Financement des travaux, respect du cahier des charges, délais… A dix-huit mois de la fin des travaux, les zones d’ombre autour du chantier de la nouvelle arène de l’Olympique de Marseille s’accumulent et inquiètent élus et supporters.
Juillet 2011. Les employés de la société Arema plantent les premiers coups de pioche dans les tribunes du Stade Vélodrome. Objectif ? Transformer le vieux terrain de jeu du club phocéen en un complexe sportif d’élite, plus grand, plus confortable, et plus bruyant. Le projet est coûteux – plus de 270 millions d’Euros – mais soutenu par les supporters, les pouvoirs publics et élus marseillais. Avec pour finalité, être prêt pour l’Euro 2016, qui se jouera en France. Jean-Claude Gaudin avait même annoncé, à l’occasion du conseil municipal de rentrée début octobre, vouloir accueillir la finale de la compétition. Mais plus d’un an après le début des travaux, l’enthousiasme ambiant laisse place aux doutes. Un brouillard d’interrogations surplombe l’enceinte du Stade Vélodrome. Un brouillard, que le mistral qui rythme les rencontres du club phocéen ne semble pouvoir chasser.
« On attend toujours que l’Etat se manifeste »
Les garanties financières nécessaires à l’avancée des travaux sont-elles au rendez-vous ? Le financement du stade Vélodrome était déjà au centre des interrogations pour la première délibération du conseil municipal, le 7 octobre dernier. L’élu socialiste Pascal Charmassian, avait accusé Jean-Claude Gaudin de « la jouer perso » et de « botter en touche » lorsque le sujet est évoqué (voir par ailleurs) : « Nous sommes lassés d’apprendre des bribes d’informations par la presse », s’est plaint le secrétaire national de la coordination des organisations arméniennes de France (COAF). Une invective, qu’avait immédiatement balayée le sénateur-maire de la ville phocéenne, qui a défendu l’avancée significative des travaux : « Le chantier se déroule de manière parfaite et on a commencé la toiture », a affirmé Jean-Claude Gaudin. Ce dernier à toutefois exprimé son inquiétude quant au financement des travaux, dont une bonne partie devait être assuré par l’Etat : « Mais il semble qu’on ne soit pas disposé à nous donner la somme promise, a déclaré le sénateur-maire. L’Etat doit respecté l’engagement qui a été pris, et on attend toujours qu’il se manifeste ». Pour rappel, en juin 2011, l’Etat avait garanti à la ville de Marseille une enveloppe de 30 millions d’Euros.
Quid du produit fini ?
« Plus le chantier avance, et moins le produit fini va ressembler à celui qui a été présenté ». A l’origine de cette déclaration polémique, Marc, contributeur d’un forum de discussion dédié à l’architecture des stades, et plus précisément du chantier en cours du stade Vélodrome. Mais il est surtout l’initiateur d’une pétition « contre la rénovation au rabais » du nouveau terrain de jeu de l’Olympique de Marseille : « Nous craignons d’avoir un stade aux finitions plus que douteuses, apprend-on dans la pétition de Marc. Actuellement une charpente à la couleur grise et non-uniforme, non conforme à ce qui a été promis, des sièges noirs et blancs, la non-réfection d’un béton d’aspect sale à l’intérieur du stade et dans les gradins, un béton brut et grossier recouvert partiellement d’un bardage acier extérieur douteux sur les façades Ganay et Jean Bouin ». Lors de la présentation initiale de son projet en 2010, le stade avait une toiture et une charpente de toit blanches changeant de couleur la nuit grâce à un jeu de lumière, des sièges bleus et blancs et deux façades vitrées. Ce projet avait à l’époque, séduit bon nombre de supporters olympiens puisqu’il présentait un stade esthétiquement abouti et aux couleurs de l’OM et de la Ville. De son côté, la société Arema assure dans un communiqué de presse datant du 15 Octobre que « le stade sera tout à fait conforme à la maquette de base ». L’entreprise chargée de la rénovation du Vélodrome ne « comprend pas la polémique crée sur les réseaux sociaux concernant la finition du stade » : « Imaginer, comme on peut le lire, que les collectivités qui investissent de telles sommes dans ce projet le feraient pour un stade au rabais n’a pas de sens et est choquant pour les centaines de travailleurs qui participent à ce beau projet ». Pendant ce temps, la pétition lancée par Marc recueille plus de 6000 signatures et le site officiel de la société Arema supprime sa rubrique « les travaux en vidéo et en direct ».
Maurice Di Nocéra : « Complètement absurde »
Du côté de la ville de Marseille, on monte aussi aux créneaux. « Ces inquiétudes sont en dehors de toute réalité, c’est complètement absurde, s’insurge Maurice Di Nocéra pour La Provence. Le délégué aux grands événements et aux grands équipements assure qu’ « il n’y a aucun problème, aucun retard, aucune entorse au cahier des charges ! Je vois que les gens s’inquiètent au sujet de la couleur des sièges, mais n’est-ce pas plus important de savoir qu’ils seront plus confortables ? Et puis rien n’est arrêté, la décision sera prise conjointement par Arema, la Ville, l’OM et l’architecte ».
Bien compliqué de déceler le vrai du faux dans un tel brouillard informatif.
Tristan Molineri