Le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, a tenu mardi 9 février des propos polémiques sur la déchéance de nationalité, au moment même où les députés se prononçaient sur cette mesure à l’Assemblée nationale. Un débat houleux qui n’en finit pas de diviser le gouvernement.
«On ne traite pas le mal en l’expulsant», a affirmé M. Macron alors même que l’Assemblée nationale votait mardi soir la constitutionnalisation de la déchéance de nationalité pour les terroristes. «Je crois qu’on a prêté à ce débat sur la déchéance trop d’importance», a également déclaré le ministre de l’Économie, invité de la Fondation France-Israël présidée par Nicole Guedj.
Déchéance de nationalité : pour Macron, « on ne traite pas le mal en l’expulsant » https://t.co/5eU6Egd9P1 #FFIMacron pic.twitter.com/V6TZEGw1fc
— Arthur Berdah (@arthurberdah) 9 Février 2016
Fronde au gouvernement
« Déchoir de la nationalité est une solution dans un certain cas, et je vais y revenir, mais à la fin des fins, la responsabilité des gouvernants c’est de prévenir et de punir implacablement le mal et les actes terroristes. C’est cela notre devoir dans la communauté nationale », a ajouté Emmanuel Macron. Cette prise de position fracassante s’oppose à la ligne défendue par l’exécutif. Avec ces déclarations, le ministre se range aux côté des « frondeurs » du gouvernement, parmi lesquels figurait Christiane Taubira avant qu’elle ne quitte son poste de Garde des Sceaux le 27 janvier dernier. Elle avait justement démissionné à cause de son opposition à la déchéance de nationalité. En effet, en tant que Garde des Sceaux, elle aurait été obligée de défendre ce projet de réforme qu’elle n’approuvait pas.
Aurélie Filipetti l’a clairement énoncé au micro de France Info, mercredi matin : pour elle, « Macron rejoint les frondeurs. »
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— France Info (@franceinfo) 10 Février 2016
Macron viré ?
Ces propos de M. Macron ne sont pas pas passés inaperçus, alors qu’un remaniement ministériel se profile à l’horizon.
«Peut-être sait-il déjà qu’il va sortir du gouvernement?», s’est demandé le député Pierre Lellouche (LR).
« Macron soutient cette démarche. Il ne peut pas en être autrement », a quant à lui affirmé le Premier ministre Manuel Valls au sujet de cette polémique, cherchant sans doute à étouffer dans l’œuf une nouvelle crise gouvernementale.
« Je crois à la verticalité du pouvoir et je crois à la confidentialité de ce qui doit être confidentiel. Et lorsque le président de la République parle à son ministre, ce sont des discussions qui ont vocation à rester privées« , a rétorqué le ministre aux personnes qui l’ont interrogé sur le prochain remaniement et sur la place qu’il occuperait dans le gouvernement.
Crédits photo à la Une : Reuters