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Europe : de retour dans les années 1930 ?

« Winter is coming ». On attend un vent de fraicheur sur l’Europe. Non pas un blizzard venant nous rappeler les tréfonds de l’ère d’Hitler, Mussolini ou autre Staline, mais un souffle nouveau pour donner de l’air à nos politiques essoufflé(e)s. On a l’impression de sentir l’haleine encore chaude de l’extrême droite nous caresser les oreilles. Quotidiennement. Un jour c’est le Brexit. Un autre c’est les présidentielles en Autriche. Il est temps de réagir. Quelles solutions face à cette Europe aux abois qui nous rappelle le passé ?

Une étrange similitude entre les deux époques

Le rôle de l’Histoire, c’est de se rappeler des erreurs que l’on a commises. Nous pensions avoir retenu la leçon. L’extrême droite et le fascisme sont ringards. La paix est acquise. Les aléas économiques assurés par le modèle social du « Welfare State ». Il n’y a absolument aucun risque que l’Histoire ne se répète. Et pourtant…

80 ans plus tard, nous retournons 80 ans plus tôt. Les ressemblances entre la crise économique de 1929 et celle de 2008-2009 ne sont plus à démontrer. Crise financière d’origine américaine, éclatement d’une bulle spéculative, crise sociale et politique majeures, ça ne vous rappelle rien ? Nous connaissons les effets qui peuvent être engendrés par une crise du genre. La montée de l’extrême droite n’est pas anodine. En 1933, c’était Adolf Hitler qui régnait sur l’Allemagne. C’était Mussolini en Italie. En 2016, Victor Orban règne sur la Hongrie, et le FPÖ (parti d’extrême droite autrichien) va peut-être accéder à la présidence.

La dislocation de l’Europe ? Encore un point commun. Dans les années 1930, jamais les pays européens n’avaient autant été isolés les uns des autres économiquement parlant. Le protectionnisme était la norme. L’Allemagne quittait la SDN, qui maintenait une paix fragile. Dans les années 2010, jamais les pays européens n’ont été aussi proches de se replier les uns sur les autres. Le Brexit n’est que l’illustration du courant de pensée isolationniste qui envahit l’espace public européen.

Source : Urtikan.net

Source : Urtikan.net

Que nous avons la mémoire courte. Dans les années 1930, nous avons pu voir les conséquences de l’extrême droite au pouvoir et d’une Europe divisée. C’était une Europe en guerre. Une Europe dévastée. Une Europe meurtrie. Et quelle réponse avons-nous su apporter pour la réparer et l’apaiser au sens strict du mot ? L’intégration. L’Histoire fonctionnant par cycle, il est temps de reproduire les choses qui marchent. Et oui. Ce n’est pas seulement une manière d’apprendre de ses erreurs.

L’intégration comme solution

L’Europe a choisi l’intégration pour garantir la paix et assurer une certaine prospérité. Nous en avons eu la démonstration tout au long du XXème siècle. Une intégration économique à travers l’union douanière, la monnaie unique, le marché commun, etc. Une intégration politique à travers les institutions supranationales représentant une Europe unifiée. Une intégration juridique qui assure une cohésion entre les pays. L’Europe n’a jamais connu une période de paix aussi longue. Et à chaque crise qu’elle a rencontrée, elle a toujours choisi ce modèle pour y répondre. Par exemple, l’Europe a décidé d’approfondir l’intégration politique suite à l’éclatement du bloc communiste avec le traité de Maastricht en 1992. La seule condition nécessaire à sa réussite est la présence d’entrepreneurs politiques.

Le Parlement européen comme symbole d'une Europe unifiée

Le Parlement européen, comme symbole d’une Europe unifiée. Source : Agence Bujumbura News

C’est actuellement le problème face auquel nous sommes confrontés. Il manque des acteurs politiques pour renforcer l’Europe. Il manque un Jacques Delors. L’Europe doit aller vers plus d’intégration et non pas vers plus de désintégration. Les courants souverainistes pensent que l’Union européenne est responsable de tous nos maux : chômage, insécurité, pauvreté… Alors que c’est tout le contraire. En sortant du marché commun, c’est tout le commerce extérieur qui est impacté.

Or l’une des principales réussites de l’UE est le développement de ces liens commerciaux qui représentent une grande part du PIB des pays membres. Le chômage et la pauvreté n’en seraient que décuplés. La faillite du programme Frontex, intimement lié à la problématique de l’immigration, est également due à un manque de coopération entre les pays membres. C’est donc en allant plus loin dans l’intégration que nous sortirons de cette crise. C’est l’Histoire qui le dit.

Les individus ont peu de considération pour l’Union européenne. Leur seule préoccupation est l’amélioration rapide de leur quotidien. La vie promise par le retour à la souveraineté totale est plus flamboyante que l’Union européenne. Le discours pro-européen est complément étouffé par les discours souverainistes. Il est devenu inaudible. Il est donc nécessaire de lui redonner un second souffle pour concurrencer un discours destructeur et dangereux. Cette initiative pourrait notamment se formaliser autour d’une alliance entre les partis républicains, où le clivage droite/gauche ne semble plus réellement avoir sa place dans les sociétés européennes. Hommes et femmes politiques, vous avez du pain sur la planche !

À lire aussi :

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Crédit Photo à la Une : Reuters

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