Lancée sur Netflix le 23 juillet, la série Masters of the universe n’a pas manqué de créer le débat chez les fans de la série d’origine. Et chez nous aussi.
C’était l’événement de juillet : Kevin Smith lançait sur Netflix sa série Masters of the universe : Revelation, suite de la série culte des années 80 (diffusée en France dans Récré A2) et créée par Filmation et Lou Sheimer. A grands coups de trailers efficaces et qui nous avaient convaincus, la série réunissait ce qui avait fait le sel de la série d’origine, tout en modernisant l’animation et l’histoire. Enfin c’est ce que l’on croyait !
Musclor et ses compagnons d’armes font leur retour pour livrer bataille aux féroces hordes de Skeletor. Teela réunit l’équipe pour résoudre le mystère de l’Épée de Pouvoir dans une course contre la montre pour restaurer Eternia et empêcher la fin de l’univers.
SPOILERS : NE LISEZ PAS SI VOUS N’AVEZ PAS VU LA SERIE
On va d’abord commencer par ce qui va dans la série et dire d’emblée que c’est une bonne série. Vous le verrez c’est là tout le paradoxe ! La manière d’écrire et donc de raconter l’histoire a été améliorée et correspond bien à la façon de raconter les séries aujourd’hui. Cette façon de commencer la série par une forme de « conclusion » à une histoire passée est assez maline et bien trouvée. La psychologie des personnages a été fouillée, creusée même et on se plaît à retrouver ces personnages que l’on a aimé.
La partie 1 commence sur un événement fort (l’attaque sur le Château des ombres) et se termine par un autre événement fort (autour de Skeletor). Entre les deux, c’est une histoire feuilletonnante que l’on suit, moins proche du côté « épisodes bouclés » que l’on suivait avant et ça marche plutôt bien.
Sauf que … si c’est une bonne série dans sa forme et son fond (la manière de raconter), c’est une très mauvaise suite à la série que l’on connaît. Et c’est bien là le problème !
Qu’on ne méprenne pas. Il est tout à fait normal que cette série ne ressemble pas en tous points à celle que l’on a connu. 35 ans ont passé, l’animation a évolué et le résultat est d’ailleurs assez fidèle, les années en plus. Le problème vient de ce qu’on nous a promis, notamment dans la promotion de la série, à savoir une vraie suite à cette série avec les héros que l’on connaît. Les bandes annonces ne rechignent pas à nous montrer Musclor, Teela et les autres, y compris Kringer et la transformation culte de Musclor.
Mais « on a oublié de nous dire » que la com’ de la série était en réalité basée sur l’épisode 1 et qu’ensuite, Kevin Smith « a cassé » son jouet pour en faire autre chose en tuant littéralement son héros. Ce qui d’ailleurs ne manque pas de l’amuser quand on regarde le show après la série où tout est décrypté : « Tu as vu, on l’a fait deux fois » dit-il à Mark Hamill (voix de Skeletor). Il tue donc le héros de la série, celui qui a donné naissance à la base à toute cette histoire, pour en faire un spin off dédiée à Teela. En soit c’est un choix et qui aurait pu être intéressant … à condition de le dire. Et on ne peut pas se contenter de dire « on n’a pas menti, la série ne s’appelle plus He-man and the masters of the universe mais seulement Masters of the universe » pour faire passer la pilule. Dans l’inconscient collectif, on sait qu’il suffit de mentionner Masters of the Universe pour que l’on pense immédiatement à Musclor. Mais ce n’est pas le seul aspect, on a la sensation que Kevin Smith s’efforce de prendre chaque élément pour en faire « autre chose ». Ce à quoi on pourrait répondre que c’est le but de s’approprier quelque chose ! Mais c’est sans doute la différente entre un remake et une suite !
A l’issu de l’épisode 1, le Château des ombres disparaît (au moins un temps) pour laisser place à autre chose, un autre palais (assez proche dans les couleurs de celui de la série d’origine She-Ra). Et plus tard, c’est Orko qui en fait les frais en se sacrifiant. Et on passera sur les incohérences qui font que le Roi et père d’Adam (transformé pour l’occasion en tyran), bannit le maître d’armes, menaçant de l’exécuter si il revient (pour ne pas lui avoir dit le secret de son fils) mais ne semble à aucun moment en vouloir à son épouse la Reine qui connaissait aussi son secret.
Même la musique n’est pas épargnée. Bear McCreary (Outlander- The Walking Dead) offre une sublime partition là aussi pour une très belle série fantasy avec des sonorités fortes … mais aucune trace des thèmes composées dans les années 80 notamment par Shuki Levy. Aucune allusion alors que les clins d’œil se multiplient. Sans vouloir se contenter de réorchestration des thèmes passés, on aurait pu espérer au moins des références. Comme si là aussi, il fallait « casser » quelque chose qui semblait pourtant lui tenir à cœur.
Et puis arrive l’épisode 5 qui objectivement est très efficace, très bien mené avec le retour des éléments que l’on attendait et qui avait disparu. Si on regrette qu’une nouvelle fois, Kevin Smith ne puisse résister à la tentation de s’en prendre au héros, l’enchaînement est réussi et le cliffhanger totalement maîtrisé, même si on sent arriver que Teela devienne à terme la nouvelle gardienne du Château des Ombres. On a rien conte une héroïne dans cet univers, bien au contraire. Sauf qu’elle existe déjà et qu’elle s’appelle She-Ra. Continuer à exploiter Musclor tout en faisant monter Teela déjà très présente dans la série passée aurait été intéressant.