Le premier tour des élections municipales s’est déroulé dans près de 37.000 communes françaises ce dimanche. Entre résultats attendus dans plusieurs grandes villes et situations inattendues dans certains points sensibles, tour d’horizon des grandes informations à retenir de ce premier tour.
Un rapport de force dominé par la droite. Dès les premières estimations, une information importante tombait : le rapport de force entre les blocs de droite et de gauche était dominé par le premier, à 48 % contre 43 % selon BVA. Sans être un vote sanction à part entière, ce résultat tranche avec la vague rose dont avait bénéficié le PS en 2008. L’extrême-droite réalise quant à elle un score de 7 %, les 2 % restants revenant à l’extrême-gauche. Deux des hommes forts de l’UMP, Jean-François Copé et Christian Jacob, ont tous deux été élus au premier tour de leurs villes, respectivement à Meaux et à Provins (Seine-et-Marne). « Un désaveu pour Hollande » selon le président de l’UMP, auquel Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, répond par « un contexte économique et social difficile pour les Français » ; il en appelle désormais au « rassemblement le plus large et le plus vite » des « forces de gauche et de progrès ».
Les sondages se sont trompés dans les grandes villes. Une des principales constatations de ce premier tour relève des sondages, et de leur fiabilité plus ou moins bonne. En effet, dans trois des plus grandes villes françaises (Paris, Marseille, Toulouse), le résultat annoncé par les sondages est différent de la réalité. À Paris, Anne Hidalgo, donnée vainqueur de ce premier tour, ne comptabilise que 34.5 % des voix, contre 35.8 % pour son adversaire UP Nathalie Kosciusko-Morizet. À noter que cette dernière est battue au premier tour de son 14e arrondissement, par la socialiste Carine Petit (39 % contre 34 %). À Marseille, si le maire sortant Jean-Claude Gaudin est bien arrivé en tête avec 40 % des voix, c’est le frontiste Stéphane Ravier qui s’empare à la surprise générale de la 2e place avec 22 % des suffrages, contre seulement 20 % pour la liste du candidat socialiste Patrick Mennucci. Et enfin, à Toulouse, le maire sortant Pierre Cohen affrontait Jean-Luc Moudenc, maire de 2004 à 2008, pour un remake du duel de 2008. Donné en tête par tous les sondages, Pierre Cohen est battu au premier tour par le candidat UMP-UDI-MoDem, à 37,7 % contre 31,6 %. Le rapport de force est cependant à l’avantage du maire sortant.
La progression du Front National. Ce premier tour a été évidemment marqué par les résultats surprenants du Front National. Le parti de Marine Le Pen, crédité de seulement 0.93 % des voix en 2007, réalise un score bien plus important de 7 %, se plaçant même en tête dans plusieurs grandes communes : Louis Aliot à Perpignan, Florian Philippot à Forbach, Steeve Briois à Hénin-Beaumont. L’apparenté FN Robert Ménard est également arrivé largement en tête à Béziers. Marine Le Pen, la présidente du parti, voit en ces résultats « la fin de la bipolarisation de la vie politique française », et qualifie son parti d’« une grande force autonome, une grande force politique, plus seulement nationale, mais également locale ».
Une abstention record. 37,09 %. C’est la part des Français n’ayant pas voté au premier tour des élections municipales. Ce chiffre représente un record pour une élection de ce type en France, le précédent record étant en 2008 avec 35,5 %. Plus qu’un simple désintérêt, ce chiffre est révélateur d’une volonté différente de s’exprimer, de montrer le désaccord avec la vie politique française actuelle. Cette variable pourrait changer certaines projections pour le 2e tour, notamment pour les triangulaires et quadrangulaires, encore nombreuses en ces élections.