Comme chaque année, il s’en passé des belles sur le plan musical en 2014. De fantastiques albums sont sortis, des nouveaux talents se sont révélés, pour le plaisir de nos oreilles. Bien sûr, beaucoup n’ont malheureusement pas eu le temps de guetter les meilleurs sorties. Ne vous inquiétez pas, cette courte sélection est pour vous. Les disques cités se démarquent clairement du lot par leur qualité. Il est évident que de (trop) nombreux disques manquent à l’appel mais il a fallu faire des choix. Si ils ne feront pas l’unanimité (la musique reste, comme tout les arts, subjective), ils méritent clairement tous leur chance. Bonne écoute!
D’Angelo / Black Messiah
On y croyait plus. 14 très longues années après avoir livré au monde l’un des plus grands classiques de la soul moderne, « Voodoo », D’Angelo a sorti la suite de son chef d’oeuvre dans la nuit du 15 décembre, de manière totalement impromptue, intitulé « Black Messiah ». Inutile de tourner autour du pot, l’album n’est sorti que depuis quelques jours mais le résultat est splendide. Soul Psychédélique, Jazz-Funk, Hip-Hop sont les influences au cœur de ce disque et à l’aide de sa voix sucrée et de son indiscutable talent de soliste initiateur du mouvement néo-soul qui a réussi à élever la musique afro-américaine au rang de la perfection. Rien que ça.
Mac Demarco / Salad Days
Demarco n’a pas besoin de grand chose pour créer un disque immense. Des sons de guitares lo-fi, des envolées pop psychédéliques, quelques synthés un peu kitsch…rien de fou-fou en apparence. Mais c’est sans compter l’immense talent du canadien qui avec ces quelques éléments a réussi à pondre un album unique, à l’ambiance planante. Malgré sa simplicité et sa cohérence, l’oeuvre se bonifie au fil du temps de manière surprenante, son écoute quasi-quotidienne en devient presque nécessaire. Avec ce troisième disque, Mac Demarco confirme qu’il est un incontournable de la scène indé.
BADBADNOTGOOD / III
Il y a peu de groupe de jazz qui peuvent citer Tyler The Creator et MF DOOM comme influence majeure. BADBADBADNOTGOOD est à des années-lumières des idées préconçues de ce genre musical de plus en plus jugé élitiste. Avec III, leur troisième album comme son nom l’indique, le trio canadien offre un véritable tour de force avec une musique puissance et d’une modernité hallucinante pour du jazz, qui accroche instantanément. Il n’y a pas besoin d’être un expert en musique savante pour savourer cet album, seulement des oreilles bien ouvertes.
The War On Drugs / Lost In The Dream
On devine de nombreuses influences dans la musique de The War On Drugs: Bruce Springsteen, Neil Young, Bob Dylan, Spacemen 3 ou encore Tom Petty. Toutes ces influences semblent avoir été très bien digérées étant donné que non seulement le résultat est unique, mais surtout magnifique. On est hypnotisé par l’ambiance que génère cette musique arrivant à transformer les 9 minutes de la première plage en un instant presque trop court. L’immersion et l’addiction ne descend pas à un seul moment au fil de l’écoute du disque.
Taylor McFerrin / Early Riser
Fils du monument jazz vocal Booby McFerrin (si je vous dis « Be Happy » vous devriez mieux comprendre), Taylor McFerrin a mis plus de 6 ans pour peaufiner son premier album solo. Et ça en valait la peine apparemment. Le producteur, multi-instrumentiste et (discret) chanteur a réalisé un petit chef d’oeuvre! Mélange de musique électronique, jazz et de soul, chaque morceau du disque est une pépite bourrée de mélodie tout droit sorti des rêves de son auteur. Les invités donnent parfois de leur voix ou de leur instrument, mais c’est toujours McFerrin qui est au centre des attentions. Impossible de passer à coté.
Odezenne / Rien
Il fallait bien un album français et il n’y a pas eu à se forcer. N’essayez pas de coller une étiquette quelconque au groupe bordelais Odezenne, ils détestent ça. Comme ils le disent si bien, la seule chose pour les définir serait de dire qu’ils font de la musique en français, relativement rappé parfois. Une musique poétique où la richesse des mots est encadrée par des sonorités électroniques de biens bons goûts. Après deux albums excellents, le trio bordelais a décidé de sortir un EP de 5 titres en attendant un album plus ambitieux. Le résultat est quelque chose d’unique, frais, vu nulle part ailleurs sur le paysage francophone. On a hâte de voir la suite.
Flying Lotus / You’re Dead
Chaque fois que Flying Lotus sort un album c’est un peu un jour de fête. Que va-t-il trouver pour nous émerveiller cette fois ci? Le gourou de la musique électronique dans sa forme la plus noble a décidé de revenir à ses influences free-jazz tout en restant dans un registre des musiques expérimentales et hip-hop. On se plonge dans ce disque comme dans un voyage, ou la majorité des plages n’ont rien d’incroyable individuellement (certaines durent moins d’une minute) mais prennent tout leur sens lorsqu’elles sont connectées entre elles. Il y a bien les morceaux avec Kendrick Lamar, Snoop Dogg et Herbie Hancock qui sont si puissants qu’ils se dégagent de l’aura de l’album, mais c’est bien là à une pièce unique à qui nous avons affaire, qui s’écoute du début à la fin. Le résultat en vaut franchement la peine. (nb: Never Catch Me est sublime)