allaient au voisin américain et 70 % des importations en provenaient. À peine l’embargo mis en place, les échanges entre les deux pays se désagrègent presque totalement. Au détriment des cubains, évidemment.

La justification de l’embargo a toujours mis en avant l’étroitesse des relations entre Moscou et Cuba. Mais en 1991, lorsque le bloc soviétique s’effondre et que la Guerre Froide se réchauffe enfin, Les États-Unis décident paradoxalement d’aviver les sanctions contre l’île.

cuca photo

Mépris américain pour le droit  international

Cuba connaît alors la plus grave crise économique de son histoire. La disparition de l’URSS, son premier partenaire commercial, fait plonger le PIB dans un gouffre abyssal en baissant de 35 % en trois ans.  À partir de l’arrivée de M. George H. Bush au pouvoir, en 1992, les sanctions prennent une dimension extraterritoriale interdite par le droit international : désormais, tout navire étranger qui accoste à Cuba devient interdit d’entrée aux États-Unis pendant six mois. Ultimatum très efficace pour les entreprises internationales qui ont à choisir entre la première puissance mondiale et une petite île aux abois… Dilemme qui n’en est pas vraiment un. Conséquence directe pour Cuba qui dépend énormément du transport maritime. 

En 2004, par l’intermédiaire d’une Commission d’assistance à un Cuba libre, M. George W. Bush décide d’encadrer les voyages et les envois et échanges d’argent vers Cuba. Concrètement, alors que tout résident des Etats-Unis d’origine étrangère est autorisé à se rendre dans son pays d’origine quand bon lui semble, les personnes souhaitant se rendre à Cuba doivent obtenir une autorisation administrative du Trésor américain. Les séjours  sont aussi grandement restreints, passant à quatorze jours tous les trois ans, au lieu d’un voyage par an auparavant. Concernant le contrôle de l’argent, les résidents d’origine cubaine ne peuvent faire parvenir que 100 dollars par mois à leur famille. Encore une fois, l’île est soumise à un régime spécifique, puisque tout citoyen peut normalement envoyer une aide financière à l’étranger sans limites de montant.

En 2009, Barack Obama met fin aux limitations des voyages et envois d’argent. Mais pendant cinq ans, les États-Unis ont violé les libertés individuelles d’une catégorie de leurs citoyens. 

Les États-Unis ont empêché l’île de bénéficier d’avancées médicales

Faits moins abordés car plus indirects, les sanctions américaines ont aussi un impact tragique dans le domaine de la santé. Plus des trois quarts des brevets médicaux sont en effet déposés par des entreprises pharmaceutiques américaines. Dès lors, Cuba n’a pas le droit de bénéficier des avancées scientifiques mondiales. 

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies remarque ainsi que « les restrictions imposées par l’embargo ont contribué à priver Cuba d’un accès vital aux médicaments, aux nouvelles technologies médicales et scientifiques ».

La levée de l’embargo constitue ainsi une correction tardive d’une violation du droit international que tous les États du monde condamnaient tous les ans. Néanmoins, ces cinquante ans d’embargo ont asphyxié l’économie cubaine et terrassé le modèle anti-libéral de l’île.

Antoine Morange 

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