Notre série de rencontres avec les dirigeants de grandes écoles se poursuit aujourd’hui avec Talis Business School et nous échangeons avec Pascale Lefèvre, Directrice du Campus Talis Paris.
C’est quoi Talis Business School ? » Il y a plus de 40 ans, Talis Education Group a pris le pari de bâtir un groupe dédié à l’enseignement, à la formation et à l’apprentissage. Nous avons fait le choix de croire aux potentiels, aux relations humaines, aux histoires de vie. Chaque jour, tout comme vous, nos équipes de professionnels, de formateurs, d’encadrants consacrent leur énergie, leur passion, leur expertise à un projet d’entreprise auquel elles croient véritablement »
Quelles sont les valeurs que vous mettez en avant et qui caractérisent le mieux votre école ?
Talis Business School est avant tout une école de commerce d’alternance et d’apprentissage. C’est vraiment ce qu’on met en avant. Ceux qui sont chez nous en formation initiale sont des étudiants qui ont des projets bien particuliers et qui veulent utiliser le temps qu’ils auraient normalement en entreprise pour des projets personnels, d’entreprenariat le plus souvent. Ça leur permet, avec l’alternance, d’être en initiale avec nous et de continuer leur projet où d’évoluer soit sur leur projet professionnel – qui est vraiment attaché au parcours qu’ils sont en train de suivre – soit toute autre chose. Des gens qui veulent avoir une double activité mais qui veulent en même temps suivre une formation en école de commerce.
Est-ce à dire que ce sont des étudiants « plus avancés dans leur cursus » ? Spontanément lorsqu’on vous entend, on a tendance à penser à des gens qui sont déjà bien établis, qui savent ce qu’ils veulent faire. Ce qui n’est pas toujours le cas lorsqu’on intègre un école de commerce ?
Non je ne dirais pas ça, pas nécessairement. Peut-être des gens qui se disent que la formation initiale, sans avoir un projet personnel, et juste des temps de stage, ça ne leur convient pas. Sur la génération des 20-25 ans, puisque c’est à peu près l’âge de notre population, nous avons le sentiment qu’elle ne veut pas s’enfermer complètement dans un cadre. Et pour elle, être dans un cursus d’école de commerce pourrait signifier que leur projet de départ ne se fasse pas comme ils le veulent.
Nous avons un kit d’accompagnement et on fait vraiment travailler nos étudiants sur leur projet professionnel, on leur fait faire des « pulls », dans lesquels ils mettent dans un premier rayon ce qu’ils aimeraient faire en priorité et dans quel secteur ils aimeraient le développer. Donc on peut avoir des jeunes qui par exemple sont très branchés sur des actions très éco-responsables. Sauf que dans le panel d’entreprises qui aujourd’hui va prendre ces jeunes en apprentissage, il n’y a pas forcément ce type d’entreprise. Parce qu’ils n’ont pas encore projeté de prendre des apprentis ou qu’ils se payent à peine eux donc forcément c’est un peu compliqué d’aller chercher un apprenti même s’il y a des aides très importantes de l’Etat et que ca ne revient pas très cher. Quand on leur explique, les start-up sont assez partantes pour prendre ces jeunes en apprentissage. Et comme ils ne trouvent pas le secteur, ils vont parfois se satisfaire d’un autre secteur. On leur dit bien, de ne pas prendre ça pour la tendance officielle et longue durée de leur parcours professionnel et de leur vie professionnelle, mais comme un tremplin qui va leur permettre d’avoir les fondamentaux, d’apprendre le métier, le travail,… et ensuite ils pourront aller vers le secteur qui les intéresse.
Les étudiants parfois, et ça c’est assez nouveau, ne souhaitent pas être en apprentissage dans un secteur qu’ils n’auraient pas choisi au départ. On essaye de les accompagner, et le kit d’accompagnement est très utilisé, les équipes me disent qu’elles passent énormément de temps sur la validation d’un projet professionnel et que derrière, les étudiants n’ont pas envie de s’en détacher. Cette année, avec le confinement, l’équipe commerciale de l’école a plutôt travaillé sur le profil et le projet des jeunes pour aller chercher les bonnes offres d’entreprises. Avant, on avait des offres d’entreprises et on essayait de trouver parmi nos étudiants inscrits ceux qui répondaient le plus à cette offre.
On cible plus mais dans l’autre sens ?
Voila, on ne travaille plus l’offre de l’entreprise mais on travaille l’offre du candidat. Et on propose à ces candidats de les accompagner pour rechercher l’entreprise. On ne dit pas que l’on trouvera pas forcément l’entreprise sur le bon secteur mais on trouvera l’entreprise qui peut les accompagner, l’entreprise qui peut les accompagner vers leur projet professionnel. S’il faut passer par une entreprise qui n’est pas tout à fait du même secteur mais qui leur permet de valider un certain de compétences pour aller vers leur projet, c’est aussi une bonne piste pour nous.
