Merzak Allouache (très populaire en France depuis le film Chouchou) a présenté son film Les Terrasses (2013) au Palais du cinéma Le Louxor début mai 2015 (le mardi 12 mai). Un film, très réussi, qui montre le quotidien et la violence de la vie algéroise à partir des terrasses de la ville…
Les Terrasses (2013), c’est un film franco-algérien de Merzak Allouache. Ce film regroupe plusieurs court-métrages enchevêtrés qui montrent la vie qui passe sur plusieurs terrasses d’immeubles algérois. La ville d’Alger fut construite sur plusieurs collines. Grâce au relief de la ville et aux terrasses, on peut voir chez les voisins mais aussi discuter avec eux. Dans le film Les Terrasses, le réalisateur a souhaité montrer « la vie des terrasses telle qu’elle se déroule » (avec des mariages, des fêtes, des réunions, des suicides, des meurtres). Les Terrasses constituent à la fois un espace privé et public sans concession, miroir de la société algéroise où ont lieu de nombreuses réunions, des débats mais aussi des conflits… Le film se passe sur un jour complet, du lever du soleil à son coucher en passant par la nuit illuminée d’Alger. Le film raconte les histoires de vie qui se déroulent sur cinq terrasses des quartiers historiques et populaires de la ville d’Alger : la Casbah, Bab el Oued, Belcourt, Notre-Dame d’Afrique, Telemy. Ces terrasses sont ouvertes sur la ville, la baie et l’horizon méditerranéen… On découvre alors les paysages splendides qu’offre cette capitale surpeuplée… La Méditerranée, la basse Casbah avec la mosquée Jamaa al-Jdid comme sur cette photo.
Selon le réalisateur, le film Les Terrasses est « une radioscopie d’une composante importante de la population » algéroise avec une importante galerie de portraits (il utilise le terme de film « chorale »). Ce film évoque également la crise du logement qui touche cette ville d’Alger. C’est la première fois, qu’il a fait jouer autant d’acteurs. Les acteurs de ce film sont souvent des acteurs de théâtre qui parlent la langue d’Alger (de l’arabe dialectal algérien avec des mots de français et d’espagnol). Les cinq court-métrages ont été écris sans penser l’un à l’autre. Le réalisateur a écrit le film en français et les acteurs réalisaient leurs traductions en arabe. Le tournage a duré une dizaine de jours, chaque court-métrage fut réalisé en 2 jours.
Le réalisateur a également évoqué avec son public la difficulté de tourner dans les villes algériennes. Les problèmes de censure qui touchent de nombreux pays arabes. Pour les réalisateurs, il ne faut alors pas franchir « la ligne rouge » et pratiquer « l’école de l’auto-censure ». Puis, il a déploré que le cinéma ne soit pas plus présent dans l’actuelle société algérienne.
Le réalisateur Merzak Allouache au Palais du cinéma Le Louxor
Certains spectateurs ont été choqués par les scènes de violence; violence qui serait pourtant très présente dans la société algérienne même si on souhaite la cacher (comme on peut le voir dans de nombreuses scènes du film). Il a également eu la volonté de montrer l’homosexualité féminine que l’on cache énormément. Puis il a ajouté « on cherche tellement à cacher les choses que tout ressort ».
Ce film montre une société algéroise pleine d’ironie, de violence, de non-dits et de sourires. Il est tourné vers la Méditerranée et certaines répliques vont vous faire rire. Un film à voir absolument pour découvrir ou redécouvrir Alger et la société algéroise…