L’Allemagne, par la voix de son ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière, a décidé dimanche dernier d’introduire provisoirement des contrôles à ses frontières, en particulier avec l’Autriche. Cet annonce fait suite à un afflux massif de réfugiés syriens et irakiens qu’a subi le pays le week-end dernier.
C’est la volte-face outre-Rhin. Alors que la première puissance économique européenne avait fin août décidé d’accueillir 800 000 réfugiés (en majorité des syriens fuyant la guerre civile) pour l’année 2015, celle-ci a décidé dimanche dernier de durcir sa politique aux frontières. Le ministre de l’Intérieur allemand Thomas de Mézières a affirmé hier à la presse que la frontière germano-autrichienne, point de passage privilégiés des réfugiés, verra le retour provisoire des contrôles aux frontières.
En faisant ainsi, l’Allemagne entend signifier à ses voisins européens qu’elle ne compte pas gérer cette crise migratoire (la plus importante en Europe depuis la 2ème guerre mondiale) toute seule. Désormais, les demandes d’asile doivent être déposées dans le premier pays d’entrée de l’Union Européenne. « Les demandeurs d’asile doivent comprendre qu’ils ne peuvent se choisir les Etats dont ils chercheront protection », a prévenu Thomas de Maizières.
Sur ce point, Berlin a reçu le soutien de Paris. Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur français, a lancé hier soir un « rappel scrupuleux » au respect des règles européennes. Et a ajouté que la France « s’exprimera d’une voix avec l’Allemagne. »
Des pays européens qui ne veulent pas jouer le jeu
Pour résoudre le problème des 160 000 réfugiés à répartir au sein de l’UE, les ministres de l’Intérieur de chaque pays de l’Union discutent ce lundi à Bruxelles. La Commission européenne a jugé « urgente » la nécessité de parvenir à un accord européen de répartition des nouveaux arrivants.
La Pologne, par la voix de son secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Rafal Trzaskowski, s’est finalement dite prête à accepter davantage de migrants que les 2 000 prévus. La Première ministre, Eva Kopasz, a indiqué que « compte tenu de l’ampleur de la catastrophe humanitaire », son pays était prêt à faire l’effort, à condition que la sécurité des frontières extérieures à l’UE soit renforcée.
Mais tous les pays européens ne font pas preuve d’une telle bonne volonté. La Slovaquie a réitéré dimanche son opposition à la répartition des réfugiés, affirmant qu’elle « allait tout faire pour convaincre l’Europe que les quotas sont un non-sens. »
De même la Hongrie, par la voix de son Premier ministre de droite populiste Victor Orban, s’est déclarée opposée à la mise en place de centres d’enregistrement (« hot spots ») des réfugiés dans leur pays d’arrivée. Le pays, qui a enregistré ce week-end une arrivée record de 4330 migrants sur son territoire, compte même stopper cet afflux grâce à une double clôture de fil de fer barbelés à la frontière serbe.
Autant dire que les discussions qui auront lieu ce lundi à Bruxelles entre les ministres européens de l’intérieur s’annoncent compliquées.