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Les deux visages de Mathieu Kérékou

Mathieu Kérékou, ancien dirigeant du Bénin

La mort de l’ex-président du Bénin Mathieu Kérékou ce 14 octobre a réouvert les débats sur la transition démocratique des années 1990. Père de la démocratisation africaine ou opportuniste, celui qui se faisait appeler « le caméléon » demeure une figure africaine énigmatique à deux visages.

Mathieu Kérékou a été à la tête du Bénin durant deux périodes bien marquées : en tant que dictateur de 1972 à 1991 puis en tant que président de 1996 à 2006. Il a dirigé le pays pendant 29 ans de manière complètement hétérogène. Alors, quelle était la vraie forme du caméléon ?

La gouvernance de fer

L’arrivée de Mathieu Kérékou à la tête de la République du Dahomey en 1972 ne laisse aucun doute sur sa nature. L’armée renverse le président Christophe Soglo, son conseil et l’Assemblée Nationale le 26 octobre. Du même coup, Kérékou fait mettre en prison les trois anciens présidents.

Le coup d’Etat est efficace puisque dès 1974, Kérékou annonce une politique marxiste-léniniste. Le Parti de la Révolution Populaire du Bénin qu’il crée à ce moment devient le parti unique du pays. En 1975, le pays quitte son ancien nom de République du Dahomey pour devenir la République Populaire du Bénin.

Les années 1980 sont des années noires en Afrique. Alors que l’indépendance avait donné un véritable souffle aux économies des pays africains, les années 1980 marquent un frein très clair dans cette dynamique de croissance. Mathieu Kérékou, comme beaucoup d’autres dirigeants africains à l’époque, signe des accords avec le FMI pour tenter de relancer l’économie.

Les nouvelles directives de la Conférence Nationale

Sentant que le vent était en train de tourner à son désavantage, Mathieu Kérékou convoque en 1989 une grande Conférence Nationale. Son but est d’amorcer une transition démocratique dans le pays.

En 1990, la Conférence demande à Mathieu Kérékou d’amorcer une période de transition d’un an qui sera suivie de l’élection d’un Président, qui devra partager son pouvoir de manière démocratique avec un Premier ministre.

Mathieu Kérékou accepte ces conditions et organise des élections en 1991. Il est candidat mais perd à la faveur de Nicéphore Soglo, élu pour 5 ans.

Le retour d’un homme nouveau

En 1996, Mathieu Kérékou est de retour pour les élections présidentielles. Il se présente comme un homme nouveau. En effet, il est devenu pasteur évangélique alors qu’il était auparavant athéiste. Son discours convainc, puisqu’il est élu avec 52,5% des votes. Il est ensuite réélu en 2001.

Sa conduite de l’Etat durant ces 10 ans est exemplaire. Il respecte la séparation des pouvoirs et ne présente aucune dérive autoritaire. Il refuse même de changer la Constitution en 2006 pour reculer l’âge limite de la présidence et être réélu.

Insondable, Mathieu Kérékou emporte dans sa tombe toute la vérité sur l’intentionnalité de ces actions. Ce qui ne peut lui être nié en tout cas est d’avoir été un grand homme politique pour le Bénin et pour l’Afrique dans son intégralité.

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