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Mali : l’ONU conclut qu’une frappe française a tué 19 civils

Très attendu, le rapport des Nations Unies au Mali est accablant pour les forces Françaises de la mission Barkhane. Il conclut que ces dernières ont frappé un rassemblement «très majoritairement composé de civils» le 3 janvier, tuant ainsi 19 personnes.

Les experts de la Division des droits de l’Homme de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) ont tranché, sans laisser place au doute : l’ONU conclut que la frappe aérienne conduite par l’armée française à Bounti au Mali a bel et bien tué 19 civils réunis pour un mariage, et non pas seulement des jihadistes, comme le soutenait Paris jusqu’alors, selon un rapport consulté par l’AFP.

«Au terme de l’enquête, la Mission des Nations unies au Mali est en mesure de confirmer la tenue d’une célébration de mariage qui a rassemblé, sur les lieux de la frappe, une centaine de civils», écrivent-ils dès la première page de leur rapport, publié ce mardi. Avant de préciser «Parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumées de la katiba Serma». 

Les conclusions de la «mission spéciale d’établissement des faits», rédigées après des entretiens individuels menés auprès de 115 personnes, contredisent totalement la version de l’état-major des armées, qui a toujours nié la présence de civils et démenti tout «dommage collatéral» précise Libération. 

Une enquête demandée au Mali et à la France

La question qui se pose alors est comment les militaires français ont-ils pu confondre une foule de mariage et un rassemblement de jihadistes ? «Dans les conflits armés non-internationaux, tels qu’au Mali, le terme de “combattant” n’existe pas. A cet égard, le principe de distinction est édicté tel que les civils sont en tout temps protégés et que les attaques ne peuvent être dirigées que contre les forces armées des parties au conflit et les personnes qui participent directement aux hostilités, rappelle la division des droits de l’homme de l’ONU. Le droit international humanitaire exige l’identification formelle de la cible comme objectif militaire, or la présence de cinq membres de la katiba Serma parmi un groupe d’hommes ne suffirait pas pour qualifier les autres participants au rassemblement comme des membres d’un groupe armé sans plus d’informations. Tout individu, sauf preuve contraire, est présumé civil» qui plus est, lorsqu’il assiste à un mariage, et donc qu’il ne participe pas à un combat et qu’il ne manifeste aucun comportement dangereux.

Dans son rapport, l’ONU recommande donc à la France «d’examiner de manière approfondie les processus de mise en œuvre des précautions lors de la préparation d’une frappe à la lumière de cet incident et d’y apporter des modifications si nécessaires». Les conclusions de l’enquête invitent surtout la France, mais également le Mali, à «enquêter sur les possibles violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme et établir les différentes responsabilités».

À lire aussi : Massacre au Mali : le gouvernement tente de rassurer la population

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