La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le gotha du tennis international : Marion Bartoli, un mois après son sacre à Wimbledon, prend sa retraite. Une décision aux lourdes conséquences, qui pose énormément de questions. Une décision qui libère les opinions, mauvaises ou pas.
Il n’y a pas longtemps, je lisais un article du magazine féministe « Bridget » à propos de la victoire à Wimbledon de Marion Bartoli. Au-delà de l’aspect terriblement féministe de l’article à son égard, cet article évoque le désamour chronique qu’il existe entre les Français et Marion Bartoli, souvent abondant et infondé.
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UNE SORTIE FACILE ? C’EST MAL LA CONNAÎTRE
On peut alors se demander légitimement : est-ce une sortie facile ? Tout porte à croire que oui : un sacre à Wimbledon qu’elle n’aura pas à défendre, une fuite face aux nombreuses critiques dont elle est la cible, une annonce effectuée après une élimination surprise au 2e tour du tournoi de Cincinnatti… Sauf que ce n’est pas du tout le cas. Marion Bartoli est méritante, elle travaille dur, et selon elle, « peut-être que je ne suis pas assez blonde, assez grande ou assez mince. C’est comme ça ». Voilà qui va clouer le bec à bon nombre de ses détracteurs, si ceux-ci daignent lire cette réaction.
D’autant que Marion Bartoli a bien justifié sa fin de carrière : « Mon corps (tendons d’Achille, dos, épaule, hanches) ne peut tout simplement plus. J’ai déjà eu énormément de blessures depuis le début de la saison. Cela fait tellement longtemps que je suis sur le circuit et j’ai tout donné lors de ce dernier Wimbledon, j’y ai laissé le reste d’énergie que j’avais encore. J’ai réalisé mon rêve, ça restera à jamais gravé, mais mon corps ne tient plus. Aujourd’hui j’avais déjà mal partout après 45 minutes ». On était au courant des ennuis de santé de Marion Bartoli, mais pas de là à stopper une carrière… Désormais, « je vais commencer ma carrière de commentatrice, et puis ensuite j’ai des projets avec l’OM. Je veux aussi rester investie dans le tennis français ». Marion Bartoli n’est donc pas, au risque de provoquer ses détracteurs, un monstre d’ingratitude envers le tennis féminin français.
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UN TENNIS FÉMININ FRANÇAIS VRAIMENT APPAUVRI ?
C’est à présent un marronnier : chaque fois que lors d’un grand évènement tennistique (Grand Chelem ou autre), les joueuses françaises s’illustrent par leurs résultats décevants, le problème du tennis féminin français et de son érosion est soulevé. Gâchage de jeunes talents, méthodes d’entraînement discutables… La frustration liée à ce problème fait des petits. Alors, Marion Bartoli peut-elle à elle seule mettre le tennis féminin français plus bas que terre ? Les statistiques parlent d’elles-même : Bartoli, septième mondiale, va laisser le leadership à Alizé Cornet, seulement 28e. En tout, il n’y aura plus que quatre Françaises dans le Top 100 mondial. Parmi elles, seulement deux espoirs récents : Kristina Mladenovic et Caroline Garcia. Et bien d’autres à la suite. Le tennis français féminin n’a donc pas à s’inquiéter de ses recrues futures. Mladenovic est une future grande, qui bataillera avec les plus grandes dans les années à venir, si tout se passe bien pour elle. La grande question, c’est si elles vont pouvoir travailler ensemble, notamment pour la Fed Cup… Peut-être sera-ce Marion qui les coachera ?