C’est intéressant comme démarche, parce que c’est une démarche qui ne se fait pas partout et c’est une démarche plutôt originale et innovante
On fait le recrutement inversé. On a été arrêté dans notre élan avec les confinements mais on a choisi de faire l’inverse que le principe qui consiste à ce qu’une entreprise vienne recruter son candidat. Chez nous, les jeunes sont dans l’amphi et c’est l’entreprise qui se présente sur scène, qui fait son teasing, qui dit « moi je suis de telle entreprise, je propose telle mission, vous aurez tel projet, vous travaillerez avec telle personne« , et une fois que la présentation des entreprises est faite, les jeunes choisissent leur entreprise, tout du moins le teasing de l’entreprise qui les a vraiment intéressé, et ils proposent leur candidature. Puis après on re-bascule, évidemment, dans le recrutement traditionnel mais avec quand même une petite approche différente parce que c’est l’entreprise est venue se vendre.
Malgré un dispositif si différent, comment avez-vous géré la situation actuelle ? Notamment avec des étudiants aussi présents en entreprise et qui ont sans doute eu du mal à s’y rendre ?
Pour le coup, on a fait comme toutes les autres écoles, on a mis tout le monde en distanciel pour les cours. Donc les professeurs, les intervenants, tout le monde était branché sur Teams. Ce qui ressort à partir du 2ème confinement, ce que nous disent les intervenants, c’est que le lien, qui normalement se crée par le présentiel arrive quand même à se faire par un présentiel collectif. J’ai un lien avec l’intervenant et les jeunes ont un lien avec l’intervenant mais de manière collective. Les jeunes peuvent s’adresser à l’intervenant en individuel, par exemple en message privé. Et ça c’est nouveau, et ça ça leur plait. Les intervenants sont parvenus à avoir une relation individuelle même pendant le cours. Ce qui n’arrive jamais en présentiel, puisqu’on fait la réponse en collectif. Même si on pose une question. Là ils peuvent poser la question en collectif, mais ce qui est génial c’est que les plus timides, qui habituellement n’auraient pas posé leurs questions, n’auraient pas fait de remarque, n’auraient pas eu la proposition un peu innovante, parce qu’ils auraient eu un peu peur de se mettre en avant dans le collectif, ils le font en individuel et en message privé.
Comment allez vous aller recruter les futurs étudiants ? Car c’est plus compliqué de les faire venir découvrir le site où ils vont peut-être passer les prochaines de leurs études.
Avant toute ces histoires de confinement, les faire venir sur un campus était hyper important surtout quand le campus est beau. Là, la priorité ne va plus forcément être le lieu, puisqu’on ne sait pas trop si on y vient ou pas. On va plutôt miser sur la notoriété de la marque. « Tallis Business School » n’est peut-être pas aussi connue à Paris, mais le nom l’est beaucoup plus en Nouvelle-Aquitaine. On a donc mis le paquet sur l’accompagnement. On leur a dit « vous ne pouvez pas venir dans nos locaux, on est des professionnels de l’alternance et on va vous accompagner avec votre projet », et à partir de là on revient avec ce que je vous disais au départ.
Parvenez vous à vous projeter sur des événements de recrutements comme My Future ou cela reste compliqué ?
On ne va pas dans les salons. On va forcément regarder ce qui va se présenter en 2021 mais pour l’instant on ne l’a pas fait. On a vraiment utilisé le savoir-faire de l’accompagnement et on fait de l’individualisation. Les filles au service commercial ont vraiment travaillé le coaching individuel, en binôme ou en trinôme quand elles voyaient qu’il y avait des compétences et des similitudes entre des profils pour qu’ils puissent eux-mêmes s’entraider. On essaye de développer des valeurs d’entraide. On est déjà dans une période où l’on se retrouve isolé donc c’est essentiel de bien de diffuser ces possibilités d’être ensemble différemment. Donc on créé des petites équipes qui travaillent ensembles. Et donc pour se projeter, ce qu’on va faire plutôt que d’aller dans les salons virtuels, on va plutôt travailler avec les entreprises. Parce que même si l’école est moins connue, elle a tout de même 50 années d’existence et donc beaucoup de diplômés. On va plutôt créer des lives si on peut, sinon ce sera en présentiel, avec des personnes des entreprises qui vont venir expliquer le métier, par où elles sont passées. Et on va inviter nos jeunes à venir participer à ces lives, pour à la fin présenter Talis.
Vous rendez Talis « indispensable » en montrant où elle mène, vers quel métier elle débouche et ce avant même que l’étudiant n’entre chez vous ?
Vous êtes étudiant, vous avez un projet professionnel, on peut vous accompagner tout au long de votre cursus. L’accompagnement dont je vous parle est évidemment sur le travail du projet professionnel bien avant de signer le contrat d’apprentissage, parce que ça c’est l’objectif prioritaire pour tous nos étudiants, parce qu’ils n’ont pas tous les moyens où qu’ils ne souhaitent pas payer leur formation. Une fois qu’ils sont dans les entreprises on ne s’arrête pas, on continue, on continue à leur ouvrir leur réseau.