Alors qu’actuellement les femmes qui viennent d’accoucher restent en moyenne 4,2 jours à la maternité, l’Assurance maladie préconise de réduire leur temps de séjour à 3 jours. Et ce pour faire des économies.
Couper le cordon avec l’hôpital le plus vite possible : c’est ce qu’aimerait l’Assurance maladie. Une décision qui touche les jeunes mères venant de donner naissance et qui pourrait faire économiser 280 millions d’euros à la Sécurité sociale. Toutefois, Nicolas Dutriaux, secrétaire adjoint du Collège national des sages-femmes assure que « les mamans ne seront pas lâchées dans la nature ». En effet, elles pourront bénéficier de visites à domicile du personnel médical, mais aussi du dispositif « Prado » –existant depuis 2010– qui permet un accompagnement psychologique et sanitaire de la mère comme de l’enfant. Ce service de la Protection Maternelle et Infantile (PMI) devrait d’ailleurs être étendu à 210 000 femmes supplémentaires l’année prochaine.
Une mesure au forceps ?
Même si certaines mamans sont un peu inquiètent par la mise en place de ce raccourcissement du passage à la maternité, Nicolas Dutriaux affirme que, dans la plupart des cas, cela ne va rien changer : « dans les faits, il arrive souvent que des femmes partent au bout d’un ou deux jours ». Ajoutant que « ce qui compte ce n’est pas le temps passé à l’hôpital, mais l’organisation du personnel médical ».
Afin de rassurer celles pour qui la venue au monde de cette réforme ne se fera que dans la douleur, la HAS (Haute Autorité de Santé) certifie, elle, que les cas particulier n’y seront pas soumis. Ainsi, « les femmes qui ont subi des césariennes pourront toujours rester plus longtemps que les autres à l’hôpital » et une attention toute spécifique sera portée aux départs précoces. « Trois visites à domicile au lieu de deux seront également prévues, dont la première surviendra dans les 24 heures suivant la sortie », garantit-elle.
S’aligner sur ses voisins
Outre des économies financières, cette mesure permettrait à la France de se mettre au niveau de ces voisins en matière de séjour hospitalier. En effet, les Françaises restent en moyenne 1,2 jours de plus à la maternité que leurs homologues étrangères. Ainsi, aux Etats-Unis, deux tiers des femmes quittent l’hôpital moins de 48 heures après l’accouchement. Comme au Royaume-Uni, où les Anglaises ne s’attardent pas plus de 2,4 jours pour un premier enfant et 1,6 jour pour les suivants. Ou encore au Canada, avec 2,2 jours de résidence.
D’autres pays ont, eux, opté pour l’accouchement à domicile généralisé quand les femmes sont en bonne santé. C’est d’ailleurs le cas des Pays-Bas –dont le système de santé est considéré comme l’un des meilleurs du monde. Une façon de faire un peu dangereuse pour de nombreux médecins français, pour qui « les premiers jours d’hospitalisation sont parfois décisifs ». Cependant, si l’on en croit les chiffres de l’OMS (l’Organisation Mondiale de la Santé), le quotient de mortalité infanto-juvénile néerlandais était seulement de 4 pour 1000 naissances vivantes, en 2012. Soit autant qu’en France où le passage par l’hôpital est bien plus fréquent.
Les autres pistes d’économies envisagées pour combler le trou de la Sécu
Alors que le déficit de la Sécurité sociale en France s’élevait à plus de 1996 milliards d’euros en 2011, soit 25% du PIB, l’urgence est à la thésaurisation massive. C’est pourquoi, en plus de réduire les durées de séjour des futures mamans à la maternité, celles des opérations chirurgicales le seront également. Et ce au profit de la chirurgie ambulatoire, qui représente actuellement 42,7% des cas. L’Assurance maladie espère donc voir sa pratique se généraliser et atteindre 55% d’ici à 2017, étant donné qu’elle permettrait d’économiser 1 milliard d’euros. Un gain d’argent non négligeable puisque, à la fin du quinquennat de François Hollande, un effort de 10 milliards d’euros doit avoir été fourni par le système de santé français.
De même, les dépistages précoces, notamment celui du cancer du sein, permettrait d’éviter une dépense de soins équivalant à 2,3 milliards d’euros. Une économie d’argent mais aussi et surtout de vies…
Enfin, diminuer de 15% le nombre de prescriptions d’IRM pour les membres inférieurs du corps réduirait le gaspillage sans toucher aux chances de rémission du patient.
Bref, le plan d’économie de la Sécurité sociale n’en est encore qu’à sa genèse. Espérons qu’il arrivera à terme sans encombre.