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Municipales : Les Républicains, une vieille histoire d’alliances ?

Les élections passent, et se ressemblent pourtant de plus en plus. Les Républicains peinent à se trouver un espace politique solide, malgré les sondages qui leurs sont favorables. Nouveau président, en la personne de Christian Jacob, mais aucune ligne de conduite claire pour ceux qui convoitent les mairies de France à l’approche des Municipales le 15 mars prochain. Entre La République en Marche et le Rassemblement National, les Républicains se divisent-ils vraiment ? Décryptage.

Quel effet Macron ?

Dans de nombreuses villes, le modèle est le même : un édile se représente et bénéficie d’un double soutien, celui de sa famille originelle – les Républicains – et d’une famille d’adoption – La République en Marche. Comme à Toulouse où Jean-Luc Moudenc, maire LR sortant, est grand favori de sa métropole en même temps qu’il est approuvé par le label « LREM ». Signe que le parti de la majorité souffre encore de son manque d’ancrage local au point d’abandonner certaines grandes villes et soutenir quelques vieux éléphants de la politique « traditionnelle ». Une première pour un parti au gouvernement, une opportunité pour Les Républicains.

Christian Jacob et Les Républicains dans la tourmente. (Getty Image)

Mais le problème s’inverse quelques fois. À Rouen, Les Républicains ont préféré suivre les sondages et soutenir le candidat La République en Marche Jean-Louis Nouvel au dépend de son candidat Jean-François Bures, pourtant vice-président LR du Conseil départemental de Seine-Maritime. Et parfois, le mariage prend forme. Dole, dans le Jura, sort des cas d’écoles : Jean-Baptiste Gagnoux bénéficie des investitures LR et LREM. Pareil à Angoulême, en Charente, où Xavier Bonnefond profite d’un cas de figure similaire.

Et devant cette tendance au rapprochement avec le parti d’Emmanuel Macron, Christian Jacob, à la tête des Républicains, semble plus favorable au compromis que la ligne dure qu’incarnait Laurent Wauquiez. Passivité devant les acteurs locaux qui échappent aux combines partisanes ou lucidité devant l’espace constant que gratte La République en Marche sur l’aile plus libérale des Républicains ? Les élections municipales en répondront.

Pencher vers l’extrême, seule solution.

L’union des droites ? Certains en rêvent. Mais lorsque la droite se partage le libéralisme, le conservatisme jusqu’au souverainisme voire les idées identitaires pour la frange la plus extrême, il devient difficile de l’imaginer réunie. Une tribune de l’aile droite du parti, menée par le député Julien Aubert, a dénoncé ce manque de clarté de la part de Christian Jacob concernant cette tendance à l’alliance systématique avec La République en Marche. De là à serrer la main du Rassemblement national ? Julien Aubert s’en défend fermement.

Certains ont pourtant sauté le pas. Sébastien Pacull, premier adjoint à la mairie de Sète et ex-président de la fédération des Républicains de l’Héraut, a annoncé sa candidature avec le soutien du parti de Marine Le Pen. Une première dans l’histoire. Les Républicains, sans pour autant faire de déclarations précises, n’ont pas soutenu cette initiative au point d’y préférer un autre candidat : François Commeinhes, le maire sortant, ayant claqué la porte des Républicains pour soutenir le parti d’Emmanuel Macron.

Cette alliance n’est pas un cas isolé. A Carpentras ou Béziers, bis repetita. Simple concrétisation d’un contact déjà entamé récemment ? Marion Maréchal-Le Pen a co-organisé la Convention de la Droite en septembre et des dîners entre hauts-dirigeants des deux partis font chose commune depuis quelques temps. Sébastien Pilard s’explique : « Je préfère discuter avec Marion Maréchal qu’avec Emmanuel Macron. Pour reconstruire la droite, nous devons mettre tout le monde autour de la table. Marion Maréchal y a toute sa place ».

Un jeu d’alliances ? Inutile à échelle locale.

Christian Jacob est clair : le rapprochement avec le Front National ne doit pas se faire… à l’échelle nationale. La localité des prochaines élections rend ainsi possible les libertés individuelles des candidats à créer leurs propres alliances et soumet le parti à l’ancrage local de ses hommes. Les Républicains ne craignent ni un changement d’image ni un bousculement politique de grande ampleur ; les élections municipales effaçant les divisions politiques sur le terrain. Le symbole est oublié.

Discours de Christian Jacob, fraîchement élu : Les élections municipales comme une priorité.

Toutefois, la multiplication de ces accords locaux sont évocateurs d’une division au sein de la droite. Rapprochement idéologique ? Stratégie politique ? Il semble que Christian Jacob incarne plutôt un « recours » quant à l’échiquier politique actuel qu’une ligne correspondant véritablement à l’électorat actuel des Républicains, ce que représentait davantage Laurent Wauquiez en se rendant capable de capter les voix entre La République en Marche et le Rassemblement National. Cependant, en démontre les résultats obtenus aux dernières élections européennes, il était loin de créer une véritable synthèse.

Les Républicains souffrent aujourd’hui de la même maladie du PS : la polarisation du jeu politique en trois points, un centre fort, une gauche très radicale et une droite penchant vers sa frange la plus bleue, les trois points se repoussant mutuellement. Et une ligne davantage « Macron-compatible » ou plutôt « Le Pen-compatible » ne fait que repousser ce que le PS a vécu de façon précoce : une mort annoncée créé par un tunnel électoral effaçant à chaque fois un peu plus les partis traditionnels des urnes.

Les élections municipales représentent un espoir pour cette famille politique et historique qui se divise. Un fort enracinement dans les villes françaises, des sondages favorables, les élections de mars prochain en ligne de mire, Les Républicains ne doivent pas louper le coche.

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Journaliste culture, politique et société
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