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Burkini : levons le voile sur cette polémique

Mais comment un simple bout de tissu peut-il provoquer des déchirements aussi intenses dans la société ? Quelles valeurs se cachent derrière ce combat ? La réconciliation est-elle possible ? Tentative de réponse à posteriori, d’une polémique qui n’a pas fini de faire parler.

La laïcité, une définition à géométrie variable

Avant d’aborder concrètement le fond du sujet, il est nécessaire de revenir sur cette notion de laïcité. Qu’est-ce que la laïcité ? Nous avons tendance à simplifier la chose : « C’est la séparation de l’Église et de l’État ». Deux conceptions bien différentes peuvent découler directement de cette définition. La première (1) consiste en la non-intervention de l’Etat sur l’exercice des religions. Il en respecte indifféremment toutes les pratiques dans l’espace public et privé. Cette lecture de la laïcité s’applique principalement dans les pays anglo-saxons.

La deuxième conception (2) se caractérise par le respect du culte dans la mesure où celui-ci se limite strictement à la sphère privée. L’État se veut alors interventionniste : aucune religion ne doit ostensiblement se distinguer dans la sphère publique. À partir du XXème siècle, la France a plus eu tendance à suivre la deuxième interprétation. Mais des zones floues résident encore dans son application propre. C’est par exemple le cas du port du voile autorisé à l’université, mais pas au lycée. L’université est pourtant tout autant un espace public que le lycée. Et les deux ont le même degré de dépendance vis-à-vis de l’État. D’où le paradoxe.

L’antiracisme et le féminisme au cœur du débat

Les pro-burkinis interprètent la laïcité selon la première conception (1). Priver les femmes de se vêtir comme elles le veulent, relèverait de la faute morale. D’une part, l’État ne devrait pas s’impliquer dans l’exercice d’une religion (sous peine de défendre un racisme arbitraire à l’égard des musulmans). D’autre part, l’État opprimerait la Femme en l’interdisant de s’habiller comme elle le veut. L’égalité Homme-Femme serait également biaisée.


Les anti-burkinis, adeptes de la seconde conception (2) de laïcité, évaluent le port du burkini comme une atteinte à la liberté d’opinion. Interdire ce vêtement ne serait donc pas perçu comme un acte raciste, mais comme un moyen de faire respecter la liberté d’opinion. À travers ce combat, ils souhaitent aussi défendre le statut de la femme. Le fait de différencier l’homme de la femme sous prétexte de la religion, relèverait d’une forme de totalitarisme. L’image de la femme serait bafouée. Proscrire la burkini serait donc le meilleur moyen d’assurer l’égalité entre les sexes.


Alors la réconciliation, c’est pour bientôt ?

Non. Et pourtant les deux « camps » partagent des valeurs en commun : féminisme et antiracisme. Le vrai problème est l’interprétation que l’on fait de la laïcité. À partir de là, la mise en pratique des deux idéologies change radicalement de tournure. L’un pouvant accuser l’autre de racisme, alors que lui-même pense aussi le combattre.

La cohabitation actuelle des deux conceptions de la laïcité n’est pas durable, tant elles sont contradictoires. Il va falloir trancher pour apaiser les tensions internes. C’est d’ailleurs peut-être bien l’un des enjeux des élections présidentielles qui vont prochainement avoir lieu. Rendez-vous en 2017.

À lire aussi :

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Crédit photo à la Une : Nice Matin/Sophie Louvet

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