L’un des programmes phares des émissions jeunesses des années 70 créé par Christophe Izard est resté dans les cœurs et fête ses 50 ans. Retour sur L’Ile aux enfants, et son inoubliable Casimir.
Une autre télévision pour les enfants
Pour les jeunes gens d’aujourd’hui, l’ORTF n’est qu’un nom croisé dans quelques livres d’histoire, du moins pour les plus lettrés. Quant à l’existence d’une télévision avec simplement trois chaines accessibles, cela fait écarquiller les yeux des incrédules et ressemble à de la science-fiction pour ceux qui sont désormais biberonnés aux bouquets multi-chaines. Si la télévision de Papa regorge de ce parfum nostalgique de la première fois, c’était aussi un espace où l’on pouvait passer sous les fourches caudines de la censure mais où l’on pouvait également laisser la possibilité aux programmes de s’installer! Pas de mesures d’audience comme on l’entend aujourd’hui, pas de courses à la surenchère, juste des espaces créatifs où les artistes et les pionniers d’une télévision qui s’inventait au jour le jour, faisaient leurs armes.
La magie de L’Île aux enfants
Au centre de tout cela, derrière les programmes phares, régnaient de grands manitous qui donnèrent à la télévision française sa spécificité. En 1972, alors que l’ORTF vit ses dernières années, Christophe Izard est chargé d’adapter le programme phare de la jeunesse américaine, Sesame Street. Il contacte à cet effet Yves Brunier, sans se douter à cet instant que leurs destins allaient être liés des années durant. Mais finalement l’adaptation de Sesame Street ne parvient pas à dépasser le stade du pilote et ce n’est qu’en 1973 que 420 épisodes du programme original sont achetés et doublés en français.
Afin de compléter la tranche des programmes jeunesse, Christophe Izard est alors chargé de créer un programme complémentaire à ce qui est devenu Bonjour Sesame. C’est là que naît l’idée ce qui va devenir l’objet de ce texte, un programme que toute une génération a fait roi et qui a parcouru le temps et s’est inscrit dans la mémoire collective et dans l’Histoire de la Télévision : L’Ile aux enfants.
Nul intérêt de continuer à égrener les dates et les coulisses de la création de ce programme jeunesse qui a marqué des millions d’enfants. Un ouvrage paru en 2014 aux Editions Hors Collection et écrit par le tandem Pierre-Alek Beddiar et Arnaud Magnier, le fait bien mieux que ne le résumerait cet article. Un ouvrage fourmillant d’anecdotes, de photos rares, de documents exceptionnels et abordant tous les aspects d’une émission qui, pendant huit ans, apportera son quota de rêves et de bonne humeur dans les foyers français et qui marquera plusieurs générations de bambins.
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« Je me souviens » de L’Île aux enfants
Plutôt que d’en détailler les faits, souvenons nous à la manière du Je me souviens de Georges Perec comment L’Ile aux enfants a laissé une trace indélébile dans nos cœurs d’enfant.
– Je me souviens de Casimir bien sûr, de sa bonhomie, de ses bêtises, de sa gentillesse et de la douceur qu’il véhiculait.
– Je me souviens de ce générique, de cette chanson entêtante qui a traversé le temps et que je me suis parfois surpris à fredonner à mon corps défendant bien des années plus tard.
– Je me souviens d’un verre à moutarde Amora à l’effigie du « Monstre Gentil » dans lequel je buvais avec plus de plaisir que je ne l’aurais fait dans un verre blanc.
– Je me souviens de François, de Julie, du Facteur, M. Du Snob, ces adultes qui n’avaient pas l’apparence de parents et dont on ne ressentait pas l’autorité mais juste la joie de vivre.
– Je me souviens des couleurs acidulées, de ces images qui envoyaient du rêve avant que la nuit ne tombe.
– Je me souviens du Gloubiboulga, de cette improbable recette qui mettait notre héros en émoi et de la gourmandise légendaire de Casimir
– Je me souviens de Hippolyte, de Léonard, de la malle magique, de tous ces personnages si attachants.
– Je me souviens de ces chansons aux refrains entrainants qui revenaient avec régularité nous enchanter.
– Je me souviens de ces séquences diffusées pendant l’émission et dont certaines m’ont vraiment marquées : Antivol, Bonjour Gribouille, La vache Noiraude…
– Je me souviens de cette figurine en vinyle souple orange qui ne m’a pas quittée pendant très longtemps.
– Je me souviens de ce temps sans polémiques, ni images choquantes, où le plaisir d’être un enfant se résumait en un prénom : Casimir
– Je me souviens que l’envie de conserver une âme d’enfant doit sans doute beaucoup à une émission intelligente et intéressante, qui savait aussi bien instruire que divertir.
– Je me souviens de tout et surtout que « sur l’île aux enfants, c’est tous les jours le printemps »
Ouais, et alors ?
Crédit: Osibo News