En France, 10 millions de tonnes de nourriture sont jetés chaque année, l’équivalent de 16 milliards d’euros perdus. En 2012 Paul-Adrien, Christophe Menez et un de leurs amis d’enfance ont monté leur entreprise « Zéro-Gâchis ». Leur objectif : remédier à ce gaspillage alimentaire de grande ampleur. Laure Poissonnier, la chargée de communication de Zéro-Gâchis, a répondu à quelques questions pour détailler le rôle de l’entreprise dans la lutte anti-gaspillage.
Dans quel but a été créée l’entreprise Zéro-Gâchis ?
En 2012, à l’époque où Zéro-Gâchis a été créée, on parlait très peu de « gaspillage alimentaire ». L’entreprise et son concept novateur ont donc tout de suite connu un grand succès.
Dans les supermarchés, les produits qui approchaient de leur fin de vie n’étaient pas mis en avant et finissaient à la poubelle. L’entreprise a eu l’idée de mettre en place une application qui permet de répertorier tous les supermarchés qui ont des produits bientôt périmés pour éviter le gaspillage.
De plus, Zéro-Gâchis s’est rendue compte que les employés perdaient beaucoup de temps à étiqueter les produits dans les grandes surfaces. La société a donc développé une étiqueteuse qui permet à la fois d’alléger le travail des chefs de rayon et d’automatiser la production d’étiquettes de promotion. Cette étiqueteuse permet aussi de récolter des données pour rendre visible tout ce que le magasin gaspille et réduire ce gaspillage en amont.
Pourquoi cette cause vous tient-elle à coeur ?
Depuis leur plus jeune âge, les fondateurs de l’entreprise sont très sensibles à cette thématique. Pour eux, tout ce gaspillage alimentaire, ces produits invendus représentent un non sens. Ils veulent faire en sorte que les problématiques environnementales d’aujourd’hui ne soient plus celles des générations futures.
Quels sont les principaux engagements de Zéro-Gâchis ?
Le principal engagement de Zéro-Gâchis est la lutte contre le gaspillage alimentaire. La loi Garot de 2016 a fait évoluer cette problématique. Elle a notamment interdit aux grandes surfaces de jeter les invendus encore propres à la consommation. Les dirigeants de l’entreprise ont participé aux groupes de travail pour aiguiller les politiques dans la mise en place de cette loi.
Par ailleurs, l’entreprise souhaite faire en sorte que les produits alimentaires soient accessibles à tous. Certaines personnes dans le besoin vont pouvoir acheter de la nourriture à petit prix à travers les promotions anti-gaspillage.
Un autre critère important pour Zéro-Gâchis : le bien-être de ses salariés. Pour cela, tout le monde participe. L’ensemble des salariés peut donner son avis sur les stratégies de l’entreprise.
Vous avez aidé de nombreuses grandes surfaces à réduire leur gaspillage alimentaire. Comment vous y êtes vous pris ?
Les enseignes faisaient déjà des promotions sur les produits « de date courte », bientôt périmés. Zéro-Gâchis est seulement venue optimiser cette démarche car les grandes surfaces ne savaient pas vraiment comment revendre ces produits. L’entreprise a valorisé l’acte d’achat des consommateurs. Elle a par exemple mis en place des zones « Zéro-Gâchis » qui permettent aux clients d’acheter des produits en date courte, à prix moindre tout en faisant un geste contre le gaspillage alimentaire.
Avant les supermarchés ne s’apercevaient pas qu’il y avait du gaspillage. Prenons le cas suivant : le supermarché achète 10 yaourts. 5 sont vendus au prix normal et 5 à prix réduit car la date de péremption se rapprochait. Finalement, les logiciels automatisés qui réapprovisionnent ces produits regardent le stock et voient que les 10 yaourts ont été vendus mais pas que 5 ont été vendus seulement à moitié prix.
En conséquence, Zéro-Gâchis a développé une étiquette pour montrer que la commande faite n’était pas bonne. Souvent on ne voit pas le gaspillage alimentaire.
Pourquoi les citoyens devraient-ils faire davantage d’efforts pour lutter contre le gaspillage alimentaire ?
Les citoyens doivent prendre conscience des nombreux enjeux du gaspillage alimentaire, surtout l’enjeu écologique. Le gaspillage alimentaire, c’est 1,3 milliards de tonnes d’aliments jetés, soit 1/3 de l’ensemble des aliments produits par an. Un nombre qui paraît invraisemblable quand on sait qu’une grosse partie de la population n’arrive pas à s’alimenter correctement. Et il ne faut pas oublier que la production de ces aliments demande des ressources notamment en eau.
Lutter contre le gaspillage alimentaire c’est lutter pour réduire les gaz à effet de serre.
Que faire en tant que citoyen lambda pour diminuer la quantité de nourriture gaspillée ?
Chaque citoyen peut rejoindre la lutte et c’est même nécessaire. C’est en agissant un peu chacun qu’on va atteindre un résultat visible. Il faut apprendre à mieux gérer la nourriture que l’on consomme.
La plupart des acheteurs prennent les produits à l’arrière des rayons et laissent ainsi les produits à l’avant se périmer. Un grand nombre de statistiques pointent souvent du doigt les grandes distributions pour le gaspillage alimentaire. Mais en réalité, les consommateurs contribuent à 33 % à ce gaspillage.
Quelles sont les principales causes de ce gaspillage ? Quelles sont ses principales conséquences ?
Chez le consommateur, la principale cause de gaspillage c’est la mauvaise gestion des aliments. En effet, la plupart des gens stockent la nourriture nécessaire pour une ou deux semaines et laissent les produits se périmer au fond de leur frigo. En réalité, pour ne pas gaspiller, on devrait acheter de nouveaux aliments tous les jours, pour les consommer le jour même.
Pour réduire notre gaspillage et remédier à cette mauvaise gestion des aliments, un tas de petites astuces existent. On peut faire une liste des courses pour savoir exactement ce dont on a besoin ou faire un menu de la semaine. Il est aussi nécessaire de surveiller les dates de péremption des aliments dans son frigo.
Plus globalement, les consommateurs doivent revoir leur vision des choses et accepter d’acheter des produits imparfaits, pour faire en sorte que chacun puisse manger à sa faim.
C’est l’environnement qui est la première victime de ce gaspillage. La production des aliments demande beaucoup de ressources notamment en eau. De plus, les produits doivent être transportés ce qui entraîne une émission de gaz à effet de serre très importante.