Najim Lachraoui, un des deux kamikazes de l’aéroport de Zaventem (Bruxelles), a été identifié par des ex-otages français en Syrie comme leur geôlier. Toujours selon les otages, Lachraoui avait un rôle clé dans l’organisation terroriste Etat islamique.
Nous en savons plus sur Najim Lachraoui, l’un des deux kamikazes qui se sont fait exploser le 22 mars à l’aéroport de Zaventem (Bruxelles). Quatre anciens otages français de l’EI détenus en Syrie (Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres) en 2013 et 2014 l’ont formellement identifié comme leur geôlier. « Ce n’était pas un garde, il avait un rôle un peu particulier », révèle toutefois Didier François à Europe 1, vendredi 22 avril.
Didier François a révélé une face surprenante du djihadiste belge. Il le décrit comme un homme « jeune », intelligent et « extrêmement brillant« . « On a eu de très longues discussions, y compris très théoriques, se souvient l’ancien otage du groupe Etat islamique. C’est quelqu’un qui avait beaucoup lu, (…) qui avait une approche intellectuelle et comparative de l’islam et de la religion catholique. »
Lors de leur auditions, les quatre ex-otages ont confié aux enquêteurs que Lachraoui « s’amusait à leur poser des questions scientifiques ». Selon Le Parisien, il avait entamé des études d’électromécanique à Bruxelles avant de partir pour la Syrie.
Geôlier aux côtés de Mehdi Nemmouche
Autre révélation des anciens otages : Lachraoui était chargé de leur surveillance aux côtés de Mehdi Nemmouche, l‘auteur de la fusillade du musée juif à Bruxelles le 24 mai 2014. Mais contrairement à Nemmouche, Lachraoui n’utilisait jamais la violence. « Il était l’un des cadres de l’Etat islamique, pas l’un des gardes de base, selon Didier François. Il faisait partie de l’appareil sécuritaire mais à la différence des autres, qui étaient des brutes épaisses, (…) il n’utilisait jamais la violence ». Nemmouche, au contraire de Lachraoui, « était là en permanence, chargé de nous apporter le peu à manger qu’on avait et de s’occuper de la torture ».
Lachraoui avait donc un rôle clé au sein de l’organisation terroriste. Il était chargé de « faire la liaison avec les émirs et les responsables »de l’EI, selon Didier François. « C’est avec lui qu’il y avait un certain nombre de discussions sur les négociations, à la demande de l’émir de la région. Il posait beaucoup de questions pour savoir comment cela pouvait se passer pour négocier nos libérations », selon un autre ancien prisonnier lors de son audition.
En outre, il avait consigné l’adresse de chaque otage pour pouvoir les retrouver une fois en Europe et avait même « veillé » au transfert des prisonniers occidentaux lorsqu’une offensive de l’armée syrienne libre a menacé une base de l’EI en 2014. Il bénéficiait donc de la confiance des responsables de l’EI.
Coordinateur des attentats de Paris et Bruxelles
Selon les quatre ex-otages, Lachraoui était bien un des concepteurs des attentats de Paris et Bruxelles. « On voit bien que pendant les [attaques du 13 novembre] il était en base arrière, à Bruxelles, relève D. François. C’est un des concepteurs, il n’était pas parmi la première vague qui est allée se faire sauter. »
L’ancien journaliste estime aussi que le terroriste a décidé de « passer à l’attentat suicide« à l’aéroport de Zaventem parce qu’il était « poussé par la traque policière« . « Son objectif était de réorganiser des attentats donc il était, d’un certain point de vue, préservé par l’organisation », conclut Didier François.
*Image en une : rfi.fr