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Macron peut-il vraiment refuser de nommer Lucie Castets à Matignon ?

Alors que le Nouveau Front populaire s’est mit d’accord en proposant le nom de Lucie Castets pour le poste de Premier ministre, le président de la République, Emmanuel Macron a rejeté mardi soir la proposition de la coalition de gauche. Son choix a provoqué de vives critiques.

La nouvelle a fait couler de l’encre dans les rangs du Nouveau Front populaire. Emmanuel Macron a catégoriquement refusé, mardi 23 juillet, de nommer Lucie Castets à Matignon. Un refus que les responsables de NFP ont du mal à digérer. « Emmanuel Macron efface le résultat des élections législatives. C’est un déni de démocratie insupportable », a dénoncé sur X Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise (LFI). « Le déni est la pire des politiques. Celle qui conduit à la politique du pire », a embrayé Olivier Faure, patron du Parti socialiste (PS), sur le même réseau social. Un déni qui amène à se demander si Emmanuel Macron est vraiment légitime à effectuer ce refus.

Macron respecte-t-il la Constitution ?

C’est une question qui peut se poser dans ce climat tendu. Le député LFI Emmanuel Fernandes a évoqué un « coup d’Etat institutionnel ». Cependant, Emmanuel Macron ne trahi pas la Constitution. Selon l’article 8 de la Constitution concernant la nomination du Premier ministre, il est écrit : « Le président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du gouvernement ».

Nos confrères de franceinfo ont relayé les divers avis de plusieurs spécialistes du droit public. Ces derniers s’accordent pour dire que le chef de l’Etat peut faire ce qu’il souhaite car il n’a pas d’obligation explicite de nommer une personne en particulier et pas de calendrier imposé. « Emmanuel Macron n’a pas méconnu la Constitution et n’en a pas fait une interprétation audacieuse ou problématique. Il s’est borné à respecter le texte », analyse Bertrand-Léo Combrade.

« Si on peut critiquer quelque chose, c’est la Constitution elle-même, mais pas Emmanuel Macron.

déclare Bertrand-Léo Combrade à franceinfo.

« C’est assez excessif de parler de coup d’Etat. Du point de vue de sa compétence, il ne viole rien, abonde le constitutionnaliste Thibaud Mulier. La nomination du Premier ministre est l’une des rares fonctions parfaitement autonomes, qui n’a pas besoin de contreseing » et du feu vert du gouvernement. « On peut constater que l’article 8 laisse une telle marge de manœuvre qu’il peut imposer une lecture présidentialiste à une Constitution qui est celle d’un régime parlementaire. »

Et côté républicain ?

Si d’un point de vue constitutionnel, Emmanuel Macron est en droit de refuser le nom de Lucie Castets, si l’on compare à l’histoire de la Ve République, c’est tout autre chose. tempèrent les spécialistes. « Lorsqu’on regarde les précédents de la cohabitation, en 1986, 1993 et 1997, le président qui avait perdu sa majorité à l’Assemblée nationale nommait un Premier ministre qui était proposé par la formation politique arrivée en tête des élections. On pourrait considérer qu’Emmanuel Macron aurait dû faire part de son souhait de nommer un Premier ministre désigné par la coalition arrivée en tête, à savoir le NFP », développe Bertrand-Léo Combrade pour franceinfo.

Cependant, le Nouveau Front populaire semble bloqué car selon Thibaud Mulier « Ils ne peuvent rien faire ». Le NFP ne peut invoquer aucun article de la Constitution à son profit. Il n’y a pas de dispositions qu’il pourrait faire prévaloir à l’encontre du président de la République », rajoute Bertrand-Léo Combrade. Effectivement, sans majorité absolue, la coalition de gauche n’a pas d’arguments pour contraindre le président de la République a accepter leur proposition de Premier ministre.

L’absence de majorité, l’argument majeur

On le voit partout dans les médias, le Nouveau Front populaire ne cesse de dire que le Premier ministre doit être issu de leur coalition, or Emmanuel Macron n’y est pas obligé. Avec 182 sièges pour le NFP, 168 pour la coalition présidentielle, et 143 pour RN, aucune majorité claire n’est sortie des urnes. Cette absence de majorité constitue alors un argument clé pour Macron.

Jupiter a également évoqué la possibilité de nommer un Premier ministre après la fin des Jeux olympiques et paralympiques. « De manière évidente, jusqu’à la mi-août, on doit être concentré sur les Jeux. Et puis à partir de là, en fonction de l’avancée de ces discussions, ce sera ma responsabilité de nommer un Premier ministre ou une Première ministre », a fait valoir Emmanuel Macron mardi soir. En effet, l’actuel président n’est contraint par aucun délai.

Si l’on s’appuie sur l’Histoire, un ancien président a également fait tarder la nomination d’un nouveau Premier ministre. Après la censure de 1962, de Gaulle a mit deux mois avant de proclamer Pompidou à Matignon. Le Nouveau Front populaire devra alors prendre son mal en patience et se plier au bon vouloir d’Emmanuel Macron.

À lire aussi : Comment gouverner avec une coalition ?

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