Célèbre tueur en série dont le mystère de l’identité plane depuis plus d’un siècle sur des générations de criminologues et d’enquêteurs, Jack l’Eventreur pourrait finalement avoir un vrai nom. C’est que révèle un homme d’affaires britannique qui a mené l’enquête pendant 7 ans.
Des centaines d’hypothèses formulées, autant de suspects que de visages incarnés au cinéma, mais personne n’avait jusque là réussi à trouver son identité. Ça serait à présent fait. Selon le Daily Mail, Jack l’Eventreur a enfin été démasqué.
Cinq victimes officielles et des dizaines de victimes présumées. L’affaire de Jack l’Eventreur a secoué la société victorienne d’alors, avec l’assassinat de cinq prostituées à Whitechapel, quartier alors malfamé de Londres. Depuis, nombre de livres et films ont donné leur version des faits. Mais ce dimanche, il semble que le voile ait été levé. L’auteur de ces crimes à l’automne 1888 serait un immigrant polonais du nom d’Aaron Kosminski.
Un enquête de longue haleine
Le quotidien anglais s’appuie ainsi sur la découverte de Russell Edwards, homme d’affaires anglais. Tout commence en mars 2007 lorsqu’il acquiert un châle retrouvé près de l’une des cinq victimes de Jack l’Eventreur, Catherine Eddowes, pendant une vente aux enchères.
Voulant s’assurer de la bonne provenance de cet accessoire, l’enquêteur amateur prend contact avec le précédent propriétaire, qui lui assure être un descendant de l’un des officiers de police présents sur la scène de crime. A l’époque, le sergent Amos Simpson a récupéré le carré de tissu marron et bleu pour le donner à sa femme. Depuis, le châle a été transmis de génération en génération sans qu’il ne soit lavé une seule fois.
Fasciné par l’objet, Russell Edwards repère un motif sur le fichu : des marguerites de la fête de la Saint-Michel. Il fait alors un premier rapprochement avec le tueur en série, nous raconte le Daily Mail. Il note en effet que cette fête chrétienne se déroule le 29 septembre chez les catholiques et le 8 novembre chez les orthodoxes. Or, ces deux dates correspondent avec les jours des meurtres d’Elizabeth Stride et Catherine Eddowes, le 29 septembre, et de Mary Jane Kelly, la dernière victime officielle, le 8 novembre. Constatant qu’Eddowes est trop pauvre pour s’offrir une telle pièce, Edwards en conclut que Jack l’Eventreur aurait pu laisser délibérément le châle près de la victime, pour révéler la date de son prochain crime.
Par la suite, pour continuer son enquête, l’homme d’affaires s’intéresse à la personnalité des six suspects de l’époque, et particulièrement à celle du barbier-coiffeur, Aaron Kosminski, 23 ans au moment des faits. Ce juif polonais a fui les pogroms russes en 1881 pour s’établir avec sa famille dans le quartier de Whitechapel. Il est décrit par Edwards comme mentalement instable. « Probablement un schizophrène paranoïaque souffrant d’hallucinations auditives. Certaines personnes le décrivent comme un misogyne adepte de « l’auto-abus », un euphémisme pour qualifier la masturbation », écrit-il dans le quotidien britannique. Néanmoins, Scotland Yard ne l’arrête pas à l’époque, faute de preuves suffisantes pour l’inculper. Il est gardé sous surveillance pendant 24 heures avant d’être confié à un asile psychiatrique pour le reste de sa vie.
Cela ne décourage pas Edwards, qui fait analyser deux ADN retrouvés sur le châle. Dans sa recherche, il est aidé par un expert d’Interpol en analyse génétique, Jari Louhelainen. Avec une caméra infrarouge, ils découvrent des traces de sperme sur le châle ainsi que des tâches de sang et des cellules de rein, appartenant à Catherine Eddowes, dont l’un des reins a été sectionné et emporté par le meurtrier. Pour être sûr de leur fait, les deux enquêteurs vont retrouver une des descendantes de la victime, une certaine Karen Miller. Celle-ci accepte d’effectuer des tests ADN. Analysés, ses échantillons vont se révéler concluants pour les deux hommes. Ils concordent avec l’une des empreintes retrouvées sur le tissu. De même, une descendante de la sœur de Kominski décide de fournir son ADN. Celui-ci correspond à 99,2% aux tâches de sperme retrouvées sur le châle, selon le Daily Mail. Le doute n’est plus admis, Aaron Kominski est Jack l’Eventreur.
Pour autant, les spécialistes de l’affaire ne sont pas tout à fait convaincus. Des éléments semblent manquer. Mais cela ne tarit en rien l’enthousiasme de Russell Edwards qui raconte : « J’ai célébré cette découverte en visitant le East End, errant dans les rues où Kosminski avait vécu, travaillé et commis ses crimes odieux. Un sentiment d’euphorie, mais aussi d’incrédulité m’habitait (…) Après 126 ans, j’avais enfin résolu le mystère. » Mystère qui continuera à coup sûr d’alimenter livres et de films sur le sujet.